AAH, MVA et retraite complémentaire : qui garde quoi et combien ? 

AAH, MVA et retraite complémentaire : qui garde quoi et combien ? 
Droits et Aides

À l’heure de la retraite, pour une personne en situation de handicap et/ou déjà bénéficiaire de l’AAH ou de la MVA, plusieurs questions se posent : vais-je continuer à percevoir mes aides ? Ou bien vais-je basculer vers l’ASPA ? Quel sera le montant après cumul avec ma pension de retraite ? Ce guide vous éclaire sur les règles en 2025-2026, les calculs à connaître, et vous propose trois scénarios chiffrés pour visualiser concrètement « qui garde quoi et combien ».

AAH, MVA, retraite de base et complémentaire : quelles sont les règles du jeu à la retraite ?

Votre parent va bientôt être à la retraite et vous vous demandez si cette situation va entraîner une suppression des aides liées à son handicap. Voici les éléments clés à connaître en 2025-2026.

Versement de l’AAH : maintien ou arrêt selon le taux d’incapacité   

À l’approche de la retraite, tous les bénéficiaires de l’AAH ne suivent pas le même parcours. La CAF distingue deux situations selon le taux d’incapacité.

Si votre taux d’incapacité est ≥ 80 % : maintien possible de l’AAH après 62 ans

Normalement, à 62 ans (âge de départ anticipé au titre de l’inaptitude), il y a substitution automatique de la retraite à l’AAH, mais les bénéficiaires dont le taux d’incapacité est au moins de 80 % peuvent conserver l’aide au moment de la retraite, à condition que leur pension reste inférieure au montant maximal de l’AAH, de 1 033,32 € par mois.

Et si vous souhaitez poursuivre votre activité professionnelle jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite (67 ans), sachez que c’est tout à fait possible. Dans ce cas, vous continuez à percevoir l’AAH jusqu’à la date de liquidation de votre retraite.

Senior éligible au maintien de l’AAH après 62 ans

Si votre taux d’incapacité est de 50–79 % : l’AAH s’arrête à la retraite

Pour les bénéficiaires ayant un taux compris entre 50 % et 79 %, l’AAH cesse à 62 ans peu importe la situation professionnelle, et cela, même si la retraite est faible, puisque l’AAH n’est plus cumulable dans cette tranche de taux d’invalidité.

À lire aussi : Avantages et inconvénients de l’invalidité 2 après 60 ans

MVA : conditions, maintien ou suppression lorsque l’AAH disparaît 

La majoration pour la vie autonome (MVA) est un complément destiné à aider les personnes handicapées vivant dans un logement indépendant. Son maintien dépend étroitement du versement de l’AAH.

Pour recevoir la MVA, il faut :

  • être bénéficiaire de l’AAH à taux plein ou en complément de votre retraite ;
  • avoir un taux d’incapacité d’au moins 80 % ;
  • occuper un logement indépendant ;
  • percevoir une aide au logement[2] ;
  • ne pas percevoir de salaire.

La CAF précise que la MVA est attribuée automatiquement, en même temps que l’AAH, lorsque toutes les conditions sont remplies, sans demande spécifique. Si le versement de l’AAH s’arrête, celui de la MVA s’arrête également.

Son montant en 2025 est de 104,77 €/mois.

Qu’est-ce que la déconjugalisation de l’AAH et quel impact sur la retraite ? 

Depuis le 1ᵉʳ octobre 2023, l’AAH est déconjugalisée. Cela signifie que les revenus du conjoint ne sont plus pris en compte dans le calcul de la prestation.

Concrètement : même si le conjoint perçoit un revenu important, cela n’impacte plus votre AAH si vous êtes seul bénéficiaire. Cela renforce votre droit à l’AAH voire à un montant plus élevé.

Au cas où la déconjugalisation ne serait pas favorable, le bénéficiaire pourra conserver l'ancien mode de calcul et touchera donc une AAH conjugalisée, c'est-à-dire que le conjoint du bénéficiaire et ses ressources seront toujours pris en compte dans le calcul de la prestation. 

Cette réforme est clé pour les personnes handicapées vivant en couple, car elle améliore leur sécurité financière, sans les rendre dépendantes des ressources de leur conjoint.

AAH, MVA et pension : comment savoir ce que vous toucherez réellement à la retraite ?

À partir du moment où les pensions entrent en jeu, la question centrale devient : comment ces montants influencent-ils mes droits à l’AAH ou à la MVA ? Voici comment fonctionne le calcul en pratique.

