Pourquoi mettre en place un plan antichute dès 65 ans ?

Pourquoi mettre en place un plan antichute dès 65 ans
Résidence seniors

Votre mère a trébuché en descendant un simple trottoir et, depuis, elle a peur de sortir seule. Votre père refuse d’utiliser une canne et vous craignez qu’il ne tombe dans l’escalier. Une chute, même sans gravité apparente, peut bouleverser le quotidien d’une personne âgée et celui de ses proches. Chaque année, ce ne sont moins de 100 000 seniors qui sont hospitalisées après une chute. Face à cette réalité, le gouvernement a lancé en 2022 un plan national antichute pour accompagner les professionnels de santé, les aidants et les familles. Cet article vous explique pourquoi il est essentiel de mettre en place un plan antichute dès 65 ans, comment repérer les risques au quotidien, et quelles actions concrètes peuvent faire la différence, à domicile comme en établissement.

Pourquoi la prévention des chutes est-elle importante pour les personnes âgées dès 65 ans ?

Vieillissement, déclin cognitif, hospitalisations en hausse, coûts pour la collectivité… Les chutes des personnes âgées[3] sont le reflet d’un enjeu de santé publique majeur.

Le vieillissement : un terrain propice aux chutes

Dès 65 ans, le corps commence à changer. La masse musculaire diminue, la vision baisse, les réflexes sont moins vifs, l’équilibre devient plus fragile. Ces transformations naturelles augmentent le risque de chute

En France, près d'un tiers des personnes de plus de 65 ans sont victimes d’une chute chaque année. Ces accidents ne doivent pas être sous-estimés, car ils représentent la première cause de traumatismes physiques chez les seniors. Les effets d’une chute peuvent entraîner des conséquences graves telles que des fractures, une immobilisation prolongée voire une perte d'autonomie.

Le facteur démographique : un enjeu majeur pour la prévention des chutes

Les chutes entraînent plus de 130 000 hospitalisations et environ 12 000 décès chaque année en France. Et ces chiffres, déjà préoccupants, sont appelés à augmenter. Le vieillissement de la population s’accélère : d’ici 2030, on comptera 50 % de personnes supplémentaires âgées de 75 à 84 ans, ce qui rend la prévention encore plus urgente. 

Un coût humain et financier considérable

Les conséquences des chutes sont lourdes pour les personnes concernées, mais aussi pour la collectivité. Chaque chute peut entraîner des séquelles physiques mais aussi psychologiques et sociales. Pour la société, cela représente un coût annuel de 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pris en charge par l’Assurance maladie

coût du plan antichute des seniors

À quoi correspond le plan antichute des personnes âgées ? 

Le Plan national antichute porté par le ministère de la Santé, repose sur 5 grands axes.

1 - Repérer les risques de chute et alerter

Le Plan antichute sensibilise à grande échelle les personnes âgées, leurs proches, ainsi que les professionnels de santé et du secteur médico-social. Des fiches d'information sur les profils des « chuteurs » et les cinq signes « avant-chuteurs » sont mises à disposition pour permettre de mieux repérer les personnes à risque.

Les « chuteurs » peuvent être classés en deux profils types, représentant 80 % des chutes. Identifier les signes précoces tels que les troubles de la marche ou les vertiges permet d’intervenir rapidement et contribue à faire diminuer le nombre de chutes.

2 - Aménager le logement des seniors pour éviter les risques de chute

Le second axe du plan antichute met l'accent sur l'adaptation du logement pour favoriser l'autonomie des personnes âgées. 

Des équipes mobiles se déplacent chez les seniors pour évaluer les risques et proposer des aménagements spécifiques. Ces équipes utilisent des outils pour repérer la perte d’autonomie et les dangers présents dans le logement. Les personnes âgées peuvent bénéficier d’une aide financière grâce au dispositif « Ma Prime Adapt’ » pour financer les adaptations de leur maison ou de leur appartement. 

