Combien faut-il gagner à la retraite pour vivre dans une maison de retraite ?

Combien faut-il gagner à la retraite pour vivre dans une maison de retraite ?
Maisons de retraite

Se renseigner sur le coût d’une maison de retraite en France est souvent une étape incontournable pour les familles, mais aussi l’une des plus angoissantes. Entre une pension de retraite souvent insuffisante et des tarifs qui peuvent varier du simple au triple selon la région, le type d’établissement ou le niveau de dépendance, le reste à charge peut rapidement devenir un véritable casse-tête. Cette réalité financière pèse lourdement sur les proches, partagés entre la volonté d’offrir un cadre sécurisé et la crainte de ne pas pouvoir assumer les frais sur la durée.

Dans cet article, nous vous aidons à comprendre les facteurs qui influencent le prix des maisons de retraite, à estimer le coût réel à prévoir et à identifier les aides financières possibles pour réduire le reste à charge et prendre une décision plus sereine.

Combien coûte une maison de retraite en 2025 ?

En 2025, le tarif moyen d'un séjour en EHPAD dépasse désormais les 2 600 € par mois pour une personne relativement autonome (GIR[2] 5-6).

Dès que la dépendance s'aggrave, la note grimpe :

  • 2 800 à 3 100 € pour un résident en GIR[2] 3-4,
  • jusqu'à 3 500 € pour une perte d'autonomie lourde (GIR[2] 1-2).

Paris pulvérise tous les plafonds, avec des tarifs moyens autour de 4 500 €. À l'autre extrême, certains départements ruraux s'affichent en dessous de 2 100 €, mais restent l'exception.

Le coût global se décompose en trois grandes catégories :

  • Hébergement : chambre, repas, entretien, chauffage, animations, blanchissage du linge de maison. 75 à 93 % de la facture totale.
  • Dépendance : accompagnement dans les gestes du quotidien, calculé selon la grille AGGIR[4][3] (niveau d'autonomie).
  • Soins : pris en charge par l'Assurance maladie, donc sans impact direct sur le budget du résident.

À cela s'ajoutent les coûts annexes, pas toujours négligeables : blanchissage du linge personnel, prestations de coiffure, accès internet, télévision, sorties, petits extras qui, mois après mois, s'accumulent.

Senior qui calcule le coût de son EHPAD en 2026

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Une retraite moyenne qui ne suffit pas

En France, la pension moyenne perçue par les retraités s'élève à 1 541 € nets mensuels (source Drees). Ce montant, pour la majorité des personnes âgées, ne couvre même pas la moitié des résidences parisiennes, et se révèle insuffisant pour la majorité des EHPAD, même hors Île-de-France. L'écart entre ressources et dépenses contraint la plupart à mobiliser aides, épargne ou soutien familial.

L'Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA) fixe le minimum vieillesse[5] à 1 034 € mensuels pour une personne seule. Un seuil bien en-deçà du prix d'un séjour en maison de retraite, même dans les établissements les plus abordables.

Aides financières : panorama et impact réel

Pour réduire la facture, plusieurs dispositifs peuvent s'additionner :

  • APL ou ALS : l'Aide Personnalisée au Logement (ou Allocation Logement Sociale) diminue le coût de l'hébergement, sous conditions de ressources et selon que l'établissement est conventionné ou non.
  • APA : l'Allocation Personnalisée d'Autonomie finance une partie du tarif dépendance, en fonction du niveau GIR[2] (seulement pour GIR[2] 1 à 4).
  • ASH : l'Aide Sociale à l'Hébergement, versée par le Département, complète si les ressources personnelles et familiales ne suffisent pas. Elle peut être récupérable sur la succession.
  • Réduction d'impôt[6] : 25 % des dépenses d'hébergement et de dépendance (dans la limite de 10 000 € par an), pour les personnes imposables.

Malgré l'empilement de ces dispositifs, le reste à charge demeure, pour beaucoup, supérieur à la pension moyenne. Les aides logistiques et administratives, souvent chronophages, requièrent anticipation et accompagnement.

