À 62 ans, c'est la règle : la pension d'invalidité cesse, remplacée par la retraite pour inaptitude au travail.Sur le papier, ce passage paraît automatique, mais la réalité administrative peut être complexe : certaines démarches restent à la charge de l’assuré et des erreurs de calendrier ou de calcul peuvent entraîner stress et inquiétude. La Sécurité sociale prévoit une retraite à taux plein (50 %) sans décote ni malus sur la complémentaire Agirc-Arrco, un avantage qui perdure malgré la réforme de 2023. Cet article vous explique comment préparer cette transition, sécuriser vos droits et éviter les pièges administratifs pour aborder la retraite en toute sérénité.
De la pension d'invalidité à la retraite pour inaptitude : mode d'emploi
Voici ce qu’il faut savoir pour passer sereinement de la pension d’invalidité à la retraite pour inaptitude.
Qui est concerné ?
Toute personne bénéficiaire d'une pension d'invalidité du régime général, dont la capacité de gain ou de travail est réduite d'au moins deux tiers, entre dans le champ. Valable pour les trois catégories d'invalidité : partielle avec maintien d'activité possible, incapacité totale, ou besoin d'une tierce personne pour les actes quotidiens. Les règles diffèrent pour les fonctionnaires, qui relèvent d'un régime spécial.

En savoir plus sur les avantages et inconvénients de l’invalidité 2
Quand et comment s'opère le passage ?
La bascule s'effectue le 1er jour du mois suivant le 62e anniversaire (ou dès le jour J pour les personnes nées le 1er du mois). En pratique, la caisse qui verse la pension d'invalidité (CPAM[2] ou MSA) signale le changement à la caisse de retraite. L'assuré reçoit un dossier à compléter, accompagné d'une demande de notification d'invalidité. Pour ne pas prendre de retard : déposer la demande 4 à 6 mois avant la date anniversaire.
Attention, ce passage n'est pas purement automatique. Faute de dossier retourné à temps, le paiement peut s'interrompre. Un coup d'œil régulier sur son espace personnel lassuranceretraite.fr permet de vérifier l'état d'avancement.
Quid de l'activité professionnelle ou du chômage ?
Pour ceux qui travaillent encore à 62 ans, la pension d'invalidité ne s'éteint pas d'office. Elle se poursuit tant que l'activité demeure, jusqu'à la cessation d'emploi ou, au plus tard, jusqu'à l'âge du taux plein automatique (67 ans). Même logique pour les demandeurs d'emploi : la pension peut être prolongée pendant une période limitée après 62 ans, à condition d'avoir travaillé dans les 6 mois précédant cet âge.
Montant de la retraite après invalidité : un calcul parfois décevant
Le montant de la retraite après invalidité peut surprendre : il ne correspond pas toujours à la pension perçue auparavant.
Une retraite à taux plein, mais pas toujours égale à la pension d'invalidité
L'avantage du taux plein (50 %) est garanti, mais le montant de la retraite dépend de deux paramètres : le salaire annuel moyen (calculé sur les 25 meilleures années) et le nombre de trimestres validés. Les périodes d'invalidité permettent de valider jusqu'à 4 trimestres par an, mais ne sont pas prises en compte dans le salaire moyen. La retraite peut donc, dans certains cas, s'avérer sensiblement inférieure à la pension d'invalidité perçue jusqu'alors.
Le régime prévoit quelques filets : le minimum contributif s'applique de façon automatique si la carrière a été marquée par de faibles revenus. Pour ceux dont la retraite demeure en-dessous du seuil social, l'ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées) offre un complément, sur demande.
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Retraite complémentaire : des points gratuits, pas de malus
Les périodes d'invalidité donnent droit à des points de retraite complémentaire Agirc-Arrco, attribués gratuitement sous conditions. À la liquidation, aucun malus de 10 % ne s'applique, contrairement aux retraités ordinaires. La retraite complémentaire est versée en même temps que la pension de base.

Démarches à anticiper et points de vigilance
- Déposer la demande de retraite quatre à six mois avant les 62 ans auprès de la caisse concernée.
- Informer la CPAM[2] de son projet de départ à la retraite, surtout si une activité professionnelle est en cours ou si la situation évolue (chômage, arrêt).
- Compléter le dossier de retraite complémentaire (CICAS pour l'Agirc-Arrco).
- Vérifier le relevé de carrière sur info-retraite.fr, corriger les oublis éventuels de trimestres ou de salaires.
- Anticiper la fin des garanties de prévoyance collective (souvent liées à la pension d'invalidité) et interroger l'organisme sur la portabilité possible.
- Attention à la majoration pour tierce personne : elle cesse avec la pension d'invalidité. Pour continuer à bénéficier d'une aide à domicile[3], se tourner vers l'APA (allocation personnalisée d'autonomie).
Contrat de travail, licenciement, indemnités : ce qui change
La reconnaissance de l'invalidité par la Sécurité sociale n'entraîne pas mécaniquement la rupture du contrat de travail. Seule une inaptitude prononcée par le médecin du travail peut aboutir à un licenciement, offrant alors une indemnité supérieure à celle d'un départ volontaire à la retraite. En cas d'origine professionnelle de l'inaptitude, l'indemnité est doublée, le préavis payé, et des droits supplémentaires peuvent s'ouvrir.
Après la rupture, l'inscription à France Travail reste possible, tout comme l'accès à la portabilité de la complémentaire santé.
Questions fréquentes sur la retraite après invalidité
Peut-on cumuler pension d'invalidité et retraite progressive ?
Non, ce cumul est exclu. La pension d'invalidité disparaît au profit de la retraite pour inaptitude, qui, elle, peut être cumulée sous conditions avec une activité.
Les trimestres d'invalidité comptent-ils pour la retraite ?
Oui, chaque année d'invalidité compte pour quatre trimestres assimilés.
Le montant de la retraite sera-t-il identique à la pension d'invalidité ?
Non, il peut être inférieur, car calculé sur la base de l'ensemble de la carrière et du salaire moyen, sans prise en compte directe du montant de la pension d'invalidité.
Faut-il demander la retraite ou est-elle versée automatiquement ?
La démarche doit être effectuée auprès de la caisse de retraite : remplir le dossier reçu, fournir les justificatifs. L'omission retarde le paiement.
Quelles aides si la retraite est trop faible ?
Minimum contributif, ASPA, et aides sociales locales sont mobilisables, sous conditions de ressources.
Pour les fonctionnaires, les règles sont-elles identiques ?
Non, les modalités relèvent du régime spécial de la fonction publique, avec une retraite d'invalidité distincte.
Anticiper pour ne pas subir : les bons réflexes
Le passage de l'invalidité à la retraite ne se résume pas à un simple changement de ligne sur un relevé bancaire. Derrière la mécanique administrative, des réalités financières parfois tendues, des effets de seuil, des délais à surveiller de près. Prendre le temps d'analyser sa carrière, de simuler le montant de sa future pension, de s'informer sur les droits à la retraite complémentaire. Interroger sa caisse, solliciter un rendez-vous personnalisé, préparer les justificatifs. Ce sont là les clés d'un passage sans heurt, sans rupture de ressources, sans désillusion sur le montant de la pension.
La transition, pour beaucoup, marque la fin d'un parcours semé d'incertitudes médicales et de démarches complexes. À 62 ans, la vigilance reste de mise, mais le système français garantit, au moins, le maintien du taux plein. Préparer, vérifier, oser demander : c'est le trio gagnant pour transformer ce cap imposé en un passage maîtrisé.
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