Aidant familial et retraite : quels sont les impacts sur votre carrière et vos droits ?

Aidant familial et retraite quels sont les impacts sur votre carrière et vos droits
Droits et Aides

Vous avez dû mettre votre carrière entre parenthèses pour vous occupez d’un proche malade, âgé ou en situation de handicap ? Arrêts de travail, temps partiel, congé proche aidant pour vous occuper de votre parent dépendant… Ces changements dans votre vie professionnelle soulèvent une inquiétude majeure : quelles seront les conséquences sur votre retraite ? Heureusement, des aides et des droits existent pour protéger le parcours professionnel des aidants familiaux et vous permettre de partir à la retraite dans de bonnes conditions. Cet article vous aide à faire le point sur vos droits et à mieux préparer votre avenir tout en continuant à prendre soin de votre proche âgé.

Quels sont les avantages à la retraite pour un aidant familial ?

Être aidant familial peut bouleverser une carrière professionnelle. Néanmoins, des dispositifs spécifiques existent pour ne pas être pénalisé dans le calcul des droits à la retraite.

L’assurance vieillesse des aidants (AVA) : une reconnaissance plus large des aidants familiaux

L’AVA marque une avancée importante dans la reconnaissance du rôle essentiel des aidants familiaux et proches aidants.

C’est quoi l’AVA ? 

Depuis le 1er septembre 2023, l’AVA remplace partiellement l’ancienne AVPF (Assurance vieillesse des parents au foyer), qui ne concerne désormais plus que certains parents. 

L’AVA permet aux aidants, même sans lien familial direct, d’acquérir des trimestres de retraite sans cotiser eux-mêmes, à condition qu’ils cessent ou réduisent leur activité professionnelle pour accompagner une personne dans le besoin. La CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) prend en charge les cotisations versées à l’assurance vieillesse, et informe la Sécurité sociale pour éviter toute décote sur la retraite future.

À qui s’adresse l’AVA ?

L’AVA est ouverte à toute personne aidant un proche, dès lors que certaines conditions sont remplies. Elle concerne notamment :

  • les bénéficiaires du congé de proche aidant (CPA), qui suspendent ou réduisent leur activité professionnelle pour accompagner un proche en situation de dépendance[3] ;
  • les bénéficiaires de l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) ;
  • les aidants d’adultes handicapés, dès lors qu’ils aident régulièrement une personne âgée d’au moins 20 ans présentant un taux d’incapacité d’au moins 80 % et nécessitant une aide ou une présence attestée par la CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées).
  • les bénéficiaires de l’allocation journalière de présence parentale (AJPP), versée en cas de cessation temporaire d’activité pour s’occuper d’un enfant gravement malade, accidenté ou handicapé.

Les ressources du foyer ne sont pas prises en compte pour ouvrir droit à l’AVA. Cependant, si vous aidez un adulte handicapé, la Caf ou la MSA examinera vos revenus qui doivent être inférieurs à 63 % du plafond annuel de la sécurité sociale. L’objectif est de vérifier si votre activité professionnelle est bien réduite.

Des trimestres de retraite validés malgré l’arrêt ou la réduction d’activité du proche aidant 

Depuis la loi du 20 janvier 2014, les aidants peuvent bénéficier d’une majoration de la durée d’assurance retraite :

  • 1 trimestre par période de 30 mois d’aide apportée à une personne en situation de handicap, dans la limite de 8 trimestres ;
  • pour un enfant handicapé : la majoration est ouverte aux deux parents, même sans réduction d’activité.

aidante familiale calculant ses trimestres de retraite validés

Un départ à la retraite à taux plein dès 65 ans pour les aidants familiaux

Depuis quelques années, des dispositifs spécifiques ont été mis en place pour mieux prendre en compte l’engagement des aidants familiaux dans le calcul de leur retraite.

Les conditions de départ à la retraite à 65 ans 

En principe, l’âge du taux plein est aujourd’hui fixé à 67 ans pour les personnes nées après juillet 1951. Toutefois, une mesure dérogatoire permet aux aidants familiaux de partir à taux plein dès 65 ans, même s’ils n’ont pas validé tous leurs trimestres.

Pour bénéficier de cette retraite anticipée, vous devez :

  • avoir pris en charge quotidiennement une personne en situation de handicap (enfant, parent, proche ou même sans lien de parenté) ; 
  • avoir réduit ou interrompu votre activité professionnelle pendant au moins 30 mois consécutifs pour vous occuper de cette personne ; 
  • pouvoir justifier de votre rôle d’aidant, notamment via la perception de la PCH par la personne accompagnée.

