Quand un proche reçoit un diagnostic d’Alzheimer, une nouvelle étape commence pour la famille. Peu à peu, les gestes du quotidien deviennent plus difficiles, les repères s’effacent, et le maintien à domicile[1] n’est plus toujours possible. Vient alors la recherche d’un EHPAD Alzheimer, et avec elle, une question cruciale : combien cela va-t-il réellement coûter ? Cet article fait le point de manière claire et actualisée : comment se décompose la facture, comment le stade d’Alzheimer influence le tarif, et quelles aides peuvent réduire le reste à charge.
Comprendre la structure du tarif Alzheimer en EHPAD en 2026
Le tarif d’un EHPAD résulte de trois composantes principales, qui varient selon le niveau de dépendance, les prestations de l’établissement et le stade d’évolution de la maladie d’Alzheimer.
Le tarif hébergement : la base du coût mensuel
Le tarif hébergement correspond au coût de la vie quotidienne en établissement. Il inclut la chambre individuelle ou partagée, les repas, l’entretien du linge, le ménage et les activités collectives.
En 2026, ce tarif oscille en moyenne entre 1 800 € et 2 500 € par mois, selon la localisation et le standing de l’établissement. C’est le poste le plus stable de la facture : il ne dépend pas directement de l’état de santé du résident ni de son niveau de dépendance.

Le tarif dépendance : un montant lié au GIR[3]
Le tarif dépendance traduit le niveau d’autonomie de la personne âgée, évalué selon la grille nationale AGGIR[4] (Groupe Iso-Ressources), de 1 à 6.
- GIR[3] 1 : dépendance totale, le résident a besoin d’une aide continue pour tous les actes essentiels de la vie ;
- GIR[3] 2 : perte d’autonomie importante, mais mobilité encore partielle ;
GIR[3] 3 et 4 : la personne a besoin d’une aide quotidienne, mais conserve certaines capacités pour les soins ou les déplacements ; - GIR[3] 5 et 6 : autonomie encore marquée, aide ponctuelle seulement.
En 2026, les tarifs moyens observés dans les EHPAD français sont les suivants :
| Niveau de GIR[3] | Niveau de dépendance | Tarif journalier moyen |
| GIR[3] 1-2 | Très forte | 22,70 € |
| GIR[3] 3-4 | Moyenne à forte | 14,40 € |
| GIR[3] 5-6 | Faible | 6,10 € |
Le tarif soins : une part majoritairement prise en charge par l’Assurance maladie
Le tarif soins correspond à la prise en charge médicale et paramédicale : suivi infirmier, médecin coordonnateur[5], kinésithérapie[6], psychologie, médicaments et dispositifs médicaux.
Cette part est financée par l’Assurance maladie, mais certains établissements facturent des compléments. Pour un résident Alzheimer, ces soins sont souvent plus fréquents, notamment en raison de la fragilité motrice, des troubles de l’appétit ou du sommeil, ce qui peut générer des frais annexes de 100 à 200 € mensuels.
Alzheimer et GIR[3] : un lien direct entre le stade et le coût du tarif dépendance
La progression de la maladie d’Alzheimer a un effet direct sur le niveau de dépendance et donc sur le tarif dépendance d’un EHPAD.
- Stades précoces (stade 4) : la personne commence à rencontrer des difficultés dans certaines tâches complexes, mais reste autonome pour l’essentiel. Elle est généralement classée GIR[3] 3 ou 4.
- Stades intermédiaires (stade 5 et 6) : l’autonomie se réduit progressivement. La personne a besoin d’assistance pour la plupart des activités quotidiennes et peut présenter des troubles du comportement. Cette évolution conduit souvent à un classement GIR[3] 2.
- Stade avancé (stade 7) : la dépendance devient totale. La personne nécessite une assistance constante pour tous les actes de la vie quotidienne. Le tarif dépendance atteint son maximum, correspondant au GIR[3] 1.
Ainsi, pour les familles, le passage d’un stade à l’autre entraîne une augmentation progressive et parfois rapide du coût du séjour en EHPAD, surtout lorsque la personne intègre une unité protégée Alzheimer[7], où l’encadrement et les prestations spécifiques sont renforcés.
Quels autres facteurs influencent le tarif des EHPAD Alzheimer ?
