Noël approche, les salons s'illuminent, les tables se parent. L'ambiance promet chaleur et retrouvailles, mais derrière cette magie, les statistiques hospitalières dressent chaque année le même constat : le mois de décembre rime avec afflux aux urgences, blessures inattendues, et complications parfois évitables.
Les soignants, moins nombreux pendant les vacances, voient défiler des cas évitables, souvent liés à de simples gestes mal maîtrisés. Les aidants familiaux, parents, proches, amis, ont pourtant entre leurs mains la possibilité de déjouer ces risques. Heureusement, cinq réflexes clés, concrets, faciles à adopter, suffisent à changer la donne.
Un contexte sous tension : pourquoi les urgences saturent à Noël
Chaque année, la période des fêtes amplifie la pression sur les services d'urgences. Les causes sont multiples :
- repas copieux,
- consommation d'alcool en hausse,
- distractions,
- effectifs hospitaliers réduits,
- indisponibilité des médecins de ville.
Selon plusieurs études britanniques et françaises, la fréquentation grimpe de 4 % en moyenne, avec des pointes lors des réveillons.
Les cas recensés ? Accidents domestiques, intoxications, blessures, exacerbation de maladies chroniques, mais aussi violence et isolement. La journée du 25 décembre, paradoxalement, reste calme, les familles privilégiant la convivialité. Mais dès le lendemain, l'afflux reprend, poussé par des incidents souvent anodins à la base.

