Chez les personnes âgées de plus de 75 ans en France, la prévalence du diabète (majoritairement de type 2) traité est d’environ un homme sur cinq et d’une femme sur sept. Cette maladie chronique, marquée par un excès de sucre dans le sang, s’installe souvent en silence : fatigue persistante, infections à répétition, amaigrissement inexpliqué. Chez les seniors, les signes d’alerte se confondent avec d’autres troubles, retardant parfois le diagnostic de plusieurs années. Une part non négligeable de cas de diabète reste donc non diagnostiquée chez les seniors
La prise en charge du diabète chez la personne âgée ne s’improvise pas. Risque d’hypoglycémies graves, complications cardiovasculaires, altération de la vue, des reins ou du système nerveux…
Comment prévenir ces complications ? Quels réflexes adopter pour préserver la qualité de vie ? Cet article fait le point sur les bonnes pratiques et les solutions concrètes pour mieux vivre avec le diabète après 70 ans.
Repérer les signes : la vigilance du quotidien
- Soif inhabituelle, surtout la nuit
- Urines trop fréquentes
- Pertes de poids involontaires
- Fatigue chronique, faiblesse physique
- Vision trouble, sensibilité à la lumière
- Cicatrisation lente, infections récurrentes (peau, gencives, voies urinaires)
- Engourdissement ou picotements dans les pieds
Ces signaux, souvent attribués à l'âge, méritent d'être explorés. Un simple dosage de glycémie à jeun ou un test de HbA1c (hémoglobine glyquée) permet de confirmer ou d'écarter le diagnostic. L'objectif : agir avant que la maladie ne s'installe discrètement et provoque des dégâts.

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Comprendre les risques spécifiques après 65 ans
Avec l'avancée en âge, la résistance à l'insuline s'accentue, la production d'insuline s'amenuise. L'organisme devient plus sensible aux variations de sucre, mais aussi aux effets secondaires des traitements.
- Risques cardiovasculaires doublés (infarctus, AVC[2] silencieux)
- Atteintes rénales et oculaires plus fréquentes
- Neuropathies : douleurs, perte de sensibilité, troubles digestifs
- Ulcères et infections du pied, parfois jusqu'à l'amputation
- Épisodes d'hypoglycémie sévères, parfois confondus avec des troubles cognitifs
La polymédication (prise de plusieurs médicaments) majore le risque d'interactions, d'effets indésirables ou de mauvaise observance. La coordination des soins devient alors essentielle.
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Gestion du diabète : un équilibre à personnaliser
Gérer le diabète chez la personne âgée, c’est avant tout trouver un équilibre sur mesure entre traitements, alimentation, activité et sécurité. Chaque situation demande une approche personnalisée, centrée sur le confort, l’autonomie et la qualité de vie plutôt que sur la seule normalisation des chiffres.
Évaluation initiale et adaptation
Pas de recette universelle. Chaque profil impose ses ajustements : capacités physiques, troubles cognitifs, comorbidités… Une évaluation gériatrique complète oriente les priorités du suivi : maintien de l'autonomie, prévention des chutes, gestion du risque cardiovasculaire. Les objectifs glycémiques s'adaptent à l'état général :
| État de santé | Objectif HbA1c | Glycémie à jeun (mg/dL) |
|---|---|---|
| Autonomie préservée | ≤ 7,0 – 7,5 % | 117 – 135 |
| Comorbidités modérées | ≤ 8,0 % | 137 – 162 |
| Fragilité avancée | Éviter hypo/hyperglycémie symptomatique | Adapté au cas |
Alimentation : simplicité et plaisir
- Trois repas par jour, complétés d'une collation si besoin
- Priorité aux légumes, céréales complètes, protéines maigres
- Limiter les sucres rapides et les graisses saturées
- Favoriser les fibres et les graisses insaturées (huile d'olive, poisson, avocat)
- Surveiller l'apport protéique pour préserver la masse musculaire
- Éviter les régimes restrictifs qui exposent à la dénutrition[3]
Praticité avant tout : portage de repas, aides culinaires, menus adaptés à la mastication ou à la déglutition.
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Activité physique : bouger, mais à son rythme
- Marche quotidienne, vélo, jardinage, gym douce
- Renforcement musculaire (poids légers, bandes élastiques)
- Exercices d'équilibre (Tai-Chi, yoga doux) pour prévenir les chutes
- Aquagym en cas de douleurs articulaires
L'essentiel : éviter la sédentarité, adapter l'activité selon les capacités, garder le plaisir du mouvement.
Traitements : sécuriser, surveiller, simplifier
- Métformine : souvent en première intention, avec adaptation en cas d'insuffisance rénale
- Inhibiteurs de DPP-4 : peu de risque d'hypoglycémies, neutres sur le poids
- Inhibiteurs de SGLT2 : à envisager en cas de maladies cardiovasculaires, surveiller déshydratation
- Insuline : utilisée avec précaution, administration simple, surveillance rapprochée
- Éviter les médicaments à risque d'hypoglycémie (sulfonylurées, glinides) chez les plus fragiles
La surveillance : glycémies capillaires régulières, contrôle tensionnel, bilan lipidique, suivi de la fonction rénale. Automesure facilitée par les nouvelles technologies : lecteurs connectés, applications, téléconsultations. Mais l'accessibilité numérique reste un défi pour une partie des seniors.
Prévenir les accidents, impliquer l'entourage
- Soins des pieds et de la peau, vérification quotidienne
- Consultations régulières chez l'ophtalmologiste, le podologue, le dentiste
- Surveillance accrue lors de la prise de nouveaux médicaments
- Mise en place d'une téléassistance ou d'un détecteur de chute pour les plus à risque
- Vaccination (grippe, pneumocoque)
L'éducation thérapeutique joue un rôle clé : apprendre à détecter les signes d'alerte, à adapter l'alimentation, à gérer les imprévus. L'implication de la famille ou des aidants favorise la sécurité et l'observance du traitement.

