Aidant familial : ces 6 idées reçues qui mènent droit au burn-out

Aidant familial : ces 6 idées reçues qui mènent droit au burn-out
Droits et Aides

En France, plus de 11 millions de personnes soutiennent un proche au quotidien. Parent âgé, conjoint malade, enfant handicapé… Six sur dix travaillent encore. Un tiers néglige sa santé. Un sur cinq frôle le burn-out. Derrière ces chiffres, la réalité : fatigue, isolement, responsabilités sans fin. Une vie qui se rétrécit.

Le piège du burn-out se referme souvent à cause de croyances bien ancrées. Six idées reçues, en particulier, reviennent dans les témoignages, les consultations, les groupes de parole. Elles isolent, elles culpabilisent, elles usent. Pour chacune, des solutions existent. Encore faut-il oser les envisager.

1. “Je peux tout gérer seul”

L'illusion de tout contrôler, de porter seul la charge, pousse à l'épuisement. Beaucoup d'aidants s'interdisent de déléguer, pensant que personne ne saura faire “aussi bien”. Cette posture, nourrie par le devoir ou l'amour, s'avère intenable. Accepter de partager, même partiellement, réduit la charge mentale. Les relais existent : proches, intervenants à domicile, aides ponctuelles. Déléguer, ce n'est ni abandonner, ni faillir.

Aidant en burn-out

2. “Demander de l'aide, c'est avouer sa faiblesse”

La peur d'être jugé, l'angoisse du regard des autres, l'impression de déranger : autant de freins à la demande d'aide. Pourtant, aucun humain ne tient indéfiniment sans soutien. Oser solliciter l'entourage, faire appel à des associations, consulter un professionnel, c'est aussi prendre soin de la relation aidant-aidé. Les groupes de parole, les cafés des aidants, les plateformes d'écoute offrent un espace sans jugement.

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3. “Mon repos passe après, c'est secondaire”

Beaucoup d'aidants sacrifient loisirs, sorties, sommeil, parfois jusqu'à l'épuisement. La croyance que le repos est un luxe ou une fuite s'enracine. En réalité, le répit est vital. Prendre une pause, partir quelques heures ou quelques jours, revient à recharger ses batteries. Le droit au répit existe, financé jusqu'à 500 euros par an pour certains dispositifs. Accueils de jour, séjours temporaires, aides à domicile : autant de solutions à explorer.

4. “Je n'ai pas le droit de faillir, il faut être parfait”

L'exigence de perfection, la mesure de soi à l'aune de l'abnégation, entretiennent la culpabilité et l'épuisement. Mais nul n'est infaillible. Reconnaître ses limites, accepter ses erreurs, se traiter avec bienveillance, c'est aussi garantir un accompagnement de qualité sur la durée. Le perfectionnisme n'a pas sa place dans le rôle d'aidant : la bienveillance, envers soi-même, prime.

5. “Je suis seul à vivre cela”

L'impression d'isolement, renforcée par le silence de l'entourage ou des institutions, pèse lourd. Pourtant, des millions d'aidants traversent les mêmes épreuves. Partager, témoigner, rejoindre un groupe de soutien, permet de rompre la solitude. La Journée nationale des aidants, chaque 6 octobre, rappelle l'ampleur du phénomène.

6. “L'impact financier, c'est secondaire”

Les frais liés à la perte d'autonomie s'accumulent : soins, matériel, adaptations, transports, parfois réduction ou arrêt du travail. Sous-estimer le stress financier aggrave l'épuisement. Des aides existent : Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA), APA, PCH, congé proche aidant, accompagnement par les CCAS[2] ou associations spécialisées. S'informer, anticiper, alléger la pression budgétaire : un levier concret pour préserver sa santé.

Senior en accueil de jour pour permettre à l'aidant de se reposer

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Repérer et prévenir l'épuisement : outils et dispositifs

La prévention commence par l'écoute de soi. L'échelle de Zarit, simple questionnaire, aide à mesurer sa charge émotionnelle. Dès les premiers signaux : fatigue persistante, irritabilité, troubles du sommeil, perte d'intérêt, il faut consulter un professionnel. La santé de l'aidant conditionne celle du proche aidé. Ne pas attendre l'effondrement pour agir.

Les solutions existent, même si elles restent parfois difficiles d'accès :

  • Le congé de proche aidant, l'AJPA, l'aide au répit permettent de souffler.
  • Les associations, comme France Alzheimer, Unafam, ARSLA, proposent groupes de parole, conseils, dispositifs de relais.
  • Les plateformes téléphoniques et numériques (0 800 360 360) offrent écoute et orientation 24h/24.
  • Les services d'aide à domicile[3], d'accueil temporaire, les EHPAD restent des options à mettre en balance, selon la situation et les souhaits du proche accompagné.

Questions pratiques : s'orienter, s'entourer

Comment mesurer son niveau de charge ?

L'échelle de Zarit (ou mini-Zarit) propose 22 questions. Un score supérieur à 41 indique une charge modérée à sévère. Cet outil, utilisé par de nombreux professionnels, aide à objectiver l'épuisement et à déclencher une alerte.

Que faire quand la fatigue s'installe ?

  • Parler à son médecin traitant, évoquer son rôle d'aidant, demander un accompagnement adapté.
  • Solliciter un bilan auprès d'une Maison des Aidants ou d'une association spécialisée.
  • Informer son employeur, activer le congé de proche aidant si besoin.
  • Organiser une réunion familiale pour répartir les tâches et chercher des relais.

Quels relais concrets existent ?

  • Aide à domicile[3] (auxiliaire de vie[4], infirmiers), portage de repas, téléassistance.
  • Accueil de jour pour la personne aidée, séjour temporaire en résidence ou EHPAD.
  • Groupes de parole, ateliers, plateformes d'écoute en ligne ou par téléphone.
  • Associations et CCAS[2] pour les démarches administratives et l'accès aux droits.

Changer de regard, préserver l'équilibre

Être aidant familial ne relève pas de la vocation mais d'un engagement, souvent subi, parfois choisi, toujours intense. Renoncer à l'illusion de toute-puissance, refuser la solitude, reconnaître la nécessité du répit : autant de pas pour préserver sa santé et celle de l'autre. Le burn-out n'est pas une fatalité. Les dispositifs, les collectifs, les nouvelles formes de solidarité progressent. L'équilibre reste fragile, l'information, le partage et la prévention sont les seules armes efficaces. Ceux qui aident méritent d'être accompagnés, reconnus, protégés. La poussière peut attendre, la fatigue non.

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