Comment organiser l’aide entre frères et sœurs quand l’un fait tout ?

Comment organiser l’aide entre frères et sœurs quand l’un fait tout
Droits et Aides

Prendre soin d’un parent âgé en perte d’autonomie est une responsabilité qui peut rapidement devenir lourde à porter, surtout lorsque l’un des frères ou sœurs assume quasiment seul cette charge. Cette situation fréquente, mais souvent taboue, engendre fatigue, rancœur, et tensions familiales. Pourtant, il est possible d’organiser l’aide entre frères et sœurs pour partager les responsabilités de façon plus équilibrée et sereine.

Pourquoi un seul des frères et sœurs fait-il tout ? Commencer par identifier les causes 

Avant même de chercher à mieux répartir les rôles, il est essentiel de comprendre pourquoi, dans de nombreuses familles, une seule personne finit par tout gérer.

Un rôle d’aidant qui s’installe souvent naturellement 

Souvent, le rôle d’aidant principal n’est pas une décision délibérée. Un enfant commence à assister ses parents lorsque les premiers besoins se font ressentir. Puis, au fur et à mesure que la dépendance[3] augmente, il assume naturellement de plus en plus de responsabilités, parfois en silence.

Ce phénomène est souvent renforcé par :

  • la proximité géographique de l’aidant ; 
  • sa disponibilité s’il est à temps partiel, au chômage ou à la retraite ;
  • des compétences particulières dans le cas où le frère ou la sœur est infirmier ou aide soignant, par exemple.

Cependant, ces critères ne reflètent pas toujours les volontés ou les limites de chacun.

Une pression sociale et familiale envers une fille ou une belle-fille

Le rôle d’aidant revient très souvent à une fille, une sœur ou une belle-fille, sans qu’une discussion ait réellement eu lieu. Cette répartition repose souvent sur des idées préconçues que les femmes seraient « naturellement » plus aptes à prendre soin d’un proche. La famille elle-même peut renforcer cette attente, en considérant normal que celle qui habite le plus près, qui travaille à temps partiel ou qui est « plus disponible » s’en charge. Cette pression peut être lourde à porter et entraîne parfois une fatigue silencieuse et un sentiment d’isolement chez l’aidant.

femme aidant seule sa mère âgée

Le manque de communication entre les frères et sœurs

Parfois, les frères et sœurs ne réalisent tout simplement pas l’ampleur de la charge mentale assumée par l’un d’eux. Sans échanges ouverts, les malentendus s’installent.

Mettre les choses à plat : la première étape indispensable pour mieux prendre en charge son parent âgé dépendant

Une mise à plat permet de clarifier les rôles, de reconnaître l’investissement de chacun, et d’ouvrir la voie à une coopération plus juste et apaisée entre frères et sœurs.

Organiser une réunion de famille

Rassembler tous les frères et sœurs,  en présentiel ou en visioconférence, afin de discuter de la situation permet de faire un état des lieux des besoins du parent et de la répartition actuelle des tâches.

Laisser l’aidant principal exprimer son ressenti

Il est essentiel que l’aidant principal puisse librement exprimer son rôle, son ressenti ou ses frustrations, sans craindre d’être jugé. Cela permet de mieux comprendre ses limites et d’ajuster l’aide en conséquence. 

Dresser un tableau des besoins du senior 

Lister noir sur blanc tout ce qui est fait au quotidien ou ponctuellement permet souvent de prendre conscience de l’inégalité réelle. Courses, rendez-vous médicaux, gestion administrative, présence physique, soutien moral… tout compte.

Répartir les tâches selon les capacités de chaque aidant

Tous les membres de la famille n’ont pas les mêmes disponibilités. Une sœur avec trois enfants en bas âge n’aura pas les mêmes possibilités qu’un frère célibataire. Mais chacun peut participer à sa manière.

Celui qui habite loin peut, par exemple, gérer l’administratif, les rendez-vous, ou le soutien moral par téléphone. Celui qui vit à proximité peut prendre en charge les visites, les courses, ou les soins quotidiens. D’autres peuvent intervenir ponctuellement, notamment pour des gardes de nuit ou offrir un peu de répit aux aidants principaux.

