Votre maman vient d’entrer en EHPAD. Vous aviez une idée approximative du coût… jusqu’à la première facture, plus élevée que ce que vous imaginiez. Vous vous demandez : « Combien va vraiment me coûter la maison de retraite de mon parent… et comment payer si je n’en ai pas les moyens ? » Ce guide a pour objectif de vous donner une méthode simple pour comprendre, calculer et réduire le reste à charge en EHPAD. En quelques minutes, vous saurez comment fonctionnent les tarifs, quelles aides demander et comment l’avantage fiscal peut alléger la note.
Comprendre ce que couvre la facture d’un EHPAD
La facture d’un EHPAD se compose de deux volets principaux : l’hébergement et la dépendance. Tout ce qui concerne les soins médicaux et infirmiers sont pris en charge par l’assurance-maladie. Cela inclut les consultations, les médicaments, la surveillance médicale ou encore les pansements.
Le tarif hébergement
Le tarif hébergement couvre tout ce qui relève du « quotidien hôtelier » : la chambre, les repas, l’entretien, le linge, l’animation, etc. C’est le poste le plus élevé de la facture : entre 60 € et 100 € par jour selon le standing, le statut et la localisation de l’établissement.
Ce tarif varie selon le département, car chaque conseil départemental fixe les règles d’encadrement des prix. Certaines structures publiques ou habilitées à l’aide sociale affichent des tarifs modérés ; les privés non conventionnés peuvent être plus onéreux.

Le tarif dépendance
Le tarif dépendance couvre l’aide à la toilette, aux repas, aux déplacements ou à la surveillance.
Il est indexé sur le niveau de perte d’autonomie, évalué selon la grille AGGIR[4][3] :
- GIR[2] 1-2 : dépendance lourde, en moyenne 20,86 € par jour ;
- GIR[2] 3-4 : dépendance moyenne, environ 13,23 € par jour ;
- GIR[2] 5-6 : dépendance légère, 5,61 € par jour.
Ce tarif peut être en partie couvert par l’APA pour les résidents en GIR[2] 1-4.
Comment se calcule le reste à charge en EHPAD ?
Comprendre ce que l’on appelle « reste à charge » est essentiel avant d’aborder les aides. C’est souvent ce montant final, celui que la famille doit réellement payer, mois après mois, qui conditionne la décision d’entrée en EHPAD, le choix de l’établissement et les démarches administratives.
Reste à charge = (Tarif hébergement + tarif dépendance + tarif prestations en option) - Total des aides perçues par le résident.
Certaines prestations ne sont pas comprises dans le tarif hébergement. Elles peuvent sensiblement faire varier le reste à charge d’un mois sur l’autre. Il s’agit généralement de services divers : coiffure, podologue, entretien du linge personnel, accès à certaines activités, etc.
Quelles sont les différentes aides permettant de réduire le reste à charge en EHPAD ?
Une fois la facture brute comprise, l’étape suivante consiste à identifier toutes les aides publiques capables d’alléger le montant final. Elles peuvent réduire de plusieurs centaines d’euros par mois le reste à charge des familles.
L’APA en établissement
L’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) est la première aide mobilisable en EHPAD. Elle vise à couvrir une partie du tarif dépendance.
Les critères pour bénéficier de l’APA en établissement
Pour avoir droit à cette aide du département, il faut :
- être âgé d’au moins 60 ans ;
- résider de façon stable en France ;
- être évalué en GIR[2] 1, 2, 3 ou 4 par l’équipe médico-sociale.
Une fois accordée, l’APA est versée directement à l’EHPAD.
Le ticket modérateur
Le ticket modérateur en EHPAD représente la partie du tarif dépendance que le résident doit payer dans tous les cas, même lorsqu’il bénéficie de l’APA. Cette contribution minimale correspond au tarif dépendance fixé pour les personnes les plus autonomes (GIR[2] 5-6).
En pratique, le mécanisme fonctionne ainsi :
- le tarif dépendance facturé par l’EHPAD augmente à mesure que la perte d’autonomie est importante ;
- l’APA couvre la différence entre ce tarif élevé et le tarif le plus bas (GIR[2] 5-6) ;
- le montant du tarif GIR[2] 5-6 reste donc systématiquement à la charge du résident : c’est le ticket modérateur, qui ne peut jamais être pris en charge par l’APA.
Comment varie la participation pour les personnes âgées ?
Le montant de l’APA dépend aussi des ressources mensuelles.
Si les revenus sont inférieurs à 2 799 € par mois en 2025, la participation est minimale. C'est-à-dire que le résident paiera uniquement le ticket modérateur de 5,61 € en moyenne.
Au-delà, la participation augmente selon un barème départemental pouvant aller jusqu’à 80 % de la différence tarifaire.
