5 droits que vous feriez mieux de connaître si vous êtes un aidant familial

5 droits que vous feriez mieux de connaître si vous êtes un aidant familial
Droits et Aides

En France, plus de onze millions de personnes assistent un proche malade, âgé ou handicapé. Beaucoup n'utilisent même pas le terme "d'aidant familial", se contentant d'aider « parce qu'il le faut ». Pourtant, depuis la loi de 2015 sur l'adaptation de la société au vieillissement, ce statut existe officiellement. Il ouvre la porte à des droits concrets. Encore faut-il les connaître, s'en saisir, parfois les revendiquer.

La loi reconnaît l'aidant comme toute personne : famille, conjoint, ami, voisin qui accompagne régulièrement, sans rémunération professionnelle, un proche dépendant dans les actes essentiels de la vie. Ce statut n'est pas automatique. Une déclaration formelle, souvent auprès du Conseil départemental, reste nécessaire pour accéder à certains dispositifs. Trop d'aidants passent à côté de cette étape. Dans cet article, nous vous expliquons comment faire valoir ce statut et bénéficier réellement des droits qui y sont attachés.

1. Congés spécifiques : souffler sans culpabilité

Travailler et aider au quotidien. Beaucoup jonglent, souvent au bord de la rupture. Le droit du travail a évolué, offrant aux aidants salariés plusieurs types de congés pour faire face aux situations familiales les plus lourdes.

  • Congé de proche aidant : jusqu'à trois mois d'absence, renouvelable, dans la limite d'un an sur l'ensemble de la carrière. Pour accompagner un proche gravement malade, handicapé, ou en perte d'autonomie. Ce congé est désormais indemnisé par la CAF ou la MSA (allocation journalière du proche aidant – AJPA).
  • Congé de solidarité familiale : pour accompagner un proche en fin de vie[2]. Trois mois maximum, renouvelable une fois. Indemnisation sous forme d'allocation journalière d'accompagnement.
  • Congé de présence parentale : jusqu'à 310 jours ouvrés pour s'occuper d'un enfant gravement malade ou handicapé.
  • Don de jours de repos : les collègues peuvent donner des jours de congé à l'aidant, permettant de prolonger la présence auprès du proche sans perte de salaire.

Ces congés restent méconnus. Ils s'accompagnent de démarches précises, mais protègent l'emploi et évitent l'épuisement. Les demandes doivent être déposées auprès de l'employeur, souvent accompagnées de justificatifs médicaux.

Aidants qui bénéficient d'un congé de proche aidant

2. Droit au répit : la pause indispensable

L'épuisement. Ce mot revient chez tous les aidants. La loi a fini par reconnaître ce risque, en instaurant le droit au répit. Derrière ce terme, des aides concrètes pour permettre à l'aidant de souffler, partir, ou juste se reposer.

  • Accueil temporaire du proche en établissement, accueil de jour ou hébergement familial financé, relais à domicile par un professionnel.
  • Aide au répit via l'APA : si l'aidé bénéficie de l'allocation personnalisée d'autonomie, le plan d'aide peut être majoré pour financer ces solutions.
  • Plateformes d'accompagnement et de répit : informations, groupes de parole, ressources pratiques pour éviter l'isolement.

La demande se fait auprès du Conseil départemental ou du service d'aide à domicile[3]. Les solutions varient selon les territoires, mais le principe reste identique : l'aidant a le droit de ne pas tout porter, tout le temps.

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3. Rémunération et dédommagement : valoriser l'aide apportée

L'aide familiale n'est plus toujours synonyme de bénévolat[4] total. Plusieurs dispositifs existent pour reconnaître, voire rémunérer, l'engagement quotidien.

  • Salariat direct : lorsqu'un proche âgé bénéficie de l'APA ou d'une personne handicapée de la PCH, il peut employer un membre de sa famille (hors conjoint, partenaire de Pacs ou concubin sauf cas exceptionnels) comme aide à domicile[3], via le Cesu ou l'Urssaf.
  • Dédommagement par la PCH : l'aidant non salarié peut percevoir une indemnité, jusqu'à 85 % du Smic horaire, selon la réduction d'activité professionnelle.
  • Droit au chômage : en cas de salariat formel, la rupture du contrat avec la personne aidée ouvre droit à l'assurance chômage si les conditions sont remplies.

L'imposition de ces revenus varie selon le statut (salaire, dédommagement). Les démarches, parfois complexes, nécessitent de s'entourer, notamment auprès du Conseil départemental ou d'associations spécialisées.

