Votre parent âgé a de plus en plus besoin d’aide pour gérer les courses, sa toilette et son ménage. Vous êtes à la retraite, et cela s’est imposé comme une évidence : vous aviez plus de temps. Alors c’est vous qui vous êtes rendu disponible pour remplir le rôle d’aidant familial. Mais à mesure que les mois passent, cet engagement devient une charge trop lourde à porter seule. Vous aimeriez impliquer vos frères et sœurs, mais vous ne savez pas comment. Ont-ils une obligation envers le parent ? Peut-on organiser un partage juste de l’aide, qu’elle soit financière ou concrète ? Et si aucun accord n’est possible, existe-t-il des solutions pour alléger votre charge mentale au quotidien ? Cet article fait le point sur vos droits et les pistes pour sortir de l’isolement.
Qui doit s’occuper d’un parent âgé en perte d’autonomie ? Ce que dit la loi
Sur le plan légal, les enfants ont une obligation alimentaire[3] envers leurs parents, prévue par les articles 205 à 207 du Code civil. Cette obligation concerne tous les enfants, sans distinction d’âge ou de situation professionnelle.
Cette obligation peut être remplie de deux manières :
- matériellement, par une aide financière telle que la participation aux frais d’EHPAD[1] ;
- en nature, en donnant de son temps, en hébergeant le parent ou encore en l’accompagnant dans les actes de la vie quotidienne.
C’est le juge aux affaires familiales qui décide du montant ou de la répartition si un accord n’est pas trouvé. Il tient compte de la situation financière de chacun.
En pratique, l’aide en nature est plus difficile à évaluer, car elle repose souvent sur un seul enfant, celui qui est le plus « disponible », généralement à la retraite ou vivant à proximité. Sauf décision judiciaire, par exemple dans le cadre d’une tutelle[4] ou d’une curatelle[5] partagée, rien n’oblige les frères et sœurs à se répartir équitablement les tâches.

Comment impliquer ses frères et sœurs dans l’aide au parent âgé ?
Quand on est seul à assumer l’accompagnement quotidien d’un parent en perte d’autonomie, il est naturel de vouloir partager cette charge avec ses frères et sœurs. Mais entre les emplois du temps chargés, les tensions familiales anciennes ou la méconnaissance des besoins réels du parent, la discussion est souvent délicate.
Programmer une réunion familiale pour alerter sur les besoins du parent
Première étape indispensable : réunir la fratrie. Pas forcément autour d’une table tous ensemble, mais par visioconférence, téléphone ou échange de mails, si certains vivent loin. L’objectif ? Mettre cartes sur table, sans reproche, juste pour que toute la famille soit consciente des besoins du parent âgé et de la charge de travail qui en incombe.
Décrivez les besoins réels du parent tels que l’aide à la toilette, la surveillance la nuit, la préparation des repas ou encore le suivi médical. Listez le nombre d’heures quotidiennes que cela nécessite et partagez les signaux d’épuisement que vous ressentez vous-même avec vos frères et sœurs. Vous pouvez vous appuyer sur des documents concrets comme un compte-rendu médical ou le plan d’aide de l’APA.
Le fait de nommer les choses et de poser un cadre commun permet souvent de faire prendre conscience aux autres membres de la fratrie de l’ampleur de la situation et de les inviter à se mobiliser.
Organiser l’aide entre frères et sœurs et planifier les tâches de chacun
Une fois l’alerte posée, vient le moment d’organiser concrètement la répartition des rôles. L’objectif n’est pas que chacun fasse « autant » que vous, mais qu’une forme d’équilibre réaliste se mette en place.
Voici quelques exemples d’organisation possibles :
- l’un gère les papiers administratifs, même à distance ;
- un autre s’engage à venir un week-end par mois, ou pendant les vacances ;
- chacun participe à une caisse commune pour financer une aide à domicile[6] ou un service de portage de repas ;
- un planning partagé permet d’éviter les oublis et de mieux anticiper.
Que faire en cas de désaccord entre la fratrie sur la prise en charge du parent âgé ?
Malheureusement, il arrive que certains frères ou sœurs refusent de s’impliquer ou contestent les décisions prises.
Si la discussion ne suffit pas, plusieurs recours sont possibles :
- faire appel à un médiateur familial, souvent proposé dans les centres de soutien aux aidants, les CCAS[7] ou par certaines associations ;
- saisir le juge aux affaires familiales pour qu’il statue sur l’obligation alimentaire[3], ou sur une éventuelle mise sous protection juridique (tutelle[4] ou curatelle[5]) ;
- demander la désignation d’un tuteur ou curateur professionnel, si aucun membre de la fratrie ne peut ou ne veut gérer les affaires du parent de manière apaisée.