La décote pour un départ à la retraite avant 65 ans

Si vous demandez votre retraite avant 65 ans, une décote sera appliquée. Celle-ci sera calculée sur le nombre de trimestres manquants pour atteindre la durée d’assurance requise ou sur le nombre de trimestres restant avant vos 65 ans.

C’est le taux de décote le plus élevé qui sera retenu, et votre accord est requis pour appliquer cette minoration.

L’aidant familial peut-il être rémunéré ? 

Il est possible, sous certaines conditions, que l’aidant familial soit rémunéré.

L’Allocation journalière du proche aidant (AJPA)

L’AJPA est une aide financière versée par la CAF ou la MSA à l’aidant familial qui réduit ou cesse temporairement son activité professionnelle pour s’occuper d’un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie. Son montant en 2025 est de 65,80 € par jour et 32,90 € par demi-journée. Vous pouvez bénéficier de 66 jours par personne, dans la limite de 4 personnes, tout au long de votre carrière, soit 264 jours au total.

La rémunération via l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie)

L’APA permet de financer une aide à domicile[4], y compris un aidant familial, sauf s’il s’agit du conjoint, concubin ou partenaire de PACS du bénéficiaire. L’aidant peut alors être salarié du proche aidé, avec tous les droits sociaux associés (cotisation retraite, congés, protection sociale…).

Bon à savoir : un aidant salarié ne peut pas être désigné comme tuteur ou curateur de la personne aidée, car il existe un lien de subordination professionnelle.

La rémunération via la PCH (Prestation de compensation du handicap)

La PCH permet de rémunérer ou dédommager un proche aidant, sauf s’il s’agit :

  • du conjoint, d’un parent ou d’un enfant de la personne aidée ; 
  • d’une personne à la retraite ou travaillant à temps plein.

Il existe une exception si l’état de santé de la personne aidée nécessite une aide totale et une présence constante.

En 2025, le dédommagement de l’aidant via la PCH s’élève à 4,70 € net de l’heure ou 7,05 € si l’aidant à réduit ou cessé son activité.

Être salarié en tant qu’aide à domicile[4] par le proche aidé

Si la personne aidée ne bénéficie pas de l’APA ou de la PCH, mais possède des revenus suffisants, elle peut embaucher un proche aidant en tant qu’aide à domicile[4] via un contrat de travail classique ou un CESU (Chèque emploi service universel).

L’aidant devient salarié, avec les droits associés à la sécurité sociale, retraite, congés payés ou encore chômage.

LIRE AUSSI : Doit-on être employé pour devenir aidant familial ?

Est-ce que l’aidant familial bénéficie d’avantages fiscaux ?  

Oui, un aidant familial peut bénéficier de plusieurs aides fiscales, à condition de remplir certains critères.

Une part supplémentaire pour le calcul de l’impôt[5] sur le revenu

Si vous gardez l’un de vos parents à la maison, s’il est en situation de handicap et titulaire de la carte mobilité inclusion (CMI) avec un taux d’incapacité d’au moins 80 %, vous pouvez obtenir une demi-part fiscale supplémentaire. Il est alors nécessaire d’inclure les revenus imposables de cette personne dans votre propre déclaration fiscale.

Un crédit ou une réduction d’impôt[5] pour l’aide à domicile[4]

Lorsque vous employez un salarié à domicile ou faites appel à un service d’aide à domicile[4] pour accompagner votre proche dépendant, vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt[5] équivalent à 50 % des dépenses engagées dans la limite de : 

  • 12 000 €, augmentés de 1 500 € par personne de plus de 65 ans, avec un maximum de 15 000 € ; 
  • 20 000 € si un membre du foyer est titulaire d'une carte d'invalidité ou perçoit une pension d'invalidité de 3e catégorie.

Un crédit d’impôt[5] pour l’aménagement du logement

Si vous réalisez des travaux dans votre résidence principale pour favoriser l’accueil ou le maintien à domicile[6] d’une personne handicapée tels que l’installation de rampes, d’un monte-escalier ou encore d’une douche adaptée, vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt[5] spécifique lié aux équipements spéciaux.

Une exonération des charges sociales

Enfin, si vous employez une aide à domicile[4] pour assister votre proche en perte d’autonomie, vous pouvez être exonéré partiellement ou totalement des charges sociales associées à cet emploi.

La reconnaissance du rôle des aidants familiaux progresse avec des dispositifs comme l’AVA et la retraite à taux plein dès 65 ans. Ces mesures offrent un soutien concret à ceux qui consacrent leur temps à un proche en perte d’autonomie.

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