“Je suis retraité, mais je m’occupe plus de mes parents que de mes petits-enfants” : les aidants-sandwich

“Je suis retraité, mais je m’occupe plus de mes parents que de mes petits-enfants” les aidants-sandwich
Droits et Aides

Jeune retraité, vous pensiez pouvoir profiter de vos petits-enfants, mais depuis quelques mois, c’est une tout autre réalité qui s’impose. Votre parent âgé a de plus en plus besoin de votre aide pour gérer son quotidien et vous passez la majeure partie de votre temps à ses côtés. Vous êtes ce qu’on appelle un aidant-sandwich, pris entre le soutien à votre parent dépendant et le désir de rester présent pour vos enfants et petits-enfants. Cet article vous donne les clés pour faire face à cette situation, protéger votre santé en tant qu’aidant familial et profiter au mieux de votre retraite.

Être aidant-sandwich à la retraite : un rôle lourd à porter

Le terme d’aidant-sandwich désigne généralement une personne d’âge actif qui soutient à la fois ses enfants et ses parents. Mais aujourd’hui, ce terme s’applique aussi aux retraités. Dans ce cas, il désigne un senior qui, au lieu de profiter de sa retraite et de son rôle de grand-parent, consacre l’essentiel de son temps à aider un parent âgé en perte d’autonomie ou atteint d’un handicap.

Courses, repas, toilette, démarches administratives, le quotidien des aidants familiaux est rythmé par les besoins de la personne âgée, laissant peu de place à la vie personnelle, aux loisirs ou aux petits-enfants.

L’aidant retraité s’épuise souvent en silence, dans un isolement progressif. Ce rôle peut avoir des conséquences lourdes sur sa santé physique et mentale, et remettre en question les projets qu’il pensait enfin réaliser.

aidante familiale culpabilisant

Comment concilier sa vie de retraité et son rôle d’aidant familial ?

Être retraité ne signifie pas être disponible à plein temps. Il existe des solutions concrètes pour alléger leur charge et retrouver un équilibre entre le rôle d’aidant et la vie personnelle.

S’appuyer sur les services d’aide à domicile[3] 

Des auxiliaires de vie peuvent intervenir chez votre parent pour l’aider à se lever, se laver, préparer ses repas ou faire ses courses. Finançables via l’APA ou la PCH, ces aides permettent de gagner du temps et de déléguer une partie des tâches physiques. Certaines caisses de retraite et mutuelles proposent aussi des prestations d’aide à domicile[3] après hospitalisation ou en cas de dépendance[4]. Ce soutien offre du répit au quotidien et évite l’épuisement.

Installer un dispositif de téléassistance au domicile de la personne âgée

Pour éviter d’être constamment inquiet, la téléassistance peut offrir une sécurité précieuse. Un simple bracelet ou médaillon permet à la personne âgée d’alerter un centre d’appel en cas de chute ou de malaise. 

Ce système, financé en partie par l’APA ou certaines communes, vous rassure en cas d’absence. Il permet aussi à votre parent de rester plus autonome à domicile tout en gardant un lien rapide avec les secours. Certains dispositifs incluent même des capteurs de mouvement ou de température.

Adapter le logement grâce aux aides à l’aménagement

Un logement mal adapté peut vite devenir dangereux. Installer une barre d’appui, un siège de douche, supprimer les seuils de portes ou sécuriser l’escalier peut réduire les risques de chute et sécuriser le maintien à domicile[5] de votre parent. 

Ces travaux peuvent être partiellement pris en charge par la PCH, l’APA, ou l’Agence nationale de l’habitat (ANAH). Certaines caisses de retraite proposent aussi des aides pour l’aménagement du domicile. Ces équipements améliorent non seulement la sécurité de votre parent, mais vous libèrent aussi du temps et du stress, en limitant votre temps de présence.

Faire participer la fratrie ou les autres membres de la famille du senior dépendant

Être l’aidant principal ne signifie pas tout faire seul. La solidarité familiale peut s’organiser : un frère peut gérer les rendez-vous médicaux, une sœur peut s’occuper des courses ou des démarches administratives. 