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4. Droits à la retraite : préserver l'avenir

Prendre soin d'un proche ne doit pas rimer avec précarité future. Le système français prévoit plusieurs mécanismes pour éviter la "double peine" : perdre du revenu aujourd'hui, perdre des droits à la retraite demain.

  • Affiliation gratuite à l'assurance vieillesse (AVPF) : les aidants qui cessent ou réduisent leur activité pour un enfant ou un adulte handicapé peuvent valider des trimestres de retraite sans cotiser.
  • Majoration de durée d'assurance : jusqu'à huit trimestres supplémentaires pour l'éducation d'un enfant handicapé.
  • Retraite à taux plein dès 65 ans : accessible sous conditions aux aidants ayant interrompu leur activité au moins 30 mois consécutifs pour accompagner un proche handicapé.

Ces droits s'exercent auprès de la CAF ou de l'Assurance retraite. Attention : pour les aidants de personnes âgées dépendantes, le dispositif reste moins favorable, mais des évolutions sont en débat.

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5. Soutien financier et fiscal : alléger le poids économique

Le coût de l'aide à domicile[3], de l'adaptation du logement, des frais d'hébergement en établissement… Les finances des aidants sont souvent sous tension. Plusieurs aides et avantages fiscaux atténuent la facture.

  • Crédit d'impôt[5] : jusqu'à 50 % des dépenses pour l'emploi d'une aide à domicile[3], dans la limite des plafonds légaux.
  • Déduction pour hébergement d'un parent : si l'aidant héberge un ascendant sans ressources, il peut déduire une somme forfaitaire ou les frais réels de son revenu imposable.
  • Déduction des frais d'hébergement en EHPAD : si l'aidant participe aux frais d'un parent en établissement, ces sommes sont déductibles en tant que pension alimentaire.
  • Part fiscale supplémentaire : possible si l'aidant héberge une personne titulaire d'une carte d'invalidité, hors conjoint et enfant.
  • Crédit d'impôt[5] pour aménagement du logement : 25 % des dépenses pour des équipements d'accessibilité ou de sécurité.

Chaque situation demande un calcul précis, parfois l'avis d'un conseiller fiscal. Mais ces dispositifs existent, et peuvent représenter des économies substantielles chaque année.

Démarches, ressources, accompagnement : s'entourer pour ne pas s'épuiser

L'univers des droits des aidants reste complexe. Dossiers à monter, justificatifs à fournir, interlocuteurs multiples (CAF, MSA, Conseil départemental, employeur, centre des impôts…). Pour ne pas se perdre ni s'essouffler, il existe des relais : plateformes d'accompagnement, associations, maisons des aidants, services publics.

Certains sites officiels centralisent l'information (service-public.fr). Des plateformes proposent même des formations gratuites, un accompagnement psychologique, ou des groupes de parole pour sortir de l'isolement. Ne pas hésiter à demander de l'aide. Un simple appel ou mail peut débloquer des situations.

Aidant accompagné pour monter un dossier de demande d'aides

FAQ pratique

Qui peut être reconnu comme aidant familial ?

Toute personne apportant une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d'autonomie, sans rémunération professionnelle. Famille, voisins, amis, tous concernés.

Dois-je forcément arrêter de travailler pour être aidant ?

Non. Beaucoup d'aidants cumulent emploi et accompagnement. Le droit prévoit des aménagements, des congés, une indemnisation partielle.

Comment activer mes droits ?

Déclarer sa situation auprès du Conseil départemental ou de la CAF, fournir les justificatifs nécessaires. Certaines démarches peuvent se faire en ligne.

Puis-je bénéficier de plusieurs aides en même temps ?

Oui, dans la limite des conditions de cumul propres à chaque dispositif (ex : indemnisation de congé et salaire).

Où trouver un accompagnement local ?

Les plateformes d'accompagnement et de répit, les CLIC[6], les maisons des aidants, ou les associations spécialisées (France Alzheimer, etc.).

Pour aller plus loin

  • Ministère de la Santé – guide des aidants
  • France Assos Santé
  • MonParcoursHandicap.gouv.fr

Au fil des ans, la France a fait évoluer la place des aidants familiaux. Reste à franchir le pas de l'information, de l'accès effectif aux droits. Pour l'aidant, tout commence par une prise de conscience. Se reconnaître, s'informer, s'entourer. Les dispositifs existent. Ne pas les solliciter, c'est s'exposer à l'isolement et à la fatigue. Les utiliser, c'est tenir sur la durée, pour soi comme pour l'autre.

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