Entrer en maison de repos représente souvent un véritable casse-tête financier pour les familles. Entre le prix de la chambre, les repas, la dépendance[1] et les soins, la facture grimpe vite, dépassant fréquemment les pensions de retraite. Beaucoup se sentent démunis face à ces écarts de prix et à la crainte d’un reste à charge trop lourd. Cet article vous aide à y voir clair : décryptage des coûts réels, explication des aides possibles et conseils pratiques pour anticiper et limiter les mauvaises surprises.
Comprendre la facture : ce qui compose le coût d'une maison de repos
Rentrer en maison de repos, c'est souvent une course d'obstacles financiers. On pense d'abord à la chambre, à la restauration, au confort du quotidien. Mais la note s'alourdit vite. Trois grands blocs se juxtaposent dans chaque facture : hébergement, dépendance[1], soins. Chacun avec ses propres règles, ses propres financeurs, ses propres pièges.
- Hébergement : la part la plus visible. Chambre, repas, entretien, animation, linge. C'est le forfait de base, celui que paie le résident, souvent chaque mois, sans surprise apparente.
- Dépendance[1] : invisible au premier regard, elle grimpe selon la perte d'autonomie. Plus l'aide quotidienne est intense (toilette, déplacements, repas, incontinence…), plus le tarif s'envole. Calculé selon la fameuse grille AGGIR un outil administratif qui classe chaque personne de GIR 1 (dépendance[1][7][6][5][4] maximale) à GIR[7] 6 (autonomie complète).
- Soins : tout ce qui relève du médical (infirmiers, médicaments courants, matériel). Bonne nouvelle : l'Assurance Maladie prend à sa charge cette part, via un financement direct à l'établissement. Les actes externes (consultations de spécialistes, médicaments hors liste) peuvent rester à la charge du résident.

Combien ça coûte ? Les vrais chiffres derrière les brochures
Les tarifs varient fortement d'une région à l'autre. Paris, la Côte d'Azur, les Hauts-de-Seine affichent généralement les montants les plus élevés. La Meuse, la Haute-Loire, quelques départements ruraux se situent en bas de l'échelle. Mais partout, la tendance est la même : le coût dépasse très largement la pension moyenne de retraite.
En 2024, la fourchette des coûts mensuels s'étire entre environ 1900 et 3 500 € pour une chambre individuelle en EHPAD[2]. Le détail : l’hébergement se situe souvent autour d'une cinquantaine d’euros par jour voire plus, la dépendance[1] peut représenter de quelques euros symboliques à plus d’une vingtaine par jour. Les unités Alzheimer[8] affichent parfois des tarifs supérieurs, rarement en dessous d’environ 2 300 € par mois. La pension de retraite ? Selon la Drees, autour de 1 500 € en moyenne. L'écart saute aux yeux.
LIRE AUSSI : Quel est le prix moyen d’une maison de retraite par mois ?
Qui paie ? Un mille-feuille de financeurs, des parcours à la loupe
En pratique, le résident doit régler :
- la totalité du tarif hébergement,
- une partie du tarif dépendance[1] (le « ticket modérateur »),
- les suppléments (blanchissage du linge personnel, coiffeur, Internet, sorties, etc.).
L'Assurance Maladie : elle couvre tous les soins (sauf cas particuliers de frais médicaux personnels). Mais si la facture dépasse les ressources ? Plusieurs aides peuvent entrer en jeu, chacune avec ses propres critères, ses points de friction.
LIRE AUSSI : Répartition des frais en maison de retraite : qui paie quoi entre les aides financières, le résident et la famille ?
Aides et dispositifs d'allègement : qui peut en bénéficier ?
- APA (Allocation personnalisée d'autonomie) : dès 60 ans, pour les personnes classées GIR 1 à 4. Elle vient compenser une partie du tarif dépendance[1][7]. Montant variable, plafonné selon le degré de dépendance[1] et les ressources. Exemple : jusqu’à environ 2 000 € par mois pour un GIR[7] 1.