Au-delà du stade de la maladie et du GIR[3], plusieurs éléments peuvent faire varier significativement le coût d’un séjour en UVP.
Localisation géographique
Le lieu où se situe l’établissement joue un rôle majeur dans la facture. Les zones rurales affichent généralement des tarifs inférieurs de 15 à 25 % à ceux pratiqués dans les grandes agglomérations de la même région.
| Type de région | Fourchette tarifaire mensuelle moyenne en unité de vie[8] protégée Alzheimer |
| Régions les plus coûteuses, souvent les grandes agglomérations d’Île-de-France, de Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Grand Est ou d’Auvergne-Rhône-Alpes | 4 000 € à 6 800 € par mois |
| Tarifs intermédiaires des régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie ou Bretagne | 3 600 € à 5 500 € par mois |
| Régions aux tarifs les plus accessibles financièrement : Hauts-de-France, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté | 2 900 € à 4 800 € par mois |
Statut de l’établissement
Le statut juridique de l’EHPAD, public ou privé, joue un rôle majeur dans la formation du tarif mensuel.
Les établissements publics restent les plus accessibles, avec un coût moyen compris entre 2 800 et 4 200 € par mois pour une unité Alzheimer. Ils sont financés en partie par les départements et bénéficient souvent de conventions avec les agences régionales de santé.
Les structures du secteur associatif pratiquent des tarifs intermédiaires, autour de 3 500 à 5 000 € mensuels, tandis que les EHPAD privés commerciaux, notamment non conventionnés, peuvent atteindre 4 500 à 7 500 €, selon la localisation et le standing.
Depuis 2025, un décret autorise les EHPAD publics et associatifs à revaloriser leurs tarifs jusqu’à 35 % pour les nouveaux résidents, un changement qui pourrait progressivement réduire l’écart de prix entre le public et le privé.
Confort et prestations hôtelières
Le confort influence directement le budget mensuel. Une chambre individuelle coûte en moyenne 15 % de plus qu’une chambre double, et l’ajout d’une salle de bain privative, d’un balcon ou d’une belle vue entraîne un supplément de 5 à 10 %.
Les prestations dites « de confort », restauration améliorée, blanchisserie tous les jours, salon de coiffure peuvent représenter plusieurs centaines d’euros supplémentaires chaque mois.
Dans les unités Alzheimer, ces aménagements prennent une dimension particulière : la sécurité et la qualité sensorielle de l’environnement (couleurs apaisantes, signalétique adaptée, dispositifs anti-fugue[9]) participent au bien-être et à la stabilité des résidents, justifiant un tarif plus élevé.

Ratio personnel / résidents et services spécialisés pour les résidents Alzheimer
L’accompagnement humain est l’un des facteurs les plus déterminants du coût. En unité Alzheimer, les établissements maintiennent un ratio moyen d’environ 0,8 équivalent temps plein (ETP) par résident, contre 0,6 en section classique. Cette différence, gage de disponibilité et de sécurité, se traduit par 200 à 300 € de surcoût mensuel.
La présence de professionnels spécifiquement formés aux troubles cognitifs tels que des ergothérapeutes, des psychologues, des animateurs spécialisés ou des kinésithérapeutes, accroît encore le coût, mais elle garantit une prise en charge réellement adaptée à la maladie.
Équipements et prestations : des écarts de prix parfois considérables
Les établissements récents ou rénovés affichent souvent des prix plus élevés, justifiés par la présence de jardins thérapeutiques, espaces Snoezelen[10], parcours de déambulation sécurisés ou encore chambres adaptées à la perte d’autonomie. Ces aménagements favorisent la sécurité et le bien-être sensoriel, des éléments essentiels pour les résidents atteints de troubles cognitifs.
Mais au-delà du cadre, il faut aussi se pencher sur les prestations réellement incluses dans le tarif mensuel. Certains services, comme l’accompagnement lors de rendez-vous médicaux, les séances individuelles de rééducation, ou encore les soins de confort (coiffure, pédicure, art-thérapie[11]), peuvent être facturés séparément. De même, certains produits d’hygiène ou activités exceptionnelles ne sont pas toujours compris dans le forfait de base.
Quelles aides mobiliser en 2026 pour alléger la facture Alzheimer en EHPAD ?
