Canicule : ces médicaments souvent prescrits aux seniors qui peuvent favoriser la déshydratation

Canicule : ces médicaments souvent prescrits aux seniors qui peuvent favoriser la déshydratation
Droits et Aides

Les records de température tombent les uns après les autres. L'air devient lourd. La sueur perle, le cœur s'accélère. Pour les seniors, chaque canicule[1] ressemble à un test d'endurance. Mais derrière la sensation de malaise, un danger sournois guette : la déshydratation. Et si les fortes chaleurs inquiètent déjà, l'association avec certains médicaments multiplie les risques. Beaucoup de traitements courants, prescrits pour des pathologies chroniques, viennent perturber les mécanismes naturels qui permettent au corps de faire face à la chaleur.

Chaleur extrême, fragilité accrue : l'équation risquée des traitements chez les plus de 60 ans

Face aux fortes chaleurs, les traitements quotidiens des seniors ne sont pas sans conséquence : certains médicaments peuvent perturber la régulation naturelle du corps et aggraver les risques.

Médicaments et thermorégulation : des interactions sous-estimées

En situation normale, l'organisme déploie une série de réponses sophistiquées pour évacuer la chaleur : dilatation des vaisseaux sanguins en surface, transpiration accrue, respiration accélérée. Mais certains médicaments, pris au quotidien par une majorité de personnes âgées, viennent interférer avec ces processus. Résultat : le corps pourrait avoir plus de difficultés à évacuer l'excès de chaleur, l'eau et les sels minéraux s'échappent plus vite qu'ils ne sont remplacés. Chez les plus fragiles, l'équilibre se rompt parfois brutalement.

Senior qui étudie ses médicaments pouvant bloquer sa thermorégulation

Pourquoi les seniors paient-ils le prix fort ?

Avec l'âge, la sensation de soif s'émousse. Les reins filtrent moins efficacement. La réserve hydrique s'amenuise. Ajoutez à cela des traitements multiples  antihypertenseurs, diurétiques, antidépresseurs, neuroleptiques et le risque pourrait fortement augmenter. D'autant que la chaleur amplifie les effets secondaires : confusion, chutes, troubles du rythme cardiaque, détresse respiratoire. Un simple oubli d'hydratation, un effort en pleine après-midi, et la spirale s'enclenche.

LIRE AUSSI : Protéger les Seniors: Gérer les Risques de la Canicule[1]

Six grandes familles de médicaments à surveiller de près

La liste est longue, parfois insoupçonnée. Certains noms reviennent dans presque tous les piluliers des seniors. Voici les principales classes thérapeutiques impliquées lors des épisodes de canicule[1] :

  • Les diurétiques : prescrits dans l'hypertension, l'insuffisance cardiaque ou les œdèmes. Amiloride, furosémide, spironolactone, hydrochlorothiazide... Tous augmentent l'élimination de l'eau et du sodium, fragilisant l'équilibre hydrique. Leur effet, bénéfique en temps ordinaire, peut devenir dangereux lors de fortes chaleurs.
  • Les laxatifs : couramment utilisés contre la constipation, ils exposent à des diarrhées et donc à des pertes supplémentaires d'eau et de sels minéraux. Bisacodyl, macrogol ou séné figurent parmi les plus prescrits.
  • Certains antidiabétiques oraux : en particulier les gliflozines qui favorisent l'élimination du glucose par les urines… et donc de l'eau. Un effet bienvenu pour le diabète, mais à surveiller de près sous la canicule[1].
  • Les médicaments néphrotoxiques : certains traitements altèrent la fonction rénale, rendant l'organisme plus vulnérable à la déshydratation. On retrouve ici les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène), l'aspirine à dose antalgique, les IEC (captopril, ramipril), les sartans (valsartan, losartan), certains antibiotiques (sulfamides), voire certains antiviraux et le lithium.
  • Les psychotropes et anticholinergiques : neuroleptiques, antidépresseurs, médicaments contre la maladie de Parkinson, antispasmodiques urinaires. Ils réduisent la transpiration, perturbent la régulation cérébrale de la température ou favorisent l'hyperthermie. Leur danger augmente par forte chaleur.
  • Les hypotenseurs et vasodilatateurs : certains traitements de l'hypertension ou de l'angor limitent la capacité du corps à dilater ses vaisseaux ou à réguler la circulation entre la peau et le sang. En période de canicule[1], ils aggravent le risque de coup de chaleur.

