Accompagner un proche atteint d’Alzheimer, c’est vivre avec la peur qu’il sorte, se perde ou ne retrouve plus le chemin du retour. Les dispositifs anti-fugue Alzheimer[1] peuvent alors devenir de précieux alliés pour sécuriser le quotidien, à la maison comme en EHPAD, tout en respectant son autonomie, ses habitudes et son besoin de se sentir libre de bouger. Voici quelques pistes pour trouver le bon équilibre entre protection, dignité et liberté.
Pourquoi les personnes Alzheimer fuguent ou se perdent ?
La maladie d’Alzheimer perturbe les repères, la mémoire et la perception du temps. La personne peut faire une fugue ponctuelle, errer chaque jour, sortir la nuit…
Ces comportements expriment souvent une angoisse ou un besoin de sécurité, mais ils représentent des risques d’accident, d’hypothermie, de déshydratation et un fort stress pour l’entourage.

Les solutions sans technologie : première ligne de défense anti-fugue
Avant de penser gadget, la première étape consiste à adapter l’environnement :
- verrous en hauteur ou en bas des portes et clés hors de vue ;
- petite sonnette de porte, qui retentit dès qu’une sortie s’ouvre ;
- chemin lumineux vers les WC ;
- repères visuels clairs (« WC » ou « chambre » sur les portes pour éviter les erreurs de trajet la nuit).
Informez les voisins, les commerçants et la police municipale du risque de fugue. Partagez une photo récente et les coordonnées de la personne à contacter en cas de problème.
💡 Astuce : Instaurer des routines rassurantes et des activités en journée limite souvent l’errance nocturne. Vous pouvez aussi proposer une courte promenade accompagnée, en fin de journée.
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Dispositifs anti-fugue[1] Alzheimer à domicile : tour d’horizon
Plusieurs dispositifs existent pour sécuriser les personnes atteintes d’Alzheimer à domicile et prévenir les fugues.
Bracelets, montres et médaillons GPS
Bracelets, montres ou médaillons GPS permettent de suivre la position du proche en temps réel et de définir un périmètre de sécurité.
En cas de sortie inhabituelle, une alerte est envoyée aux aidants, qui peuvent localiser rapidement la personne.
Détecteurs d’ouverture de portes, capteurs de mouvement
Les détecteurs d’ouverture de porte et capteurs de mouvement se fixent discrètement sur les accès sensibles ou dans le logement. Ils déclenchent une alarme sonore ou préviennent une plateforme de téléassistance lorsqu’une porte s’ouvre ou qu’aucun mouvement n’est détecté sur une période donnée.
Téléassistance et services associés
La téléassistance propose en général un bouton d’appel porté en bracelet ou en médaillon, relié à une plateforme d’écoute 24 h/24.
Certains packs intègrent la géolocalisation, des détecteurs d’ouverture ou de chute, formant un dispositif « anti-chute + anti-fugue ».
En cas d’alerte ou de non-réponse, les opérateurs contactent d’abord la famille puis, si besoin, les services d’urgence.
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Avantages/inconvénients selon votre situation
| Type de dispositif | Utile si… | Limites | Budget approximatif |
| Bracelet/montre GPS | sort encore seul | doit être accepté, rechargé, réseau | achat + abonnement mensuel |
| Capteurs portes/mouvements | sorties surtout nocturnes, logement connu | ne suivent pas dehors | pack ou option téléassistance |
| Téléassistance classique | risque de chute, besoin de rassurance | nécessite d’appuyer sur le bouton | abonnement mensuel, aides possibles |
Dispositifs anti-fugue[1] en EHPAD : ce qui se fait (et ce qu’il faut demander)
Badges, portes sécurisées, solutions passives
En EHPAD, certains systèmes reposent sur des badges portés par les résidents et des portes sécurisées. Quand une personne à risque s’approche d’une sortie, la porte reste verrouillée.
D’autres solutions passives, comme les portiques ou systèmes type Evit’Errance®, détectent simplement le passage et préviennent l’équipe, qui intervient pour raccompagner calmement le résident.