- APL ou ALS (Aides au logement) : si l'établissement est conventionné, une partie du tarif hébergement peut être prise en charge par la CAF ou la MSA. Non cumulables entre elles.
- ASH (Aide sociale à l'hébergement) : le dernier recours, pour ceux dont les ressources, même après aides, ne suffisent pas. Versée par le département, mais seulement après évaluation de la capacité contributive de la famille. La majeure partie des revenus du résident est alors affectée à la maison de repos, avec un minimum de 114 € laissés à disposition.
- Réduction d'impôt[9] : pour les personnes imposables, jusqu’à 25 % des dépenses annuelles d'hébergement et dépendance[1], dans la limite de 10 000 euros.
Des aides complémentaires existent via certaines caisses de retraite, ou, plus rarement, via des dispositifs locaux (chèque énergie selon conditions).
Famille : la solidarité légale avant l'aide sociale
Quand la pension, les aides et le patrimoine ne suffisent pas, la loi française impose une obligation alimentaire[10]. Les enfants, les petits-enfants, parfois les gendres et belles-filles, doivent participer, chacun selon ses moyens. Les conjoints (mariés ou pacsés) sont sollicités en priorité. Tant que la famille peut contribuer, l'ASH n'intervient pas.
La part demandée à chaque proche s'ajuste en fonction des revenus et de la situation personnelle : quotient familial, charges, autres obligations. Les frères et sœurs, eux, sont exclus de cette obligation.
Pourquoi de tels écarts de prix ? Entre régions, établissements, prestations
Le tarif d'une maison de repos dépend d'un enchevêtrement de critères. La localisation pèse lourd : établissements urbains (notamment en Île-de-France) facturent bien plus que ceux en milieu rural. Le niveau de confort joue aussi : chambre individuelle, espace, restauration, animations, équipements… tout compte.
Autre facteur : l'habilitation à l'aide sociale. Les places habilitées à l'ASH (souvent dans le secteur public ou associatif) affichent des tarifs plafonnés par le département. Les établissements privés, eux, fixent librement leurs prix avec parfois des hausses annuelles bien supérieures à l'inflation réglementaire.
La nature du séjour impacte la facture : hébergement temporaire ou accueil de jour (moins cher), séjour permanent (plus stable, parfois plus avantageux). Enfin, la présence d'unités Alzheimer[8] ou de soins renforcés fait grimper la note.

FAQ pratique : les questions qui reviennent sans cesse
Peut-on cumuler APL et ASH ?
Non, ces deux aides ne se cumulent jamais. L'une exclut l'autre.
L'APA est-elle imposable ?
Non, l'aide reçue n'entre pas dans le calcul de l'impôt[9] sur le revenu.
La maison de repos peut-elle récupérer sur la succession ?
Oui, si l'ASH a été versée, le département peut demander un remboursement sur le patrimoine de la personne décédée (dans certaines limites).
Comment savoir si un établissement est habilité à l'ASH ?
Demander l'attestation à la direction, vérifier sur le site du département ou utiliser les comparateurs officiels (via CNSA, par exemple).
Le reste à charge peut-il être nul ?
Très rarement. Même avec toutes les aides, un minimum reste généralement à la charge du résident (souvent autour de 10 % de ses ressources, sauf cas d’extrême pauvreté).
Préparer, comparer, anticiper : les bons réflexes face à la facture
Comparer les offres, anticiper les démarches, vérifier chaque ligne du contrat. Utiliser les comparateurs en ligne pour évaluer les écarts de tarifs, les prestations comprises, les habilitations. Ne pas négliger la prévoyance : certains contrats spécialisés offrent une rente en cas de dépendance[1], soulageant les proches.
Côté résident, l'anticipation reste la meilleure arme pour limiter le choc financier. Côté famille, comprendre ses droits, ses obligations, et se préparer à devoir participer, parfois longtemps. Les disparités de prix, la multiplicité des financeurs, les aides à géométrie variable : tout rend l'équation complexe, parfois douloureuse. Mais bien informé, on évite les mauvaises surprises.
Laissez un commentaire