Hyponatrémie : la complication silencieuse qui peut être grave, parfois fatale

La déshydratation ne se limite pas à la soif. Sous l'effet conjugué des pertes d'eau et de traitements spécifiques, le sodium sanguin peut chuter. Cette hyponatrémie reste souvent inapparente, jusqu'à ce que surgissent des symptômes graves : fatigue persistante, nausées, œdèmes, troubles de la conscience, voire coma. Les diurétiques et psychotropes figurent parmi les principaux coupables. Les personnes âgées, dénutries ou souffrant de maladies chroniques (rénale, cardiaque, hépatique, endocrinienne) paient le plus lourd tribut.

Voici les signes d'alerte à ne jamais négliger :

  • Asthénie inexpliquée, qui ne disparaît pas au repos
  • Vomissements, nausées, maux de tête
  • Confusion, troubles du comportement, somnolence inhabituelle
  • Œdèmes, convulsions dans les formes sévères

Face à ces signaux, la consultation médicale s'impose sans attendre.

LIRE AUSSI : Canicule : comment repérer un malaise chez une personne âgée qui ne parle pas ?[1]

Adapter les traitements : les bonnes pratiques à retenir

Une règle absolue : ne jamais arrêter ni modifier un traitement sans avis médical, même en pleine canicule[1]. Certains médicaments, bien que risqués, restent indispensables pour l'équilibre de pathologies chroniques. Seul un professionnel de santé peut juger de la nécessité d'ajuster une posologie, de suspendre temporairement un traitement ou de prévoir une surveillance biologique rapprochée.

En revanche, une discussion avec son médecin ou son pharmacien s'impose dès les premières chaleurs. Un bilan du pilulier, une évaluation de l'état d'hydratation, une adaptation du régime alimentaire parfois du sel à réintroduire prudemment, à l'inverse des recommandations habituelles peuvent éviter le pire.

Le recours systématique à la notice du médicament, souvent négligé, permet d'identifier d'éventuelles contre-indications en période de chaleur. Certains médicaments, comme le paracétamol ou l'aspirine à forte dose, sont généralement déconseillés en cas de coup de chaleur ou de déshydratation.

Senior qui demande un avis médical pour la modification de son traitement

Prévenir la déshydratation et l'hyponatrémie : gestes simples, efficacité maximale

  • Maintenir une hydratation régulière, adaptée à l'état de santé (en moyenne autour d'un litre et demi à deux litres par jour, parfois davantage selon la situation médicale)
  • Privilégier une alimentation riche en fruits et légumes pour l'apport en eau et en sels minéraux
  • Ne jamais boire de grandes quantités d'eau en une seule fois : fractionner l'apport sur la journée
  • Éviter les sorties et activités physiques aux heures les plus chaudes
  • Créer une « transpiration artificielle » en humidifiant et ventilant la peau
  • Envisager un aménagement du régime hyposodé, après validation médicale, chez les personnes sous diurétiques

LIRE AUSSI : 8 astuces pour éviter la déshydratation des personnes âgées pendant les vagues de chaleur

Questions fréquentes : repères pour agir sans tarder

QuestionRéponse
Dois-je arrêter mon diurétique en cas de canicule[1] ?Jamais sans avis médical. L'arrêt brutal peut décompenser une maladie chronique.
Paracétamol et chaleur : une fausse bonne idée ?Oui. Le paracétamol ne réduit pas la température corporelle lors d'un coup de chaleur.
Comment savoir si je suis déshydraté ?Bouche sèche, urines foncées, fatigue inhabituelle, maux de tête, vertiges sont des signes d'alerte.
Faut-il manger plus salé pendant une canicule[1] ?Pas systématiquement. L'équilibre sel-eau doit être discuté avec votre médecin, surtout en cas de régime hyposodé.
Quels médicaments dois-je signaler à mon médecin en priorité ?Diurétiques, antihypertenseurs, psychotropes, anti-inflammatoires, antidiabétiques oraux, laxatifs.

Repérer le danger, réagir vite : l'importance de la vigilance partagée

La canicule[1] n'a rien d'anodin chez les seniors sous traitement. L'association de la chaleur et de certains médicaments transforme l'équilibre fragile du corps en terrain miné. Hyponatrémie, déshydratation, troubles du rythme, confusion : les complications, parfois fatales, restent largement évitables. 

Un dialogue régulier avec les professionnels de santé, une surveillance attentive des signes d'alerte, la réévaluation des traitements avant et pendant l'été : voilà ce qui pourrait éviter bien des drames. Régulièrement, trop souvent, les mêmes situations se reproduisent. Pourtant, dans la plupart des cas, quelques gestes simples et un suivi médical adapté suffisent à éloigner le danger.

Sources : Agence nationale de sécurité du médicament, notices officielles des médicaments.

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