Exemple :
Mme Dupont est évaluée en GIR[2] 3 et touche 1 500 €/mois de revenus :
- Tarif dépendance GIR[2] 3 : 13 €/jour ;
- Tarif GIR[2] 5-6 : 5 €/jour ;
- APA = (13-5) × 365 = 2 920 € pris en charge par an soit 243 par mois ;
- Reste à payer sur la part dépendance = 5 €/jour = 1 825 €/an, soit 152 € par mois.
L’APA permet de réduire la part dépendance de plus de 60 %.
L’ASH
L’ASH (Aide sociale à l’hébergement) est une aide subsidiaire : elle intervient après la mise en contribution des obligés alimentaires en vertu de l’article 205 du Code civil.
Qui peut en bénéficier ?
L’ASH est une aide départementale destinée à régler tout ou partie des frais d’hébergement en EHPAD pour les personnes âgées dont les ressources ne suffisent pas.
Les conditions principales pour l’obtenir :
- être âgé de 65 ans ou plus (ou 60 ans si inaptitude) ;
- vivre en France de façon stable, hébergé dans un établissement habilité à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale.
La récupération de l’ASH sur succession
Contrairement à l’APA, l’ASH peut faire l’objet d’une récupération par le département après le décès du bénéficiaire :
- le département peut exiger le remboursement sur la succession du résident, dans la limite de l’actif net successoral ;
- les donations dans les 10 ans précédant la demande ou après celle-ci peuvent provoquer une récupération de l’aide.
Toutefois, des exonérations sont possibles selon la situation, notamment si la personne était dans une situation de faibles ressources ou si l’héritier peut prouver qu’il assume la charge effective de soin.
Il est donc important, avant de compter sur l’ASH, de bien comprendre les risques de récupération, de vérifier la situation patrimoniale, et d’anticiper (donations, assurance-vie, etc.) avec un conseil.
La réduction d’impôt[5] en maison de retraite médicalisée
Les frais d’hébergement et de dépendance en EHPAD peuvent ouvrir droit à un avantage fiscal significatif : la réduction d’impôt[5], qui permet d’alléger directement ce que la famille paie pour la maison de retraite.
Qui peut bénéficier de la réduction d’impôt[5] en EHPAD et sous quelles conditions en 2025 ?
En 2025, les résidents d’EHPAD imposables peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt[5] au titre des « frais d’accueil dans un établissement pour personnes dépendantes ».
Le montant de la réduction est égal à 25 % des dépenses payées pour l’hébergement + dépendance après déduction des aides publiques.
Le plafond de dépenses est de 10 000 € par personne hébergée par an, entraînant une réduction maximale de 2 500 €/an. Jusqu’en 2025, la réduction s’impute sur l’impôt[5] dû. Si vous n’êtes pas imposable ou que votre impôt[5] est trop faible, l’avantage est perdu.

Ce qui change en 2026 pour les personnes âgées en maison de retraite
Une réforme est prévue pour 2026 : la réduction d’impôt[5] devrait être transformée en crédit d’impôt[5] remboursable pour tous les résidents, imposables ou non.
À priori, le taux reste le même, 25 % des dépenses éligibles, dans la limite de 10 000 € par personne hébergée, soit 2 500 euros maximum.
Exemple de calcul
Résident non imposable, dépenses après aides 8 000 €.
- en 2025 : réduction d’impôt[5] = 25 % × 8 000 € = 2 000 €, mais non imposable ⇒ 0 € d’avantage ;
- en 2026 : crédit d’impôt[5] = 2 500 € remboursable ⇒ 2 000 € reçus.
Résident imposable, dépenses 12 000 €.
- en 2025 : réduction d’impôt[5] = 25 % x 12 000 = 3 000 € ⇒ 2 500 € perçus si l’impôt[5] est au moins égal à ce montant ;
- en 2026 : 2 500 € en crédit remboursable si impôt[5] trop faible.
Il est donc crucial, pour 2025 comme 2026, de conserver les factures détaillées et les justificatifs d’aides, car cela conditionne le droit au crédit d’impôt[5].
