Oublier où l’on a posé ses clés ou un rendez-vous est une expérience courante. Mais lorsque ces oublis deviennent récurrents et impactent sérieusement la vie quotidienne, il peut s’agir d’un signe avant-coureur de troubles cognitifs. Le test de mémoire permet d’évaluer ces déficits et d’orienter les personnes vers un diagnostic précis. Faisons le point sur le déroulement clinique des consultations mémoire et leur rôle dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer[1].
Pourquoi faire un test de mémoire ?
Les tests de mémoire sont des outils essentiels pour évaluer les capacités cognitives d’un individu et détecter d’éventuels troubles mnésiques ou cognitifs plus larges. Ces évaluations permettent non seulement d’identifier précocement des problèmes potentiels, mais aussi de suivre l’évolution des capacités cognitives au fil du temps.
Reconnaître les premiers signes de déclin cognitif
Les premiers signes de déclin cognitif peuvent passer inaperçus ou être attribués au vieillissement normal. Mais des troubles de la mémoire, des difficultés à accomplir les tâches quotidiennes ou une désorientation peuvent indiquer qu’un test de mémoire est nécessaire.
Lorsque ces symptômes se répètent ou s’aggravent, il est temps de consulter un spécialiste. Le test permet de distinguer un simple oubli dû à l’âge d’une pathologie plus grave, comme la maladie d’Alzheimer[1]. Ne pas négliger ces signes permet d’intervenir avant que les troubles ne deviennent invalidants.
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Un dépistage précoce pour une prise en charge adaptée
Un test de mémoire réalisé dès les premiers symptômes permet de mettre en place des stratégies de compensation et de stimulation cognitive, ainsi que d’adapter les soins à l’évolution de la pathologie. Les traitements actuels ne guérissent pas les maladies neurodégénératives, mais ils peuvent améliorer la qualité de vie du patient et de sa famille.
En identifiant rapidement les besoins spécifiques de la personne âgée, les professionnels de santé peuvent proposer des solutions d’accompagnement adaptées, qu’il s’agisse d’une aide à domicile[4] ou d’un hébergement spécialisé. Ce processus préventif permet de mieux anticiper l’évolution des troubles.
La personne peut planifier l’avenir et prendre des décisions importantes, pendant que les capacités décisionnelles restent préservées. Connaître le diagnostic aide la famille et les proches à comprendre et à s’adapter aux changements de leur proche malade.
Bilan mémoire : Comment se passe l’évaluation médicale ?
L’évaluation médicale débute souvent par un entretien en consultation mémoire[5] avec des spécialistes tels que des neurologues, des gériatres ou des psychiatres. Le médecin évalue les capacités mnésiques du patient en posant des questions sur trois aspects :
- le passé lointain (événements biographiques) ;
- les connaissances générales (liées au métier et aux intérêts) ;
- le passé proche (actualités récentes, déplacements).
Ces professionnels peuvent ensuite réaliser des tests standardisés, comme le Mini-Mental State Examination (MMSE), pour évaluer les capacités cognitives du patient. Toutefois, un seul test ne suffit pas pour poser un diagnostic précis ; il doit souvent être renouvelé et complété par d’autres examens.
Des examens complémentaires sont fréquemment nécessaires pour écarter d’autres causes potentielles des troubles et affiner le diagnostic : analyses sanguines, imageries cérébrales (IRM ou scanner)…
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Recueil d’informations : Répercussions sur la santé et la vie quotidienne de la personne âgée
L’évaluation ne se limite pas aux tests cognitifs. Elle comprend également un recueil détaillé d’informations sur la santé globale et la vie quotidienne de la personne. La personne elle-même, son entourage proche (famille, amis) et parfois des professionnels de santé impliqués dans sa prise en charge fournissent généralement ces informations.
Le médecin enquête sur l’historique des troubles mnésiques : leur apparition, progression et impact quotidien. Il évalue la gravité des symptômes, notant les oublis fréquents et les stratégies d’adaptation. Il s’informe aussi sur les maladies actuelles et les traitements en cours pour dresser un tableau clinique complet.
Ce recueil permet d’évaluer l’impact des troubles cognitifs sur les activités quotidiennes, les relations sociales et la qualité de vie. Il peut révéler des difficultés dans la gestion des tâches ménagères, l’administration des médicaments, ou la participation à des activités sociales. Ces informations jouent un rôle essentiel dans l’élaboration d’un plan de prise en charge adapté et personnalisé, visant à maintenir l’autonomie et le bien-être de la personne.
Diagnostic de la maladie d’Alzheimer[1] : Rechercher les causes des troubles de la mémoire
Lors du diagnostic, il est essentiel d’explorer toutes les causes possibles des troubles de la mémoire. Cela implique d’éliminer les diagnostics différentiels et les autres conditions pouvant affecter les fonctions cognitives :
- la prise de certains médicaments, notamment les anxiolytiques et somnifères ;
- les accidents vasculaires cérébraux (AVC[6]) ;
- la maladie de Parkinson ;
- les troubles du sommeil ;
- les difficultés psychologiques ou la dépression[7] ;
- l’alcoolisme chronique ;
- l’intoxication au monoxyde de carbone ;
- certains cancers.
Cette démarche diagnostique permet d’identifier précisément la cause des troubles cognitifs et d’orienter le traitement de manière appropriée. Dans certains cas, un traitement efficace de la cause sous-jacente peut inverser les symptômes.
Adapter la prise en charge aux besoins cognitifs
Une fois le diagnostic posé, une équipe de médecins spécialistes élabore un plan de prise en charge global. Celui-ci peut inclure des adaptations du domicile pour faciliter l’autonomie et la sécurité de la personne. Des aménagements peuvent être nécessaires pour faciliter la vie quotidienne du patient, comme des aides techniques ou des ajustements de l’environnement.
Par ailleurs, il existe des structures d’accompagnement spécialisées pour les personnes atteintes de troubles cognitifs :
- L’hôpital de jour propose des soins et des activités thérapeutiques pendant la journée ;
- Les Pôles d’Activités et de Soins Adaptés (PASA) offrent des activités sociales et thérapeutiques aux résidents d’EHPAD[2] ayant des troubles du comportement modérés ;
- Les Unités de Vie Protégées (UVP) en EHPAD[2] offrent un cadre sécurisé et adapté aux personnes atteintes de troubles cognitifs modérés ;
- Les Unités d’Hébergement Renforcées (UHR[8]) accueillent les patients présentant des troubles du comportement importants.
Le choix de la structure dépend des besoins spécifiques de chaque patient.
LIRE AUSSI : Comprendre la prise en charge d’Alzheimer en EHPAD[2][1]
Le test de mémoire est un outil précieux pour détecter précocement les troubles cognitifs et adapter la prise en charge des personnes âgées. En reconnaissant les signes avant-coureurs et en consultant rapidement, les familles peuvent anticiper les besoins de leurs proches et leur offrir le meilleur soutien possible, qu’il s’agisse de soins à domicile ou en institution spécialisée.
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