Lorsque l’un de vos proches n’est plus en mesure d’exprimer sa volonté, la protection de ses intérêts et de son patrimoine devient une priorité. L’habilitation familiale, en cas de succession, prend une dimension particulière si elle est mise en place pour gérer les biens du vivant de la personne. En effet, la vente d’un bien immobilier ou le partage d’un héritage exigent une rigueur juridique particulière. Voici un éclairage complet sur le rôle de ce dispositif, les démarches obligatoires et les précautions à prendre avant d’engager toute transaction patrimoniale.
Habilitation familiale et succession : définition, conditions et portée juridique
Cette mesure de protection, souvent choisie pour sa souplesse, obéit toutefois à des règles précises fixées par le Code civil.
Qu’est-ce que l’habilitation familiale ?
Prévue aux articles 494-1 à 494-12 du Code civil, l’habilitation familiale permet au juge de désigner un membre de la famille pour représenter ou assister une personne qui ne peut plus défendre seule ses intérêts.
Elle vise une protection souple, adaptée, moins contraignante qu’une tutelle[2], dans les situations familiales consensuelles.

Qui peut être habilité dans une succession ?
Peuvent être habilités (à condition que la famille soit d’accord sur le choix) :
- le conjoint ;
- le partenaire de PACS ;
- le concubin ;
- un enfant ;
- un parent ;
- un frère ou une sœur.
Le juge des contentieux de la protection contrôle la demande et fixe l’étendue des pouvoirs dans chaque dossier.
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Étendue de la mesure : actes d’administration ou de disposition
Le juge peut autoriser seulement des actes d’administration courante (payer les charges, gérer les comptes) ou des actes de disposition plus lourds, comme vendre, accepter une succession ou partager un bien.
L’habilitation peut être générale ou limitée à un acte précis mentionné dans l’ordonnance, pour protéger au mieux le majeur.
Habilitation familiale et actes de succession ou de vente : ce qu’il est possible de faire (ou pas)
Avant toute vente ou partage, il est essentiel de comprendre ce que permet — ou non — l’habilitation familiale afin d’agir en toute légalité.
Vente d’un bien d’un proche sous habilitation familiale
La vente d’un logement appartenant à la personne protégée reste un acte de disposition majeur. Même en cas d’habilitation générale, le proche doit solliciter l’autorisation du juge, surtout s’il s’agit de la résidence principale ou d’un bien de valeur.
| 💡 Le rôle du juge est de vérifier l’utilité et le prix du bien, le moment prévu. |
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Accepter ou refuser une succession au nom du majeur protégé
Le représentant peut accepter la succession au nom du majeur protégé si le juge l’y autorise ou si l’ordonnance l’a prévu.
Pour renoncer, une autorisation est presque toujours exigée et la déclaration se fait souvent devant notaire ou au greffe pour sécuriser l’acte, conformément aux règles de protection applicables.
Partage d’héritage : responsabilités et précautions
Quand plusieurs héritiers sont concernés, la personne habilitée doit représenter le majeur dans toutes les opérations :
- état liquidatif ;
- partage ;
- éventuelle vente préalable.
Elle doit justifier de ses pouvoirs auprès du notaire et saisir le juge en cas de désaccord familial, afin d’éviter la nullité de l’acte ou des contestations ultérieures éventuelles.
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Démarches et formalités avant toute vente ou partage successoral dans le cadre d’une habilitation familiale
Une erreur de procédure peut bloquer une vente ou un partage : mieux vaut connaître les étapes à suivre avant d’agir.
Dossier d’habilitation familiale : pièces et procédure
Le proche doit déposer une requête au juge des contentieux de la protection avec :
- un certificat médical circonstancié, établi par un médecin accrédité ;
- les justificatifs de parenté ;
- un projet d’habilitation.
Le juge convoque la famille, entend la personne à protéger et rend une ordonnance motivée, valable pour une durée déterminée.

Les autorisations nécessaires pour vendre un bien successoral
Pour vendre un bien appartenant au majeur, une demande spécifique doit être adressée au juge avec description du bien, projet de prix et, si possible, estimation notariale ou agence.
Les ventes concernant le logement sont presque toujours contrôlées afin de garantir les intérêts patrimoniaux de la personne vulnérable.
Check-list avant de vendre ou partager un bien
Avant de signer un compromis ou de procéder au partage, il faut :
- vérifier l’ordonnance d’habilitation ;
- réunir les héritiers ;
- solliciter le notaire ;
- évaluer le bien ;
- anticiper la fiscalité.
Ces étapes évitent les refus du greffe, les retards de vente et les contestations entre membres de la famille lors de l’acte.
| 💡 Conservez tous les documents justificatifs pendant au moins 5 ans. |
Risques, limites et responsabilités de l’habilitation familiale
Une gestion sous habilitation familiale demande prudence et rigueur : mal appliquée, elle peut avoir des conséquences importantes.
Les obligations de la personne habilitée
La personne habilitée doit agir exclusivement dans l’intérêt du majeur, rendre des comptes si le juge l’exige et conserver les justificatifs.
Elle ne peut pas se favoriser elle-même dans la vente ou le partage. Tout acte doit rester proportionné au patrimoine et aux besoins de la personne protégée ou des proches.
Limites de la mesure en matière successorale
L’habilitation montre ses limites dès qu’il y a conflit d’héritiers, patrimoine complexe ou besoin de gérer durablement les revenus.
Dans ces cas, le juge peut refuser la mesure et orienter vers une tutelle[2] ou une curatelle[3], plus adaptées au suivi des actes de succession et de gestion dans le temps.
Conséquences d’une mauvaise application de l’habilitation familiale
Un acte passé sans autorisation ou au-delà des pouvoirs peut être annulé par le juge ou contesté par un héritier. Les fonds devront alors être restitués, parfois avec dommages et intérêts.
D’où l’importance de tout faire valider avant la signature et de conserver les preuves pour une éventuelle vérification ultérieure.
Souple et centrée sur la famille, l’habilitation permet d’agir pour un proche vulnérable. Pour sécuriser une vente ou une succession, faites-vous accompagner par un notaire ou nos conseillers Annuaire Retraite dès le départ.
FAQ
Peut-on vendre un bien d’un majeur protégé via une habilitation familiale sans autorisation du juge ?
Non. La vente immobilière, y compris la résidence principale, est un acte important, qui doit être autorisé par le juge pour vérifier le prix et l’intérêt du majeur toujours.
L’habilitation familiale suffit-elle pour partager une succession ?
Pas toujours. L’habilitation familiale permet de représenter le majeur lors des opérations de partage, mais certains actes restent soumis à l’autorisation du juge ou à l’accord des héritiers en cas de dossier complexe.
Quelle est la différence entre habilitation familiale, curatelle[3] et tutelle[2] pour les actes de succession ?
L’habilitation familiale permet à un proche d’agir pour la personne protégée avec peu de contrôle judiciaire. La curatelle[3] impose une assistance du curateur, tandis que la tutelle[2] confie la gestion totale au tuteur sous surveillance du juge.
Qui supporte les frais d’une vente ou d’un partage quand le majeur est protégé ?
En principe, les frais de notaire, d’estimation ou d’autorisation sont payés avec le patrimoine du majeur protégé. Ils doivent être justifiés et proportionnés. Le juge peut contrôler le montant final.
Que se passe-t-il si un héritier s’oppose à la vente ou au partage ?
Le notaire doit suspendre l’opération et le représentant du majeur peut saisir le juge pour autorisation ou partage judiciaire. Sans accord ou décision, la vente ne pourra pas être signée.






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