Face à des tarifs pouvant dépasser 5 000 € par mois en unité Alzheimer, il est essentiel de connaître les dispositifs d’aide permettant de réduire le reste à charge. En 2026, plusieurs leviers financiers peuvent être mobilisés, selon le degré de dépendance, les ressources et la situation familiale.
L’APA : le soutien central pour la dépendance
L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) reste l’aide principale pour les résidents classés GIR[3] 1 à 4. Son montant dépend à la fois du niveau de dépendance et des ressources du bénéficiaire. En établissement, elle sert à compenser une partie du tarif dépendance, souvent la plus lourde pour les personnes atteintes d’Alzheimer.
Le montant de l’APA varie en fonction du GIR[3][1] d’appartenance de la personne âgée. Le plafond mensuel de l'APA en 2025 est le suivant :
- GIR[3] 1 : 2 045,56 euros ;
- GIR[3] 2 : 1 654,18 euros ;
- GIR[3] 3 : 1 195,67 euros ;
- GIR[3] 4 : 797,96 euros.
L’ASH : un filet de sécurité pour les plus modestes
L’aide sociale à l’hébergement (ASH) s’adresse aux personnes dont les revenus ne suffisent pas à couvrir les frais d’hébergement. Elle peut financer tout ou partie du tarif hébergement, mais uniquement dans les établissements habilités à l’ASH.
Cette aide est particulièrement utile pour les familles disposant de faibles ressources, mais elle comporte une contrepartie : elle est récupérable sur succession. Il est donc important de bien s’informer avant toute demande, car toutes les unités Alzheimer ne sont pas éligibles à ce dispositif.
Les aides au logement : APL et ALS
Même en EHPAD, les résidents peuvent bénéficier d’aides au logement : APL (aide personnalisée au logement) ou ALS (allocation de logement sociale). Elles permettent de réduire le tarif hébergement de 250 à 400 € par mois, selon les ressources et la localisation de l’établissement. Ces aides sont non récupérables et viennent en complément de l’APA, offrant un soutien appréciable pour les foyers aux revenus intermédiaires.
L’ALD 15 : la prise en charge des soins Alzheimer à 100 %
La reconnaissance de la maladie d’Alzheimer comme Affection Longue Durée (ALD 15) permet la prise en charge intégrale des soins liés à la maladie par l’Assurance Maladie. Cela ne concerne pas les frais d’hébergement, mais allège sensiblement les dépenses de santé : consultations spécialisées, traitements, examens, dispositifs médicaux… autant de postes souvent coûteux en dehors de l’EHPAD.
Les aides complémentaires des caisses de retraite et mutuelles
De nombreuses caisses de retraite (comme l’AGIRC-ARRCO) et mutuelles proposent des aides spécifiques aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives. Ces soutiens, attribués sur dossier, peuvent aller de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros par an. Ils complètent utilement les dispositifs publics, surtout pour financer des services non couverts comme l’accompagnement psychologique ou la stimulation cognitive.
Les avantages fiscaux : une réduction d’impôt[12] significative
Enfin, les résidents ou leurs proches peuvent bénéficier d’un avantage fiscal sur les sommes versées à l’EHPAD. En 2026, la réduction d’impôt[12] s’élève à 25 % des dépenses, dans la limite de 10 000 € par an.
Pour les enfants qui participent financièrement aux frais de leurs parents, ces versements peuvent aussi être déduits au titre de l’obligation alimentaire[13], dans le respect du cadre fiscal établi. Une stratégie souvent utile pour équilibrer l’effort familial et alléger la charge fiscale.
En conclusion, le tarif d’un EHPAD Alzheimer en 2026 dépend avant tout du stade de la maladie, du niveau de dépendance (GIR[3]) et des prestations proposées par l’établissement. Entre 3 000 et plus de 6 000 € par mois selon la région et le niveau de confort, la prise en charge d’un proche atteint d’Alzheimer représente un enjeu financier majeur pour les familles.
Face à la complexité des démarches, se faire accompagner par le CCAS[14], le conseil départemental ou un conseiller Annuaire Retraite, peut aider à identifier les solutions les plus adaptées. Bien informé, il devient possible d’offrir à son proche un cadre de vie sécurisé, bienveillant et humain, sans compromettre l’équilibre financier de la famille.






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