Le principe de l’AAH différentielle et l’impact de la retraite complémentaire Agirc-Arrco

Le montant maximal de l’AAH en 2025 est égal à  1 033,32 €/mois. Si votre pension de base + complémentaire Agirc-Arrco est inférieure à ce montant, l’AAH intervient pour compléter la différence

Exemple : pension de retraite = 700 €/mois.

AAH = 1 033,32 € - 700 € = environ 333,32 €/mois.

Si votre pension est égale ou supérieure à 1 033,32€/mois, l’AAH cesse. Donc l’AAH n’est pas « ajoutée » à la retraite, c’est une aide différentielle qui sert à atteindre un plancher.

Pour connaître précisément votre retraite complémentaire, vous pouvez consulter votre espace personnel Agirc-Arrco ou contacter directement votre caisse. Ces informations sont indispensables pour anticiper vos droits à l’AAH.

Que se passe-t-il si l’AAH s’arrête ? Est-ce que le senior bascule systématiquement sur l’ASPA ?

Lorsque l’AAH cesse au moment de la retraite, la personne ne bascule pas automatiquement vers l’ASPA. Le passage dépend entièrement de ses ressources.

L’ASPA est un minimum vieillesse[3]. Elle n’est versée que si les ressources du senior sont inférieures au plafond légal de 12 411,44 € par an pour une personne seule et 19 268,80 € par an pour un couple.

Si votre pension totale (base + complémentaire) dépasse ces montants, vous n’avez pas droit à l’ASPA.

Si vos ressources sont inférieures au plafond, l’ASPA complète jusqu’au montant maximal.

ASPA = plafond - ressources mensuelles

Si votre pension est de 800 € par mois, votre ASPA sera égale à 234,28 € ((12 411,44 €/12) - 800 €). 

L’ASPA vous garantit un revenu minimal mensuel, elle peut être cumulée avec d’autres allocations telles que l’AAH et l’APL. Mais attention, l’ASPA peut être récupérée sur la succession après le décès du bénéficiaire.

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Senior qui regarde si elle peut toucher L'ASPA si l’AAH s’arrête

3 scénarios de calcul du montant perçu à la retraite en fonction de l’AAH

Pour visualiser « qui garde quoi et combien », voici trois scénarios avec calculs simplifiés : pension de base + complémentaire, AAH éventuelle, MVA éventuelle et total net mensuel.

1 - Petite retraite - handicap supérieur ou égal à 80 % - AAH résiduelle et MVA

Retraite de base400 €
Retraite complémentaire150 €
Retraite totale550 €
Plafond AAH 20251 033,32 €
AAH différentielle483,32 €
MVA si logement autonome104,77 €
Total mensuel perçu1 138,09 €

2 - Retraite moyenne - Pas d’AAH

Retraite de base700 €
Retraite complémentaire400 €
Retraite totale1 100 €
Plafond AAH 20251 033,32 €
AAH différentielle0 €
MVA si logement autonome0 €
Total mensuel perçu1 100 €

3 - Taux 50 à 79 % - Retraite moyenne - Pas d’AAH

Retraite de base500 €
Retraite complémentaire200 €
Retraite totale700 €
Plafond ASPA 20251 034,28 €
ASPA différentielle334,28 €
AAH0 €
MVA0 €
Total mensuel perçu1 034,28 €

FAQ 

Peut-on garder l’AAH à la retraite et dans quels cas ? 

Oui, uniquement si votre taux d’incapacité est ≥ 80 % et que votre pension reste inférieure au plafond AAH. Dans ce cas, l’AAH devient différentielle.

Doit-on payer la maison de retraite de ses parents quand on perçoit l’AAH ?

Si vous percevez l’AAH, vous pouvez être sollicité pour payer la maison de retraite de vos parents au titre de l’obligation alimentaire[4]. Toutefois, vos ressources sont examinées selon votre situation réelle, et l’AAH (prestation non imposable) est généralement prise en compte dans la limite du raisonnable par le département.

La MVA continue-t-elle si l’AAH s’arrête ? 

Non. La MVA est liée à l’AAH : si l’AAH cesse, la MVA cesse automatiquement.

Comment la retraite complémentaire impacte mon AAH ? 

La CAF additionne votre retraite de base + retraite complémentaire. Si le total est inférieur au plafond AAH, vous recevez une AAH différentielle.

Que se passe-t-il avec un taux d’incapacité de 50–79 % ?

L’AAH s’arrête à la retraite et vous pouvez obtenir l’ASPA uniquement si vos ressources sont inférieures aux plafonds minimum vieillesse[3].

La déconjugalisation change-t-elle le calcul ? 

Oui : depuis 2023, les revenus du conjoint sont exclus du calcul, ce qui augmente souvent le droit à l’AAH différentielle.

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