Quel reste à charge pour les seniors en EHPAD ? 3 exemples de calcul
1 - Paul est en GIR[2] 1, revenus modestes, non imposable
| Montants annuels (€) | Explications | |
| Tarif hébergement | 30 000 € | Chambre + repas + services hôteliers |
| Tarif dépendance GIR[2] 1 | 4 745 € | 13 € x 365 |
| Total facture EHPAD | 34 745 € | Avant aides |
| APA (GIR[2] 1) | 2 697 € | Différence entre GIR[2] 1 et GIR[2] 5-6 |
| Ticket modérateur | 2 048 € | Toujours à la charge du résident |
| APL | 3 000 € | Hypothèse |
| Facture après aides | 29 048 € | Montant payé avant fiscalité |
| Avantage fiscal 2025 | 0 € | Résident non imposable |
| Reste à charge 2025 | 29 048 € | |
| Crédit d’impôt[5] 2026 | 2 500 € | 25 % des dépenses |
| Reste à charge 2026 | 26 548 € |
2 - Lucienne est en GIR[2] 2, revenus moyens, imposable
| Montants annuels (€) | Explications | |
| Tarif hébergement | 40 000 € | Chambre + repas + services hôteliers |
| Tarif dépendance GIR[2] 2 | 7 300 € | 20 € x 365 |
| Total facture EHPAD | 47 300 € | Avant aides |
| APA (GIR[2] 2) | 5 252 € | Différence entre GIR[2] 2 et GIR[2] 5-6 |
| Ticket modérateur | 2 048 € | Toujours à la charge du résident |
| APL | 2 000€ | Hypothèse |
| Facture après aides | 40 048 € | Montant payé avant fiscalité |
| Avantage fiscal 2025 | 2 500 € | 25 % des dépenses |
| Reste à charge 2025 | 37 548 € | |
| Crédit d’impôt[5] 2026 | 2 500 € | 25 % des dépenses |
| Reste à charge 2026 | 37 548 € |
3 - André est en GIR[2] 5-6, bénéficiaire de l’ASH
| Montants annuels (€) | Explications | |
| Tarif hébergement | 28 000 € | Chambre + repas + services hôteliers |
| Tarif dépendance GIR[2] 5-6 | 1 825 € | 5 € x 365 |
| Total facture EHPAD | 29 825 € | Avant aides |
| APA (GIR[2] 5-6 ) | 0€ | Non éligible |
| ASH | 20 000 € | |
| APL | 1 200 € | Hypothèse |
| Facture après aides | 8 625 € | Montant payé avant fiscalité |
| Avantage fiscal 2025 | 2 156 € | 25 % des dépenses |
| Reste à charge 2025 | 6 469 € | |
| Crédit d’impôt[5] 2026 | 2 156 € | 25 % des dépenses |
| Reste à charge 2026 | 6 469 € |
Check-list des 7 actions à envisager pour réduire votre reste à charge en établissement
- Demandez votre évaluation GIR[2] dès l’entrée pour ouvrir droit à l’APA.
- Constituez le dossier APA auprès du département sans attendre.
- Vérifiez si l’établissement est habilité à l’ASH avant la signature du contrat.
- Déposez une demande d'aide au logement[6] (APL ou ALS) auprès de la CAF.
- Conservez toutes les factures et justificatifs pour l’avantage fiscal.
- Anticipez la transition 2026 : crédit d’impôt[5] remboursable pour les non-imposables.
- Comparez les tarifs EHPAD de plusieurs départements sur le site d’Annuaire Retraite.
FAQ
Comment se calcule exactement le reste à charge en EHPAD ?
Il correspond au coût hébergement + dépendance, moins les aides et l’avantage fiscal. C’est le montant réellement payé par le résident ou sa famille.
Qui paie le ticket modérateur et à combien s’élève-t-il ?
Le ticket modérateur est toujours payé par le résident, même avec l’APA. Il correspond au tarif dépendance GIR[2] 5-6 du département (environ 5–7 €/jour selon les territoires).
Comment l’APA réduit-elle ma facture en EHPAD ?
L’APA couvre la différence entre le tarif dépendance du GIR[2] évalué et le tarif GIR[2] 5-6. Exemple : en GIR[2] 2, si le tarif est de 20 €/j et le GIR[2] 5-6 de 5 €/j, l’APA finance 15 €/j.
Quelles sont les conditions pour l’ASH et y a-t-il une récupération sur succession ?
L’ASH est accordée si les ressources ne couvrent pas l’hébergement et si l’EHPAD est habilité. Elle peut être récupérée après décès sur la succession ou certaines donations, sauf exceptions.
Réduction d’impôt[5] 2025 vs crédit d’impôt[5] 2026 : quelle différence pour moi ?
En 2025, l’avantage est une réduction réservée aux contribuables imposables. En 2026, il devient un crédit d’impôt[5] remboursable, accessible même aux non-imposables.
Les petits-enfants doivent-ils encore contribuer aux frais d’EHPAD ?
Depuis l'entrée en vigueur de la loi « Bien vieillir » du 8 avril 2024, l'article L. 132-6 du code de l'action sociale et des familles exonère les petits-enfants de leur obligation alimentaire[7] envers leurs grands-parents dans le cadre d'une demande d'aide sociale à l'hébergement.
Les tarifs EHPAD peuvent-ils augmenter en 2025 ?
Oui, car les tarifs d’hébergement et de dépendance sont fixés et révisés département par département. Certaines hausses sont possibles selon les coûts des établissements et les décisions locales.






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