Un proche entre en maison de retraite après le décès de son conjoint, et une question revient souvent : pourra-t-il continuer à toucher la pension de réversion pour financer son entrée en EHPAD [1]? Beaucoup ignorent que certains droits persistent après le décès du conjoint, même en maison de retraite. Est-ce le cas de la pension de réversion ? À quelles conditions peut-on y prétendre ? Faut-il faire une demande ? Et quel montant espérer ? Dans cet article, nous répondons à toutes ces questions pour vous aider à mieux comprendre les règles qui encadrent la pension de réversion en EHPAD[1].
Une personne âgée qui vit en EHPAD[1] peut-elle toucher la pension de réversion ?
Oui, une personne âgée peut tout à fait continuer à recevoir une pension de réversion même si elle vit en EHPAD[1].
Cette pension est versée au conjoint survivant après le décès de son mari ou de sa femme, pour l’aider à faire face à la baisse de revenus. Elle est maintenue quelle que soit la situation du bénéficiaire, y compris s’il vit en maison de retraite médicalisée ou en résidence seniors. Cette aide peut être précieuse pour payer une partie des frais d’hébergement ou de soins.
Quelles sont les conditions pour bénéficier de la pension de réversion lorsque l’on est en maison de retraite ?
La pension de réversion n’est pas automatique. Certaines conditions doivent être réunies, que vous résidiez en maison de retraite ou à votre domicile.
Qui a droit à la pension de réversion ?
Pour toucher une pension de réversion, il faut avoir été marié avec la personne décédée. Les personnes en concubinage ou liées par un PACS ne peuvent pas en bénéficier.
En revanche, un ex-conjoint divorcé peut y avoir droit, en fonction de la durée du mariage. Le montant de la pension sera calculé au prorata des années de mariage si le défunt s’est remarié.
Y a-t-il des conditions d’âge pour toucher la pension de réversion ?
Les conditions pour toucher la pension de réversion varient selon le régime de retraite :
- au moins 55 ans dans le régime général du privé (CARSAT, CNAV, MSA CNAVPL) ;
- aucune limite d’âge pour le régime de base des fonctionnaires du service public.
Des règles spécifiques s’appliquent pour les régimes de retraite complémentaire. Par exemple, un salarié qui dépend de la CARPIMKO destinée aux auxiliaires médicaux devra attendre 65 ans pour bénéficier de la pension de réversion de son défunt conjoint.
Quels sont les plafonds de ressources à ne pas dépasser pour toucher la pension de réversion en EHPAD[1] ?
En 2025, le régime de base des salariés du privé impose un plafond de 24 710,40 € par an pour une personne seule et de 39 536,64 € pour un couple. Il n’y a pas de plafond de ressources pour les employés du secteur public.
Seul le régime complémentaire RCI des artisans, commerçants et entrepreneurs impose un plafond de 94 200 € en 2025.

Quel est le montant de la pension de réversion ?
Le montant de la pension de réversion varie en fonction de différents critères, notamment du régime de retraite du défunt.
Un pourcentage de la retraite du conjoint
Le montant de la pension de réversion dépend principalement de la retraite que touchait (ou aurait dû toucher) la personne décédée.
Il correspond à un pourcentage de cette retraite et varie selon le régime d’affiliation :
- 54 % pour les régimes de retraite de base du secteur privé ;
- 60 % pour les régimes complémentaires du secteur privé ;
- 50 % pour les régimes des fonctionnaires.
Le montant de la pension de réversion ne peut pas être inférieur à 3 983,29 par an (soit 331,94 € par mois) si le défunt justifiait d'au moins 15 ans (60 trimestres) d'assurance retraite au régime général.
Des ajustements de la pension de réversion possibles selon la situation du bénéficiaire
Le montant peut être réduit si les revenus du conjoint survivant dépassent le plafond. Si ses ressources sont en dessous du plafond, il peut toucher la pension entière. Sinon, le montant est ajusté.
D’autres éléments peuvent aussi entrer en compte et majorer le montant de la pension de réversion tels que :
- 11.1 % de majoration si vous êtes âgé d’au moins 67 ans et si la somme de toutes les pensions ne dépasse pas 2 993,14 € par trimestre ;
- 10 % si vous avez eu au moins 3 enfants.
En cas de doute, il est conseillé de faire une simulation ou de contacter votre caisse de retraite.
Comment toucher la pension de réversion de mon mari ?
La pension de réversion n’est pas versée automatiquement : c’est à vous d’en faire la demande. Même si le décès de votre conjoint remonte à plusieurs années, vous pouvez toujours déposer un dossier.
La manière la plus simple de faire la demande est de passer par le site info-retraite.fr. En vous connectant avec FranceConnect, vous accédez à un formulaire unique qui sera automatiquement transmis à toutes les caisses concernées, même si votre conjoint avait cotisé à plusieurs régimes différents. C’est donc un vrai gain de temps.
Si vous préférez faire la démarche par courrier, il faudra envoyer plusieurs demandes :
- une seule demande suffit pour les régimes de base tels que la CNAV, la MSA ou la SSI ainsi que pour les fonctionnaires ;
- une demande spécifique pour chaque régime complémentaire tel que l’Agirc-Arrco, l’Ircantec ou ceux des professions libérales.
Comment la pension de réversion est-elle versée ?
La pension de réversion est versée chaque mois, à partir de la date que vous avez indiquée dans votre demande. Elle peut être révisée si vos ressources changent : à la hausse, à la baisse ou même suspendue. Il est donc important de prévenir votre caisse de retraite en cas de variation de vos revenus.
Cependant, une fois que vous avez commencé à toucher vos propres retraites (de base et complémentaire) depuis plus de 3 mois, ou si vous avez atteint l’âge minimum légal de départ à la retraite sans percevoir de pension, la pension de réversion ne peut plus être modifiée.
Si le défunt avait été marié plusieurs fois, la pension de réversion est partagée entre le conjoint survivant et les ex-conjoints, selon la durée de chaque mariage. Et si l’un des bénéficiaires décède, sa part est redistribuée entre les autres.
Peut-on cumuler l’ASPA et la pension de réversion ?
Il est tout à fait possible de cumuler l’ASPA (ancien minimum vieillesse[3]) avec une pension de réversion.
Toutefois, cette dernière est désormais pleinement intégrée dans le calcul des ressources. L’ASPA étant une aide différentielle, son montant est ajusté selon l’ensemble des revenus perçus : si ceux-ci dépassent 1 034,28 € par mois pour une personne seule ou 1 605,73 € pour un couple, l’allocation diminue. Il est donc essentiel de bien déclarer ses revenus à la CAF pour éviter les trop-perçus et adapter l’aide au plus juste.
En conclusion, vivre en EHPAD[1] n’empêche en rien de bénéficier de la pension de réversion, si toutes les conditions sont réunies. Il est essentiel de faire les démarches auprès des caisses concernées pour ne pas passer à côté d’un droit légitime. En cas de doute, n’hésitez pas à vous faire accompagner dans vos démarches.
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