Marie a mis sa carrière entre parenthèses pour s’occuper de sa mère malade. Aujourd’hui, à 64 ans, elle s’interroge. Aura-t-elle droit à une retraite décente ? Comme elle, de nombreux aidants familiaux à plein temps se retrouvent à l’approche de la retraite avec un parcours morcelé, peu reconnu, et parfois peu indemnisé. Alors, quels sont vraiment leurs droits ? On vous explique tout, pour mieux comprendre et anticiper votre retraite après des années consacrées à un proche.
Aidants familiaux à plein temps : impacts sur la carrière et les cotisations retraite
S’occuper d’un proche en perte d’autonomie, c’est rarement un choix anticipé. Cela arrive souvent brutalement, sur fond d’urgence. Certains quittent leur emploi, d’autres passent à temps partiel, voire cessent complètement de travailler. Et forcément, côté retraite, ça se complique.
Des trous dans les cotisations liés aux interruptions de carrière
Certaines personnes tentent de cumuler leur emploi et leur rôle d’aidant, mais ce n’est pas toujours tenable. Entre les rendez-vous médicaux, les soins à domicile et l’organisation du quotidien, le travail passe souvent au second plan.
Mais une carrière interrompue, c’est autant de trimestres non validés. Or, pour toucher une retraite complète, il faut cumuler un certain nombre de trimestres, variable selon l’année de naissance.
En devenant aidant familial à plein temps, beaucoup se retrouvent avec des « trous » dans leur relevé de carrière. Ces périodes non cotisées réduisent directement le montant de la pension future.

Stress professionnel et isolement social des aidants familiaux
Outre les conséquences financières, le rôle d’aidant a un coût humain. Le stress, l’épuisement moral, la fatigue physique s’installent. L’isolement est fréquent, surtout quand on doit tout gérer seul. Plus de sorties, peu de loisirs, des relations sociales qui s’effritent…
Quand vient enfin l’âge de la retraite, l’aidant espère un répit. D’où l’importance de connaître les dispositifs qui permettent de sécuriser ses droits.
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Assurance vieillesse des aidants (AVA) : des trimestres retraite pour ceux qui accompagnent un proche en perte d’autonomie
Depuis septembre 2023, un nouveau dispositif vient renforcer la protection des aidants familiaux à plein temps : l’Assurance vieillesse des aidants (AVA). Elle permet de valider des trimestres de retraite sans avoir à cotiser.
Conditions d’accès à l’AVA
Pour bénéficier de l’AVA, il faut accompagner une personne en situation de handicap ou en perte d’autonomie avec un taux d’incapacité d’au moins 80 %.
Ce proche peut être un enfant, un adulte, une personne âgée… et il n’est plus nécessaire d’avoir un lien de parenté. L’essentiel, c’est d’apporter une aide régulière, dans le cadre d’une relation stable.
L’AVA est aussi accessible si vous avez pris un congé de proche aidant ou perçu l’AJPA (allocation journalière du proche aidant). La demande se fait auprès de la CAF, de la MSA ou de la MDPH.
Mode de validation des trimestres avec l’AVA
L’AVA permet de valider des trimestres de retraite à taux plein, sans verser de cotisations. Chaque trimestre accordé est comptabilisé comme si l’aidant avait travaillé.
Ces trimestres sont pris en compte dans le calcul de la durée d’assurance, ce qui aide à atteindre plus facilement la retraite à taux plein. C’est une vraie reconnaissance du temps passé à aider un proche.
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Les avantages de l’AVA pour la retraite des aidants familiaux à temps plein
Ce dispositif change la donne pour beaucoup. Il permet de compenser au moins en partie les conséquences des interruptions de carrière. Mais au-delà de la validation des trimestres, d’autres mesures viennent renforcer les droits des aidants.
Majoration de trimestres pour les aidants
Les aidants familiaux à plein temps peuvent bénéficier d’une majoration de durée d’assurance. Cela signifie qu’ils peuvent valider un trimestre supplémentaire pour chaque période de 30 mois d’aide apportée à une personne en perte d’autonomie ou en situation de handicap.
Ce bonus est plafonné à huit trimestres.
Ces trimestres s’ajoutent à ceux obtenus par d’autres biais et peuvent ainsi accélérer l’accès au taux plein ou permettre un départ plus tôt, malgré une carrière professionnelle interrompue.

Retraite à taux plein dès 65 ans
Les aidants qui ont accompagné un proche pendant au moins 30 mois consécutifs peuvent bénéficier d’une retraite à taux plein dès 65 ans, même s’ils n’ont pas le nombre de trimestres requis.
Si l’aidant part avant 65 ans, une décote peut s’appliquer. Celle-ci est calculée selon la durée d’assurance manquante. En revanche, si toutes les conditions sont remplies, ce dispositif permet de limiter les effets des périodes non travaillées sur le montant final de la pension.
Préparer la retraite quand on a été aidant à plein temps
Il est essentiel de préparer cette étape.
Vérifiez et actualisez votre relevé de carrière
Même si l’AVA peut être attribuée automatiquement dans le cadre de l’AJPA, il reste essentiel de vérifier que vos droits sont bien pris en compte. En consultant votre relevé de carrière, vous pouvez voir les trimestres validés et demander une correction si des périodes sont manquantes.
Vous pouvez solliciter un entretien information retraite auprès de votre caisse de retraite. Un conseiller pourra alors :
- analyser votre situation personnelle ;
- simuler votre date de départ à la retraite et estimer le montant de votre pension ;
- explorer avec vous les solutions possibles pour régulariser ou compléter vos droits.
Organiser la transition
Avec l’âge, les besoins changent, la santé peut se fragiliser, la fatigue s’installe plus vite. Même si vous êtes plus disponible en théorie, continuer à accompagner un proche au quotidien demande une vigilance particulière.
Si la personne aidée dépend toujours de vous, il peut être utile de réfléchir à un relais progressif. Hébergement temporaire, services à domicile, accueil de jour… Plusieurs solutions existent pour alléger votre charge tout en maintenant la qualité de l’accompagnement.
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Être aidant familial à plein temps ne doit pas vous faire passer à côté de vos droits à la retraite. Prenez le temps de faire le point, d’interroger votre caisse et de faire valoir votre engagement. Votre rôle compte, il mérite d’être reconnu jusqu’à la retraite.
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