Unités Alzheimer et unités protégées
Les unités Alzheimer ou unités protégées sont des espaces fermés, mais pensés pour la déambulation, avec des couloirs circulaires, un jardin protégé, etc.
L’objectif n’est pas d’enfermer, mais d’offrir un cadre sécurisé où la personne peut marcher, sortir au jardin, participer à des activités, tout en étant surveillée sans être suivie pas à pas.
💡 Les bonnes questions à poser à un EHPAD :
- Y a-t-il des dispositifs anti-fugue[1], lesquels, à quels endroits et pour quels profils ?
- Quel est le protocole en cas de disparition : recherche interne, appel à la famille, forces de l’ordre ?
- Comment l’équipe concilie-t-elle sécurité, liberté de circulation et respect du projet de vie du résident ?
Bracelets anti-fugue Alzheimer : questions éthiques et cadre légal
Il existe différents moyens pour protéger les personnes atteintes d’Alzheimer à domicile et éviter qu’elles ne se perdent.
Ce que dit la CNIL sur les bracelets électroniques
La CNIL rappelle que la géolocalisation des personnes vulnérables n’est acceptable que si la finalité est clairement la sécurité, avec un dispositif proportionné et limité dans le temps.
La personne doit être informée, pouvoir exercer ses droits, et les données doivent être protégées. L’institution ou la famille doivent éviter tout sentiment de surveillance permanente ou de stigmatisation.
Comment décider en famille ?
Idéalement, la décision se prend tant que la personne peut donner un consentement éclairé. On lui explique l’objectif, les limites, les alternatives, et elle choisit.
Quand ce n’est plus possible, la famille et les soignants décident ensemble, en évaluant le rapport bénéfice/risque : prévenir une fugue dangereuse tout en veillant à préserver la dignité et l’intimité.
💡4 règles simples pour un dispositif « éthique » :
- expliquer clairement au proche ce qu’on met, quand et pourquoi ;
- privilégier un bracelet ou une montre discrète, légère et confortable ;
- limiter l’accès aux données de localisation aux seules personnes nécessaires ;
- réévaluer régulièrement la pertinence du dispositif, et l’arrêter si la situation évolue ou si la personne ne sort plus seule.
Quand l’anti-fugue ne suffit plus : envisager l’EHPAD Alzheimer
Même avec un environnement adapté et plusieurs dispositifs anti-fugue[1], il arrive que la situation reste trop risquée à domicile :
- fugues ou tentatives de sortie de plus en plus fréquentes, notamment la nuit ;
- chutes répétées ;
- désorientation totale dehors ;
- impossibilité pour l’aidant de dormir, fatigue extrême ;
- angoisse permanente des proches.
Dans ces cas, l’entrée en EHPAD, et idéalement en unité Alzheimer, peut offrir un cadre plus sécurisé, avec une équipe présente 24 h/24 et des protocoles en cas de fugue.
Ce n’est pas un échec, mais un autre mode d’accompagnement, souvent nécessaire pour protéger la personne et préserver la santé de l’aidant.
Pour trouver un établissement adapté près de chez vous, vous pouvez utiliser l’outil de recherche d’Annuaire Retraite. En quelques clics, vous repérez les structures les mieux équipées pour gérer l’errance tout en respectant la liberté de votre proche.
LIRE AUSSI : Maladie d’Alzheimer : Comment savoir si l’entrée en EHPAD est nécessaire
Prévenir la fugue d’un proche atteint d’Alzheimer, c’est avant tout protéger sans enfermer. Grâce à des solutions adaptées et humaines, il est possible d’assurer sa sécurité tout en respectant sa liberté.
FAQ
Quel est le meilleur dispositif anti-fugue pour une personne Alzheimer ?
Il n’existe pas un dispositif idéal, de manière universelle. Pour chaque situation, il existe une solution adaptée, selon le niveau d’errance, l’autonomie, l’environnement et le budget.
Un bracelet anti-fugue Alzheimer est-il légal en France ?
Le bracelet est légal. C’est l’usage de la géolocalisation qui est encadré. Elle doit servir la sécurité, rester proportionnée, être expliquée à la personne, sans suivi caché ou permanent.
L’assurance maladie ou les aides (APA, MDPH) remboursent-elles les dispositifs anti-fugue[1] ?
L’assurance maladie rembourse peu les dispositifs anti-fugue[1]. En revanche, l’APA peut aider à financer une téléassistance.
Et si mon proche refuse de porter le bracelet ou enlève toujours la montre ?
Le refus est fréquent et doit être entendu. Discutez de ce qui le dérange, essayez un modèle plus discret, ou privilégiez plutôt des capteurs de portes, des routines sécurisantes et une téléassistance.
Faut-il un dispositif anti-fugue quand la personne est déjà en EHPAD ?
En EHPAD, la sécurité repose surtout sur l’organisation, les unités protégées et les systèmes de l’établissement. Un dispositif individuel se discute au cas par cas, selon le risque réel d’errance.
Que faire si mon proche Alzheimer fugue pour la première fois ?
Après avoir vérifié le logement, appelez vite la police ou la gendarmerie et donnez une photo récente. Prévenez les voisins et les commerçants du secteur. Ensuite, parlez-en au médecin et revoyez les mesures de sécurité.
Comment parler à mon parent d’un dispositif de géolocalisation sans le braquer ?
Choisissez un moment calme pour aborder le sujet. Partez de ses peurs à lui (se perdre, tomber), pas des vôtres. Présentez l’outil comme une aide pour continuer à sortir en restant rassurés tous les deux.






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