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Geste n°1 : ouvrir les huîtres sans se blesser
Le plateau de fruits de mer, incontournable pour beaucoup, cache un danger sous-estimé. Le couteau à huîtres, mal utilisé, fait chaque année de nombreuses victimes. Mains transpercées, tendons sectionnés, infections, parfois chirurgie nécessaire. L'erreur fréquente ? Vouloir aller vite, négliger la protection, mal positionner la main. Pour éviter la catastrophe :
- Choisir un couteau à huîtres adapté, jamais un couteau de cuisine classique.
- Porter un gant de protection, en cotte de maille ou épais, sur la main qui tient l'huître.
- Poser l'huître sur une surface stable, éloigner les doigts du trajet de la lame.
- Prendre son temps, refuser d'ouvrir les huîtres à la va-vite ou sous pression des convives.
- Faire ouvrir les huîtres à la poissonnerie si possible.
En cas de coupure superficielle, nettoyer à l'eau tiède, désinfecter, comprimer pour stopper le saignement, poser un pansement compressif. Si la plaie est profonde, large, saigne abondamment, ou si les mouvements des doigts deviennent difficiles : contacter un médecin avant tout déplacement. Mieux vaut différer la visite aux urgences pour éviter la saturation, si la blessure n'est pas grave.
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Geste n°2 : déboucher le champagne sans viser l'accident
Le bruit du bouchon qui saute fait partie de la fête. Pourtant, le risque d'accident oculaire n'a rien d'anecdotique : une bouteille mal orientée peut provoquer une contusion grave, voire une perte de vision. Des dizaines de cas chaque année, souvent par inattention ou précipitation.
Quelques consignes suffisent :
- Enlever le muselet sans secouer la bouteille, la maintenir inclinée à 45 degrés.
- Ne jamais pointer le goulot vers une personne, un animal, ou une fenêtre.
- Orienter systématiquement vers le plafond ou un espace dégagé.
- Dévisser lentement le bouchon, le contrôler avec le pouce pour éviter l'effet “coup de canon”.
En cas de choc à l'œil, consulter un ophtalmologiste sans délai, même sans douleur immédiate. Les lésions internes peuvent survenir sans symptôme au début.
Geste n°3 : surveiller la chaîne du froid, prévenir intoxications et allergies
Fruits de mer, crustacés, produits frais abondent sur les tables. Mais le respect de la chaîne du froid conditionne la sécurité du repas. Les intoxications alimentaires grimpent en flèche en décembre, souvent à cause d'une conservation approximative. Quelques principes s'imposent :
- Stocker immédiatement au réfrigérateur tous les aliments sensibles, éviter la promiscuité avec des plats chauds.
- Si le frigo déborde, utiliser l'extérieur à condition que la température soit inférieure à 4°C.
- Vérifier la fraîcheur des huîtres avec le test du citron : si la chair bouge, elle est vivante ; sinon, jeter sans hésiter.
- Éviter la consommation de produits crus chez les personnes fragiles, enfants, femmes enceintes, personnes âgées.
Parmi les symptômes à surveiller : vomissements, diarrhées, fièvre, douleurs abdominales. Face à ces signes, privilégier l'hydratation, surveiller l'état général, consulter si les troubles persistent.
Autre précaution, parfois négligée : le sapin naturel peut déclencher des allergies respiratoires. Toux, rhinite, essoufflement, surtout chez les asthmatiques. Aérer régulièrement la pièce, limiter la durée de présence du sapin, aspirer les épines tombées.
Geste n°4 : sécuriser sapin, décorations et cheminée
Ambiance tamisée, bougies, guirlandes… Les risques d'incendie ou de brûlures augmentent fortement en décembre. Sapins secs, décorations inflammables, rallonges électriques surchargées, fausse neige, emballages dans la cheminée : autant de facteurs déclencheurs. Les urgences voient arriver chaque année des familles surprises par la rapidité de la propagation du feu.
- Choisir des guirlandes lumineuses certifiées (NF, CE), éviter les modèles bas de gamme.
- Éteindre systématiquement les décorations lumineuses la nuit ou en cas d'absence.
- Ne jamais poser de bougies sur des tables basses, ni à proximité de rideaux ou de sapin.
- Vérifier le détecteur de fumée, remplacer les piles si nécessaire.
- Ne pas jeter d'emballages ou de papiers cadeaux dans la cheminée.
- Ramoner le conduit au moins deux fois par an, aérer la pièce, installer les groupes électrogènes à l'extérieur.
Une vigilance accrue avec les enfants s'impose : désigner un adulte référent pour la surveillance, éloigner allumettes et briquets, sensibiliser aux dangers des flammes et des prises électriques.
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Geste n°5 : anticiper les urgences vitales, connaître les gestes qui sauvent
Les fêtes, propices aux excès, exposent aussi à des urgences vitales : étouffements, chutes graves, intoxications alcooliques. Les jeunes enfants, mais aussi les adultes distraits, risquent la fausse route avec les petits aliments, cacahuètes, jouets miniatures. Savoir réagir rapidement fait la différence.
- Si la personne tousse, laisser faire : les voies respiratoires restent partiellement libres.
- Si aucun son ne sort, urgence : effectuer 5 claques dans le dos, puis 5 compressions abdominales (manœuvre de Heimlich), alterner jusqu'à expulsion de l'objet.
- Chez les bébés, adapter les gestes (consulter les recommandations de la Croix-Rouge).
- En cas de malaise, contacter immédiatement le 15 (SAMU) ou le 112 (numéro d'urgence européen).
Pour les personnes âgées ou fragiles, surveiller la prise des traitements, éviter les déplacements inutiles, s'assurer d'un suivi médical même pendant les fêtes. En cas de doute, toujours appeler un professionnel avant de se rendre aux urgences. Cela évite la saturation et garantit une prise en charge plus adaptée.

FAQ pratique : adopter les bons réflexes pendant les fêtes
Quand appeler les secours plutôt que de se déplacer ?
Toute détresse respiratoire, hémorragie incontrôlable, perte de connaissance, brûlure grave, suspicion d'AVC[2] ou de crise cardiaque doivent motiver un appel immédiat au 15 ou au 112.
Comment limiter les risques pour les enfants pendant les repas ?
Garder hors de portée les petits objets, couper les aliments en petits morceaux, surveiller en continu, éviter les jeux bruyants pendant les repas.
Que faire si une coupure saigne beaucoup ?
Comprimer, surélever, poser un pansement compressif. Si le saignement ne cesse pas ou si la blessure touche un tendon ou un nerf, consulter sans attendre.
Quels sont les signes d'intoxication au monoxyde de carbone ?
Maux de tête, nausées, fatigue, confusion, vomissements, perte de connaissance. Sortir immédiatement à l'air libre, appeler les secours.
Quels numéros retenir ?
15 (SAMU), 18 (pompiers), 112 (urgence européenne). Toujours garder ces numéros visibles à la maison.






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