FAQ pratique sur le diabète du senior
Un senior diabétique doit-il absolument éviter tous les sucres ?
Non. L'excès de sucres rapides (pâtisseries, sodas) doit être limité, mais les glucides complexes (pain complet, légumes secs) restent essentiels à l'équilibre alimentaire. Le plaisir et la convivialité des repas comptent aussi.
Comment réagir face à une hypoglycémie nocturne ?
En cas de confusion, sueurs, tremblements la nuit, donner rapidement du sucre (jus de fruit, morceau de sucre), puis surveiller l'état général. Prévenir le médecin traitant pour adapter le traitement si besoin.
La marche suffit-elle comme activité physique ?
Oui, à condition de marcher régulièrement (20 à 30 minutes par jour) à un rythme adapté. L'activité physique se décline aussi dans le quotidien : jardinage, courses, jeux avec les petits-enfants.
Le diabète accélère-t-il la perte d'autonomie ?
Mal contrôlé, il augmente les risques de chutes, d'infections, de troubles cognitifs et de perte de mobilité. D'où l'importance d'un suivi rapproché et d'un mode de vie adapté.
Les nouvelles technologies sont-elles utiles aux seniors ?
Les lecteurs de glycémie connectés, les applications de suivi ou la téléconsultation facilitent le contrôle du diabète, à condition d'être accompagnés dans leur usage. Leur adoption dépend du niveau d'autonomie et d'aisance avec le numérique.
Vers une approche globale, humaine et personnalisée
Gérer un diabète après 65 ans, ce n'est pas seulement viser des chiffres. C'est préserver l'autonomie, éviter les complications, maintenir la qualité de vie. La clé : une équipe pluridisciplinaire impliquée, des objectifs adaptés, la vigilance de tous les instants. Derrière chaque senior diabétique, une histoire unique. Et la certitude qu'avec les bons repères, il est possible de vivre sereinement avec la maladie, sans renoncer à l'essentiel : l'indépendance, les liens, le plaisir de chaque jour.






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