Reste à charge : le calcul du « minimum vital »

Pour déterminer le revenu réellement nécessaire, il faut prendre en compte :

  • Le tarif régional : 2 100 à 3 500 € mensuels, selon la localisation et le niveau de dépendance.
  • Les aides obtenues (APL, APA, ASH, réduction d'impôt[6]).
  • Les prestations optionnelles : elles varient d'un établissement à l'autre, et peuvent représenter plusieurs centaines d'euros mensuels.

Un tableau type pour l'année 2025, pour une personne en GIR[2] 3-4 :

ÉlémentMontant mensuel (moyenne nationale)
Hébergement + dépendance (GIR[2] 3-4)2 800 €
APL/ALS-200 €
APA (moyenne)-500 €
Reste à charge2 100 €

Dans les faits, disposer de 2 100 € nets par mois en ressources personnelles (après aides) devient le seuil pour financer un séjour moyen, sans recours massif à la famille ou à l'ASH. À Paris, ce seuil dépasse 3 200 €. Dans les départements les moins chers, 1 800 € peuvent suffire, aides comprises.

Solidarité familiale et obligation alimentaire[7]

Lorsque les ressources personnelles manquent, la solidarité familiale entre en jeu.

En France, le devoir de secours (entre époux) et l'obligation alimentaire[7] (enfants, parfois petits-enfants) s'appliquent. Les proches peuvent être sollicités, parfois de façon contraignante, pour compléter le financement. La participation des obligés alimentaires dépend de leurs revenus, du quotient familial, et d'une grille départementale.

En dernier recours, si la famille ne peut pas suivre, l'Aide Sociale à l'Hébergement prend le relais, mais elle est récupérable sur la succession.

Préparer sa retraite en établissement : options et anticipation

Face à ces coûts, certains choisissent d'anticiper. La prévoyance dépendance, via des contrats spécialisés, permet de débloquer une rente ou un capital en cas de perte d'autonomie. L'épargne, la vente ou la mise en location d'un bien immobilier, ou encore la souscription de garanties complémentaires, offrent d'autres leviers pour ne pas impliquer les enfants.

Des alternatives existent, notamment les résidences seniors, souvent moins onéreuses pour les personnes autonomes et éligibles à certaines aides. Elles n'offrent pas le même niveau d'accompagnement médicalisé qu'un EHPAD, mais correspondent à certains profils.

Seniors qui épargnent pour une entrée en maison de retraite

Disparités régionales et réforme à venir

Le paysage tarifaire reste marqué par d'importantes disparités. Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur, certains DOM affichent les prix les plus élevés. Inversement, Meuse, Haute-Saône, Deux-Sèvres ou Mayenne restent en dessous de la barre des 2 100 €.

Une réforme de la tarification en EHPAD est en expérimentation dans plusieurs départements, avec à l'horizon 2027 un forfait global unique pour soins et dépendance. Objectif : simplifier les démarches, harmoniser les coûts, réduire les inégalités. D'ici là, chaque cas mérite une étude personnalisée.

Foire aux questions pratiques

Peut-on choisir un département moins cher pour limiter la facture ?

Oui, le choix du département influe fortement sur le prix. Certains établissements acceptent l'admission de résidents extérieurs, mais les aides (notamment l'ASH) peuvent dépendre du lieu d'habitation antérieure.

Comment demander l'APA, l'APL ou l'ASH ?

Les démarches passent par le Conseil départemental (APA, ASH), la CAF ou la MSA (APL/ALS). L'établissement peut accompagner le résident ou la famille dans la constitution des dossiers. Les délais varient, il vaut mieux anticiper.

L'ASH est-elle récupérable sur la succession ?

Oui, l'ASH peut être récupérée sur la succession, mais uniquement si l'actif net de la succession dépasse un certain seuil fixé par le département.

Et si le résident est hospitalisé ?

En cas d'hospitalisation, le tarif hébergement reste dû, mais une réduction est appliquée à partir du 4e jour. Le tarif dépendance est déduit dès le premier jour (hors ASH).

Quel est le vrai reste à charge pour une pension moyenne ?

Pour un retraité touchant la pension moyenne (1 500 € mensuels), le reste à charge pour un EHPAD classique, aides déduites, reste le plus souvent supérieur à 500 € mensuels. Ce montant grimpe dans les grandes villes ou en cas de dépendance lourde.

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