3 - Déployer des aides techniques à la mobilité faites pour tous

Le troisième axe du plan antichute vise à préserver ou retrouver la mobilité des seniors, notamment après une hospitalisation. Pour cela, un accompagnement personnalisé est proposé afin de choisir les aides techniques à la marche ou à la mobilité les plus adaptées. Ces équipements, comme les déambulateurs ou les cannes, seront intégralement remboursés. En complément, un programme de rééducation spécifique pourra être mis en place au retour à domicile après une chute, afin de les aider à regagner en autonomie et à prévenir les récidives.

canne pour aider à la marche d'un senior

4 - Encourager la pratique de l’activité physique

L’activité physique adaptée (APA) est un pilier essentiel de la prévention des chutes chez les personnes âgées. Elle permet de préserver l’autonomie, de renforcer l’équilibre et de limiter le risque de perte de mobilité. 

Le plan antichute prévoit le développement de cette offre, avec des programmes proposés par les collectivités comme les CCAS[4] ou les Maisons Sport-Santé. Un « panier de soins » est proposé en fonction de l’évaluation du risque de chute. Il prévoit l’intervention d’un enseignant en APA, d’un ergothérapeute et d’un diététicien pour la prise en charge complète et personnalisée d’une personne âgée à haut risque de chute.

5 - Faciliter l’accès à la téléassistance pour tous

La téléassistance joue un rôle clé dans la sécurité des personnes âgées à domicile. En cas de chute, elle déclenche une alarme qui permet aux secours d’arriver rapidement et de limiter les complications en évitant que  la personne reste immobilisée trop longtemps au sol. 

Le plan antichute facilite l’accès à la téléassistance en réduisant le reste à charge pour les usagers, avec le soutien des conseils départementaux. Des études sont menées pour identifier les dispositifs les plus efficaces, en lien avec la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et les gérontopôles. L’objectif est de promouvoir une téléassistance accessible, performante et mieux intégrée aux parcours de prévention.

Y a-t-il un protocole antichute en EHPAD[1]

Oui, il existe des protocoles antichute en EHPAD[1] qui permettent de prévenir les risques. Il comprend :

  • des aménagements comme des sols antidérapants et du mobilier ergonomique ;
  • des équipements de sécurité (bracelets d’alerte, matelas adaptés) ;
  • des formations régulières du personnel ;
  • l’implication des familles dans la prévention.

Il décrit également les gestes à adopter lorsque le résident est victime d’une chute et d’organiser la surveillance post-chute

  • évaluation de la gravité ; 
  • appel des secours si nécessaire ; 
  • prise en charge médicale ; 
  • fiche de signalement ; 
  • analyse des causes ; 
  • mise en place de mesures correctives.

Des programmes de rééducation sont aussi proposés pour éviter les récidives.

La prévention des chutes à domicile : une priorité pour les plus de 65 ans 

La prévention des chutes à domicile est une priorité après 65 ans. Un bon protocole passe par l’aménagement du logement tel qu’un meilleur éclairage, une suppression des obstacles, l’installation de barres d’appui dans la salle de bain et l’utilisation d’aides à la marche adaptées. Des séances d’exercice encadrées par un professionnel permettent aussi de renforcer l’équilibre et la mobilité.

En cas de chute, il faut rester calme, vérifier l’état de la personne et appeler les secours si besoin. Même sans blessure apparente, une consultation médicale dans les 48 heures est fortement recommandée.

Enfin, après une chute, une surveillance attentive est essentielle, car des douleurs, des troubles de l’équilibre ou des crises d’angoisse peuvent survenir. Ces signes ne doivent pas être pris à la légère.

En conclusion, prévenir les chutes chez les personnes âgées, c’est préserver leur autonomie, leur qualité de vie et leur sécurité. Dès 65 ans, la mise en place d’un plan antichute s’avère essentielle, à domicile comme en établissement, car derrière chaque chute évitée, il y a une personne qui peut continuer à vivre sans crainte.

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