L'été s'installe, la température grimpe, les risques aussi. Les personnes âgées paient le prix fort. Leur corps n'alerte plus assez vite. La sensation de soif disparaît, la transpiration se fait discrète, la régulation de la température s'altère. Entre 2014 et 2022, la chaleur a été responsable chaque été, entre le 1er juin et le 15 septembre, d’environ 33 000 décès, dont près de 23 000 concernaient des personnes âgées de 75 ans et plus. Derrière ces chiffres sourds se cachent des vies, des chutes, des hospitalisations, et surtout l’inquiétude des proches.
Face à ces risques, il est essentiel de savoir comment protéger efficacement un parent âgé. Cet article vous guidera pas à pas pour activer le plan de protection, identifier les signaux d’alerte et mettre en place des gestes simples mais vitaux pour préserver leur santé pendant les épisodes de canicule[1].
Pourquoi la chaleur attaque les plus fragiles
Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux fortes chaleurs en raison d’une moindre perception de la soif, d’un organisme qui régule moins bien la température et de pathologies chroniques fréquentes. La chaleur met ainsi directement en danger leur équilibre vital.
Détecter les signaux d'alerte : ce qui doit inquiéter
Un parent âgé qui somnole, présente une fatigue soudaine, refuse de boire ou mange moins ? Lèvres sèches, confusion, fièvre légère, maux de tête inhabituels : ces signes ne trompent pas. Quand la température corporelle dépasse 40°C, peau sèche, troubles neurologiques, crampes, vertiges : le pronostic vital se joue parfois en quelques heures.
- Fatigue marquée, somnolence inhabituelle
- Maux de tête, vertiges, nausées
- Crampes musculaires, faiblesse
- Confusion, propos incohérents
- Peau chaude et sèche
- Pouls rapide ou faible
Préparer le terrain : anticiper avant la vague de chaleur
Attendre la première alerte météo, c'est déjà trop tard. Le plan de protection démarre bien avant. On inspecte le logement : volets, rideaux thermiques, ventilateurs, on repère la pièce la plus fraîche. On constitue une réserve d'eau, un brumisateur, des vêtements amples et clairs.
Un kit prêt, visible, accessible. On inscrit le parent sur le registre communal des personnes vulnérables – mairie ou CCAS[4], un simple appel suffit. Ce geste, souvent négligé, déclenche des visites de contrôle et un suivi en cas d'alerte.
Tisser un réseau local, c'est vital aussi. Voisins, commerçants, associations, chaque relais compte. On prévient les services sociaux, on active la solidarité de proximité. La vigilance ne se délègue pas, elle s'organise.

LIRE AUSSI : Plan canicule : 5 actions concrètes que tout aidant devrait connaître[1]
Dérouler le plan : gestes quotidiens et vigilance à distance
Pour aider un parent âgé à mieux supporter la chaleur, plusieurs gestes simples peuvent être intégrés au quotidien.
Hydratation et alimentation, la double priorité
Boire, encore boire. Entre 1,5 et 2,5 litres par jour, sans attendre la soif. Eau, infusions froides, jus dilués, compotes, soupes froides, fruits à forte teneur en eau : melon, pastèque, concombre, tomate. On évite alcool, sodas sucrés, café en excès.
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Maintenir le logement à bonne température
- Volets et rideaux fermés dès que la chaleur monte
- Aérer tôt le matin, tard le soir pour créer des courants d'air
- Ventilateur ou climatiseur en renfort, linge humide devant le flux d'air
- Débrancher appareils électriques non indispensables
Aménager les rythmes de vie
- Limiter les sorties entre 11h et 16h
- Vêtements amples, coton ou lin, couleurs claires
- Chapeau à larges bords, lunettes de soleil, crème solaire en cas de déplacement
- Pas d'effort physique, pas de jardinage ni de ménage intensif
Rafraîchir le corps, soulager les sensations
- Douches fraîches, bain de pieds, linge humide sur la nuque et les poignets
- Brumisateur à portée de main, éventail, serviettes fraîches
- Éviter les bains glacés, dangereux pour le cœur
Maintenir le lien, surveiller à distance
Appels matin et soir, visioconférences si possible. On ne se contente pas de "ça va ?", on vérifie l'état général, on observe le visage, on écoute la voix. On rappelle les consignes, on insiste sur l'hydratation. Si le parent oublie, un voisin, une aide à domicile[5], une association peut prendre le relais.