Créer un planning clair et partagé permet de visualiser la répartition et d’anticiper les relais. Cela évite les oublis et les désistements de dernière minute.

Faire appel à des ressources extérieures pour diminuer la charge de l’aidant principal

Même avec une répartition mieux équilibrée, il arrive que la charge soit encore trop lourde pour la famille seule. Recourir à des professionnelles ne signifie pas abandonner son parent, mais au contraire chercher les meilleures solutions pour garantir sa sécurité et éviter le burn-out de l’aidant principal.

Solliciter des services d’aides à domicile 

Faire appel à des aides à domicile, une infirmière, ou envisager un accueil de jour permet de relayer les tâches les plus fatigantes, tout en assurant une prise en charge de qualité. Cela offre aussi des moments de répit bienvenus pour l’aidant principal, qui pourra ainsi préserver sa santé mentale et physique. 

Se renseigner sur les aides financières disponibles dans le cadre du maintien à domicile[4]

Certaines aides financières telles que l’APA, la PCH ou des aides spécifiques des caisses de retraite permettent de financer certaines prestations liées à la perte d’autonomie comme : 

  • un hébergement temporaire en EHPAD[1]
  • l’intervention d’un service d’aide à domicile[5]
  • l’aménagement du domicile.

frère et soeur organisant l'aide à domicile pour un parent âgé

Préserver les relations fraternelles

Prendre soin d’un parent âgé ne devrait pas se faire au détriment des liens entre frères et sœurs. Il est important de tout mettre en œuvre pour ouvrir le dialogue et éviter que des sentiments négatifs s’installent.

Prévenir les rancœurs

Si le déséquilibre perdure, des tensions peuvent s’installer durablement. Pour les éviter, il est important :

  • d’exprimer régulièrement ce qui ne va pas ;
  • de mettre à jour le planning ou la répartition en fonction de l’évolution des situations ;
  • respecter les engagements pris.

Se rappeler du lien fraternel

Il est facile de réduire ses frères et sœurs à leur implication ou à leur absence dans la prise en charge de leur parent. Mais derrière les comportements, il y a souvent des peurs, des blocages ou une grande culpabilité. Garder une posture de bienveillance facilite le dialogue.

Ajuster régulièrement la répartition des tâches

Les situations évoluent : déménagement, changement de travail, santé fluctuante des parents. Il est important de revoir régulièrement l’organisation et d’adapter la répartition des responsabilités en fonction des nouvelles réalités.

En cas de blocage : faire appel à un médiateur familial

Lorsque les tensions au sein de la fratrie sont trop fortes ou que la communication est rompue, la médiation familiale peut offrir un espace neutre pour dialoguer. Elle permet à chacun d’exprimer son point de vue et de trouver des compromis dans un cadre extérieur et neutre. 

Encadrée par un professionnel formé, cette démarche permet à chacun d’exprimer ses ressentis, ses limites, ses attentes, sans être jugé. Le médiateur aide à clarifier les malentendus, à comprendre les positions de chacun, et à trouver des solutions acceptables pour tous

Comment éviter qu’un frère ou une sœur gère seul l’aide à un parent âgé en perte d’autonomie ?

En parler tôt, se concerter en famille et organiser les choses à l’avance permet de mieux se répartir les rôles et d’éviter qu’un seul prenne tout en charge.

Envisager le plus tôt possible la perte d’autonomie du parent

Beaucoup de familles attendent que la situation devienne urgente pour se concerter, ce qui engendre stress et conflits. Il est essentiel d'organiser une première réunion de famille dès que vous sentez que votre parent commence à perdre en autonomie en l’invitant si possible, pour recueillir ses souhaits.

Programmer des réunions régulières entre la fratrie

Se retrouver régulièrement entre frères et sœurs permet :

  • de partager les informations sur l’évolution du parent et les ressentis des aidants ; 
  • d’ajuster la répartition des tâches ; 
  • de se soutenir mutuellement.

Partager l’aide à un parent en perte d’autonomie est une nécessité pour préserver l’équilibre familial et la santé de chacun. L’anticipation et la bienveillance restent les clés pour éviter les tensions au sein de la fratrie et construire une solidarité durable.

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