Il est important de poser un cadre clair, quitte à établir un planning. Un conseil de famille ou une médiation peut aussi faciliter les discussions, surtout en cas de tensions. Se répartir les rôles permet de mieux vivre cette situation et de préserver les liens familiaux.

Comment éviter l’épuisement quand on est aidant à la retraite ?

Prendre soin d’un parent âgé peut devenir un marathon. Pour tenir dans la durée, il est essentiel de prévenir l’épuisement. Des solutions existent pour alléger la charge mentale, se former, et ne pas rester seul dans ce rôle exigeant.

Le droit au répit : des solutions concrètes pour avoir du temps pour ses petits-enfants

Le droit au répit permet à l’aidant de prendre du temps pour lui, tout en assurant la continuité de l’accompagnement du parent aidé.

L’accueil de jour

L’accueil de jour permet à la personne âgée d’être accueillie en structure médico-sociale une ou plusieurs journées par semaine. Encadré par des professionnels, ce dispositif favorise la stimulation cognitive, les interactions sociales et permet à l’aidant de prendre du temps pour lui.

femme aidante planifiant un séjour en accueil de jour pour son parent

L’hébergement temporaire

L’hébergement temporaire en EHPAD[1] ou en unité spécialisée est une solution en cas d’absence prolongée, de fatigue ou d’urgence. Il permet un accueil sécurisé, de quelques jours à quelques semaines, financé partiellement selon les ressources. Cette solution peut vous permettre de partir en vacances avec vos enfants ou vos petits-enfants et de revenir reposé pour prendre soin de votre parent.

L’accueillant familial

Il est aussi possible de confier ponctuellement votre parent à un accueillant familial agréé, qui assure son hébergement et l'accompagne durant une période prédéfinie. Cette alternative plus chaleureuse est souvent appréciée pour son côté humain.

Se faire accompagner pour tenir dans la durée

Si vous sentez que votre rôle d’aidant empiète trop sur votre vie personnelle et vous prive de moments privilégiés avec vos petits-enfants, n’attendez pas avant de vous faire aider. De nombreuses structures proposent des espaces de soutien pour les aidants familiaux :

  • les cafés des aidants, pour échanger dans un cadre bienveillant ;
  • les groupes de parole, animés par des travailleurs sociaux ou des psychologues ; 
  • des formations gratuites pour mieux comprendre la maladie, prévenir les gestes dangereux ou mieux gérer les situations de crise ;
  • des associations comme France Alzheimer[6] offre aussi un accompagnement sur le long terme.

Comment être rémunéré pour s’occuper de ses parents ?

Prendre soin d’un parent dépendant demande un investissement important, souvent réalisé sans contrepartie financière. Pourtant, dans certaines situations, il est possible d’être rémunéré pour son rôle d’aidant familial, afin de reconnaître le temps et l’énergie consacrés à l’accompagnement quotidien.

Être dédommagé par la Prestation de compensation du handicap (PCH)

Si votre parent est reconnu en situation de handicap avec un taux d’incapacité supérieur ou égal à 80 %, vous pouvez être dédommagé via la PCH. En 2025, le tarif horaire est de 4,78 € brut cumulable avec la pension de retraite. Ce dédommagement est exonéré de charges sociales, mais est imposable. La demande se fait auprès de la MDPH.

Être rémunéré via l’APA pour l’aide à domicile[3]

Lorsqu’une personne âgée perçoit l’APA, elle peut employer un membre de sa famille comme aide à domicile[3], à l’exception de son conjoint, concubin ou partenaire de PACS. Ce proche peut alors être rémunéré dans le cadre du plan d’aide établi par le conseil départemental. Il est toutefois nécessaire de justifier l’usage des sommes versées, notamment en précisant le nombre d’heures effectuées et le type d’aides apportées.

Pour l’aidant familial, les montants perçus à ce titre doivent être déclarés aux impôts : ils sont considérés comme des revenus imposables et seront intégrés au calcul de l’impôt[7] sur le revenu.

Si le rôle d’aidant retraité peut sembler accaparant, il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour alléger la charge, mieux répartir les responsabilités et éviter l’épuisement. S’appuyer sur des aides professionnelles, mobiliser la famille, et ne pas hésiter à demander du soutien sont autant de clés pour concilier ce rôle d’aidant avec une vie personnelle riche et épanouissante.

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