Quelles sont les autres solutions pour diminuer la charge de l’aidant retraité ?
Quand les frères et sœurs ne peuvent pas, ou ne veulent pas s’impliquer davantage, l’aidant retraité se retrouve souvent seul face à une charge qui ne cesse de croître. Heureusement, il existe des solutions alternatives pour alléger ce fardeau au quotidien.
Faire appel à des aides professionnelles à domicile
Selon le niveau de dépendance[8] du parent, des services peuvent être mis en place pour favoriser le maintien à domicile[9] tels que l’aide-ménagère, le portage de repas ou encore les soins infirmiers à domicile. Ces prestations peuvent être partiellement financées par l’APA attribuée par le conseil départemental.

Se faire rémunérer comme aidant familial
Dans certains cas, un aidant peut être rémunéré pour le temps qu’il consacre à un parent, notamment si le parent bénéficie de la PCH.
Le parent peut également engager son enfant en tant qu’aidant salarié, via un contrat de travail déclaré, par exemple en CESU. Cela permet une reconnaissance du temps passé et ouvre des droits supplémentaires à la retraite.
Prendre du recul grâce à l’aide au répit
Si vous vous sentez à bout, sachez que vous avez droit à du répit. Plusieurs dispositifs existent pour vous offrir un vrai temps de respiration, tout en garantissant un encadrement sécurisé pour votre parent.
L’hébergement temporaire en établissement
Il est possible de faire admettre une personne âgée pour quelques jours ou semaines dans une maison de retraite médicalisée ou une résidence autonomie. On parle alors d’hébergement temporaire. Cela permet à l’aidant de partir en vacances, de se reposer ou de souffler après une période difficile.
Cette solution peut être financée en partie par l’APA ou par certaines caisses de retraite, sous forme d’aide au répit. L’admission nécessite une inscription préalable auprès de l’établissement et une évaluation des besoins du senior.
L’accueil de jour
L’accueil de jour consiste à confier le parent une ou plusieurs journées par semaine à une structure spécialisée, souvent rattachée à un EHPAD[1]. Il est pris en charge dans la journée, bénéficie d’activités encadrées, de soins si besoin, et rentre à domicile le soir.
C’est une formule idéale pour les aidants retraités qui souhaitent conserver une présence à domicile tout en retrouvant du temps pour eux dans la semaine.
L’accueil familial
Moins connu, l’accueil familial permet à une personne âgée de vivre temporairement (ou à plus long terme) au sein du foyer d’un accueillant familial agréé. Celui-ci prend en charge l’hébergement, les repas, la surveillance et une partie de l’accompagnement quotidien, dans un cadre plus intime qu’un établissement.
Ce dispositif peut être une alternative chaleureuse et rassurante à l’hébergement temporaire, notamment si le parent n’est pas à l’aise en collectivité.
Lorsque le parent âgé entre en maison de retraite, la question du financement devient souvent source de tensions dans la fratrie. Si ses revenus ne suffisent pas, les enfants peuvent être sollicités. Mais peut-on légalement refuser de participer aux frais ? Voici ce que dit le droit.
Peut-on refuser de payer la maison de retraite de ses parents ?
Les enfants sont soumis à une obligation alimentaire[3] envers leurs parents, prévue par les articles 205 et suivants du Code civil. Si l’établissement ou le département engage une procédure de recouvrement, le juge aux affaires familiales peut imposer une participation financière à chaque enfant, calculée en fonction de ses revenus, charges et situation familiale.
Il existe toutefois des exceptions reconnues par la loi :
- rupture de liens familiaux graves : en cas de maltraitance, abandon ou conflit grave et avéré, un enfant peut être exonéré de l’obligation alimentaire[3]. Il doit en faire la demande auprès du juge, avec preuves à l’appui ;
- ressources insuffisantes : un enfant dont les revenus ne permettent pas de faire face à ses propres charges essentielles (logement, enfants à charge, crédits) peut voir sa contribution réduite, voire supprimée.
En conclusion, assumer seul la charge d’un parent âgé, même avec la meilleure volonté du monde, n’est pas une situation tenable à long terme. La loi reconnaît une responsabilité partagée entre enfants, mais en pratique, l’organisation peut vite devenir injuste. N’hésitez pas à mettre des mots sur votre fatigue, à solliciter l’aide de vos frères et sœurs ou à recourir à une médiation familiale.
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