Votre parent commence à perdre son autonomie ? Il oublie des rendez-vous, se perd sur des trajets qu’il connaît pourtant bien, ou montre des signes de confusion de plus en plus fréquents ? Ces signes ne sont pas anodins. Et une question douloureuse finit par s’imposer : faut-il envisager son entrée en EHPAD[1] ? De nombreuses interrogations surgissent alors : comment s’y prendre ? Qui prévenir ? Quelles aides demander ? Ce guide complet répond aux 9 questions que se posent (presque) toutes les familles lors d’un placement en maison de retraite. Un vrai point de repère pour vous accompagner, étape par étape, dans cette transition délicate.
1 - Comment organiser concrètement le départ d’un proche en EHPAD[1] ?
L’admission en EHPAD[1] représente une étape majeure dans la vie d’un proche âgé, mais aussi pour toute la famille. Entre l’évaluation de la situation, le choix de l’établissement, les démarches administratives et la gestion émotionnelle, il est important de ne rien laisser au hasard.
Évaluer la situation du senior et choisir l’établissement adapté à ses besoins
Avant de choisir un établissement, il est essentiel d’évaluer les besoins du futur résident et de s’assurer que la structure y répond.
Déterminer le niveau d’autonomie du proche âgé
Avant toute chose, il est indispensable d’évaluer le niveau de perte d’autonomie de la personne âgée concernée. Pour cela, les professionnels de santé ou le conseil départemental utilisent la grille AGGIR[5][4], qui permet de classer le futur résident selon son degré de dépendance (GIR[3][6] 1 à GIR[3] 6).
C’est ce classement qui déterminera l’orientation vers un EHPAD[1], une résidence services, ou un autre type de structure telle qu’une unité de vie[7] protégée, réservée aux patients atteints de troubles cognitifs importants.

Choisir un établissement en fonction des besoins et des envies du futur résident
Une fois le niveau de dépendance[6] évalué, prenez le temps de comparer plusieurs établissements sur :
- leur situation géographique ;
- le cadre de vie,
- l’encadrement médical ;
- les animations proposées ;
- la taille des chambres ;
- l’accès aux espaces verts ;
- les prestations annexes telles que la présence d’un salon de coiffure ou d’un espace aquatique.
Rien ne remplace une visite sur place. Vous pourrez échanger avec les équipes, voir les résidents, observer le fonctionnement de la résidence, et sentir si votre proche pourra s’y sentir bien.
N’oubliez pas d’impliquer autant que possible la personne âgée dans cette décision. Même si elle semble passive ou réticente, le fait d’avoir son mot à dire sur son futur logement peut faciliter son admission et son adaptation.
Préparer le départ depuis le domicile
Le passage du domicile à un EHPAD[1] peut être mal vécu par le senior. Pour que ce changement soit plus doux, il est essentiel de bien organiser cette transition.
Sélectionnez avec lui quelques objets familiers qui l’aideront à se sentir chez lui dans sa nouvelle chambre tels que des photos de famille, des coussins, des livres, des tableaux, ou encore de petits meubles.
Pensez à étiqueter ses affaires personnelles afin qu'elles puissent être facilement identifiées par le senior lui-même et par le personnel de l’EHPAD[1].
Anticiper ces étapes permet d’éviter les tensions de dernière minute et de sécuriser l’entrée en établissement dans les meilleures conditions possibles.
2 - Qui faut-il prévenir en cas d’entrée en EHPAD[1] ?
Lorsque le départ en maison de retraite médicalisée est confirmé, il est nécessaire de prévenir plusieurs organismes et interlocuteurs :
- la caisse de retraite principale et complémentaire ;
- la mutuelle santé ;
- la CPAM[8] ;
- les assurances habitation et dépendance[6] ;
- le bailleur si le logement actuel est loué ;
- les prestataires de services à domicile tels que l’aide ménagère[9], le SSIAD[10] ou le portage de repas ;
- le médecin traitant ;
- les fournisseurs d’énergie dans le cas où il faut résilier les contrats (EDF, eau, téléphone, Internet) ;
- la banque.
3 - Combien de temps faut-il pour placer une personne en EHPAD[1] ?
Le délai varie selon plusieurs facteurs : l’urgence médicale, la situation familiale, la disponibilité dans l’établissement choisi, et la constitution du dossier d’admission :
- admission rapide : en cas d’hospitalisation suivie d’une impossibilité de retour au domicile, un placement peut s’organiser en quelques jours, notamment via l’aide du service social hospitalier ;
- admission classique : les délais peuvent varier de 2 à 12 mois selon la région et la popularité des établissements.
Dans l’attente qu’une place à temps plein se libère, vous pouvez envisager une solution d’hébergement temporaire, un accueil de jour ou encore un placement en accueil familial.
4 - En maison de retraite, a-t-on le droit de laisser souffrir une personne âgée ?
Non. Toute personne âgée accueillie en EHPAD[1] bénéficie d’un droit fondamental au respect de sa dignité, de sa santé et de son bien-être. Ce droit n’est pas seulement moral : il est inscrit dans la loi, notamment au travers de l’article L.311-3 du Code de l’action sociale et des familles.
