2026 dessine une frontière inédite pour les personnes âgées dépendantes et leurs proches. Moins d'aides à domicile, des budgets rabotés, un accès fragilisé aux services essentiels : tout s'entremêle. L'équilibre précaire qui permettait à nombre de personnes de rester chez elles se fissure. Derrière les chiffres, des choix, souvent contraints. Des familles, hésitantes, puis résignées, se tournent vers l'EHPAD. Pas par confort, rarement par envie. Par nécessité.
Loi de finances 2026 : l'austérité menace le budget des aides à domicile
La loi de finances 2026 s'inscrit sous le signe de l'austérité. Objectif affiché du gouvernement : économiser entre 40 et 44 milliards d'euros, sous l'œil des agences de notation et des institutions européennes. Le secteur médico-social, longtemps préservé, n'y échappe plus. Les services à la personne, qui portaient à bout de bras le maintien à domicile[2], voient leur environnement se durcir.
La liste des mesures envisagées ou déjà actées frappe directement les plus fragiles. On observe, par exemple, le gel annoncé des pensions de retraite et de prestations sociales comme l'ASPA ou les APL, malgré une inflation qui ne ralentit pas vraiment. Conséquence immédiate : un pouvoir d'achat qui s'effrite, des arbitrages dans les dépenses, parfois au détriment de l'aide à domicile[3].

Réforme du crédit d'impôt[4] SAP : quels services à la personne restent éligibles en 2026 ?
Le crédit d'impôt[4] de 50 % sur les services à la personne s'érode, lui aussi. Désormais, seules les prestations essentielles (dépendance, garde d'enfants, accompagnement des personnes fragiles) restent éligibles. Les services de confort, ménage ou jardinage par exemple, pourraient sortir du dispositif.
L'impact social demeure difficile à quantifier, mais la tendance est là : moins d'intervenants, moins de visites, moins de flexibilité.
Le crédit d'impôt[4] SAP pèse près de 6 milliards d'euros par an. Les pouvoirs publics veulent tester son efficacité, détecter les abus, repenser la dépense publique. Sur le terrain, les familles perçoivent surtout la réduction progressive des solutions accessibles.
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Crise des EHPAD publics : des déficits massifs face à la demande croissante
Les EHPAD publics traversent une crise persistante. 70 % de ces établissements affichaient un déficit en 2024, selon la Fédération hospitalière de France. Malgré un léger mieux grâce à une inflation en recul et à de nouvelles aides ponctuelles, la situation reste inférieure à celle d'avant-crise sanitaire.
3 000 € de déficit par place : pourquoi l'EHPAD public ne peut plus embaucher
Les déficits sont massifs, estimés à 3 000 euros par place d'hébergement. Les établissements renoncent à embaucher, repoussent les investissements, réduisent la voilure. Certains ferment. D'autres fusionnent ou regroupent leurs activités, pour tenir.
L'État compense intégralement le surcoût des cotisations sociales pour les hôpitaux, mais les EHPAD ne bénéficient que d'une prise en charge partielle (environ 40 %).
EHPAD rural : impact du gel des budgets des départements sur l'offre de places
Les départements, financeurs clés, se montrent prudents : 45 d'entre eux n'augmentent pas les budgets alloués à la dépendance. Résultat : dans nombre de territoires, surtout ruraux, l'offre publique se raréfie.
L'offre privée prend le relais, mais à un coût souvent prohibitif pour les familles modestes.
Pénurie d'aides à domicile : le défi du recrutement face au vieillissement de la France
La France vieillit, c'est une réalité installée. Les besoins explosent, mais le vivier de professionnels, lui, s'amenuise. L'aide à domicile[3] subit une double pression : d'un côté, la hausse mécanique du nombre de personnes âgées dépendantes ; de l'autre, des difficultés croissantes de recrutement et de fidélisation. La charge de travail ne cesse d'augmenter, les conditions se dégradent, l'attractivité du métier stagne.
Parallèlement, de nouvelles réformes structurelles, comme la limitation de la durée des indemnités journalières pour accidents du travail ou maladies professionnelles, fragilisent davantage un secteur déjà sous tension. L'engorgement administratif, les démarches complexes, découragent parfois les familles. Les professionnels de santé à domicile, oubliés des grandes réformes de la CNAM, peinent à se faire entendre.

Coût de la dépendance : quand l'EHPAD devient l'unique alternative financière
À mesure que l'offre d'aide à domicile[3] décroît, la réalité s'impose : rester chez soi devient un défi logistique et financier. Certains renoncent aux interventions régulières, d'autres piochent dans leur épargne ou sollicitent la solidarité familiale. Mais tout le monde n'a pas les ressources humaines ou financières pour compenser l'absence de professionnels.
Le recours à l'EHPAD, longtemps considéré comme ultime solution, perd son aspect repoussoir. Les familles, confrontées à l'absence d'alternative crédible, franchissent le pas.
- L'EHPAD public, souvent plus abordable, devient lui-même une denrée rare. Les listes d'attente s'allongent, l'accès se complique, la proximité géographique se perd.
- Les EHPAD privés ou associatifs restent en moyenne plus chers.
Malgré la réforme hâtive des dispositifs fiscaux (y compris la conversion temporaire en crédit d'impôt[4] pour les EHPAD), les inégalités d'accès persistent, particulièrement pour les familles modestes.
Questions pratiques : que peuvent faire les familles ?
- Évaluer ses droits régulièrement : Simuler les aides disponibles (APA, crédit d'impôt[4], aides départementales) pour anticiper l'évolution du reste à charge.
- Privilégier les prestations essentielles : Se concentrer sur l'accompagnement à la dépendance et le maintien de l'autonomie, quitte à abandonner certains services de confort.
- Anticiper les démarches d'entrée en EHPAD : Se renseigner tôt sur l'offre locale, préparer le dossier administratif, visiter plusieurs établissements si possible.
- Mobiliser les réseaux locaux : Solliciter associations, CCAS[6], mutuelles et plateformes d'information pour repérer d'éventuelles aides complémentaires ou solutions alternatives.
- Rester attentif aux évolutions législatives : Les débats parlementaires sur la loi de finances ou la sécurité sociale peuvent modifier d'une année sur l'autre les dispositifs d'aide ou de fiscalité.






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