En cas de signes d'alerte : agir vite
- Allonger la personne dans un endroit frais
- Rafraîchir le corps (linge humide, ventilation douce)
- Faire boire par petites gorgées si la personne est consciente
- L’aspirine est généralement déconseillée, de même que les boissons très sucrées
- Appeler les secours (15, 112) si l'état ne s'améliore pas, si confusion ou perte de connaissance
Les numéros d'urgence doivent rester affichés près du téléphone : 15 (Samu), 18 (Pompiers), 112 (numéro européen), 3975 (écoute personnes âgées).
Dispositifs officiels et relais locaux
Dès la vigilance orange, les mairies et CCAS[4] activent visites, appels, distribution d'eau. Le registre communal, c'est la porte d'entrée pour ces aides. Les associations (Petits Frères des Pauvres, Senior Compagnie, MONALISA) se mobilisent pour des visites régulières, du portage de repas, des livraisons de produits frais. Le plan bleu s'applique en EHPAD[2] : pièce fraîche dédiée, surveillance accrue, adaptation des repas et des activités.
Pour les personnes isolées, l'hébergement temporaire chez un proche, en centre climatisé, voire en maison de retraite est envisageable si le logement s'avère inadapté.

Tableau récapitulatif : conduite à tenir
Situation | Actions à mener | Contacts utiles |
Avant la canicule[1] | Adapter le logement, constituer une réserve d'eau, inscrire au registre communal | Mairie, CCAS, entourage local |
Heures chaudes | Encourager à boire, garder la pièce fraîche, maintenir le contact quotidien | Services à domicile, voisins, famille |
Signes de déshydratation[4] | Proposer à boire, rafraîchir, surveiller l'état général | Médecin traitant, téléassistance |
Absence de réponse ou malaise | Appeler les secours, prévenir voisins ou proches sur place | SAMU (15), urgence (112), voisinage |
Plan canicule[1] : niveaux de vigilance et réponses concrètes
Niveau | Description | Actions principales |
Vert | Veille saisonnière | Prévention, information, repérage des personnes à risque |
Jaune | Avertissement chaleur | Activation des plans locaux, mobilisation solidaire |
Orange | Alerte canicule[1] | Visites, centres de rafraîchissement, plans départementaux |
Rouge | Mobilisation maximale | Ouverture généralisée des dispositifs, hébergement d'urgence |
Questions fréquentes : s'assurer de ne rien oublier
Quels médicaments surveiller pendant la canicule[1] ?
Certains traitements pourraient aggraver la déshydratation, comme les diurétiques, neuroleptiques ou certains antihypertenseurs. Ils ne doivent pas être interrompus sans avis médical. L’aspirine, en cas de déshydratation, est généralement déconseillée.
Peut-on rafraîchir avec de la glace ?
Non, les bains glacés sont dangereux pour les personnes âgées. Préférer les linges humides et les douches tièdes à fraîches.
Comment organiser la surveillance à distance ?
Appels quotidiens, visioconférences si possible, relais par voisins ou associations. Garder toujours une liste de contacts d'urgence affichée.
Un parent refuse de boire, que faire ?
Varier les boissons, proposer des soupes froides, fruits, compotes. Fractionner les prises, petites quantités, mais régulièrement.
Agir ensemble, tenir dans la durée
Face à la canicule[1], l'anticipation l'emporte sur l'improvisation. Famille, proches, voisins, associations, chacun a un rôle. Les dispositifs existent, encore faut-il les activer. Une vigilance partagée, organisée, fait la différence. Derrière chaque geste, une vie préservée, un drame évité.
Sources : Santé publique France, Ministère de la Santé, INRS, CCAS[4], associations d'aide aux seniors.
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