Un EHPAD[1] doit donc garantir :
- la prise en charge de la douleur physique, psychique ou morale ;
- l’accès à des soins médicaux adaptés au profil du résident ;
- un accompagnement personnalisé, notamment en cas de troubles du comportement, de dépression[11] ou de fin de vie[12] ;
- une surveillance continue, surtout pour les cas de perte d’autonomie sévère.
Les soignants et l’équipe médicale doivent être formés à l’évaluation et au traitement de la douleur chez la personne âgée, y compris lorsqu’elle n’est pas en mesure de l’exprimer.

5 - Comment fonctionne l’orientation vers un hébergement pour personnes âgées ?
L’orientation vers une structure de type EHPAD[1] dépend de plusieurs facteurs : l’autonomie, les ressources, le cadre familial et les besoins en soins.
- le médecin traitant joue un rôle clé dans l’évaluation de l’état de santé ;
- le CLIC [13](Centre local d’information et de coordination) ou le CCAS[14] (Centre communal d’action sociale) peuvent vous aider à identifier les solutions de logement pour personnes âgées ;
- l’équipe médico-sociale du Conseil départemental peut intervenir dans le cadre de l’APA pour recommander une orientation en EHPAD[1].
6 - Quelles sont les démarches à suivre pour entrer en EHPAD[1] ?
Entrer en EHPAD[1] nécessite de suivre une procédure précise, centrée autour d’un dossier d’admission commun à tous les établissements.
Remplir un dossier unique d’admission en maison de retraite médicalisée
La procédure d’admission en EHPAD[1] repose désormais sur un dossier unique, harmonisé à l’échelle nationale pour faciliter les démarches des familles. Il se compose de deux volets complémentaires :
- le volet administratif comprend l’état civil et les coordonnées du futur résident, sa situation familiale et financière, les personnes à contacter en cas d’urgence, le ou les établissements souhaités ;
- le volet médical, à faire compléter par le médecin traitant. Il comprend la liste des traitements en cours, les troubles cognitifs éventuels, les risques de chute, etc.
Passage en commission
Le dossier d’admission en EHPAD[1] est examiné par une commission composée du médecin coordonnateur[15], de la direction et de l’équipe soignante. Leur objectif : s’assurer que les besoins du demandeur sont bien compatibles avec les capacités d’accueil de l’établissement.
Si l’admission est acceptée, un contrat de séjour[16] est signé. Il détaille notamment :
- les prestations proposées ;
- le coût de l’hébergement ;
- les modalités de résiliation ;
- les droits et devoirs des deux parties.
7 - Mon parent va en EHPAD[1] : puis-je bénéficier d’une aide ?
Oui. Plusieurs aides financières peuvent soulager le coût souvent élevé de l’hébergement :
- l’APA en établissement est versée par le conseil départemental selon le niveau de dépendance (GIR[3][6] 1 à 4) ;
- l’aide sociale à l’hébergement (ASH) pour les personnes disposant de faibles ressources. Une partie peut être récupérée sur succession ;
- les aides au logement (APL ou ALS) selon le statut de l’établissement et les revenus du résident ;
- l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) sous conditions de ressources.
Les proches peuvent également bénéficier d’aides fiscales s’ils participent financièrement à l’hébergement en EHPAD[1].
8 - Une lettre de motivation est-elle obligatoire pour une admission en EHPAD[1] ?
La lettre de motivation n’est pas obligatoire, mais peut être fortement recommandée, notamment dans les établissements très demandés ou privés, pour :
- exprimer les attentes de la famille ;
- montrer que le projet d’entrée est réfléchi ;
- expliquer une situation complexe (isolement, perte brutale d’autonomie, impossibilité de maintien à domicile[17]…).
Une lettre bien rédigée peut faciliter l’étude du dossier et rassurer la direction de l’établissement sur la bonne adéquation entre les besoins du futur résident et la résidence.
9 - Comment faire pour placer une personne en EHPAD[1] si elle refuse d’y aller ?
C’est l’une des situations les plus douloureuses pour les familles : quand un parent âgé refuse l’entrée en EHPAD[1] malgré une perte sévère d’autonomie.
Que faire face au refus de son proche d’intégrer un établissement spécialisé dans l’accueil des personnes dépendantes ?
- Tenter le dialogue, écouter ses peurs, proposer une visite de l’établissement.
- Impliquer le médecin traitant, qui peut expliquer les risques du maintien à domicile[17].
- En cas de danger avéré, demander une mesure de protection juridique (tutelle[18], curatelle[19]).
Néanmoins, vous devez savoir que sauf décision médicale ou judiciaire, nul ne peut être placé de force en établissement. L’entrée doit idéalement se faire avec le consentement du futur résident.
En conclusion, l’admission en EHPAD[1] marque un tournant dans la vie d’un proche et de toute une famille. Derrière les démarches, les dossiers, les questions pratiques et les appréhensions, il y a surtout un objectif : garantir la sécurité, les soins et une vie sociale adaptée à l’âge et à la dépendance[6]. Prenez le temps de vous informer, de visiter des établissements, de poser vos questions pour préparer au mieux ce nouveau départ.
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