Malade qui nie systématiquement les faits : est-ce un symptôme révélateur de troubles neurologiques ?

Malade qui nie systématiquement les faits est-ce un symptôme révélateur de troubles neurologiques
EHPAD Alzheimer

« Mais non, je n’ai pas oublié de fermer la porte à clé ! », « Tu te trompes, je suis allé chez le médecin la semaine dernière ! ». Ces affirmations deviennent d’autant plus inquiétantes lorsqu’elles s’accumulent et se répètent dans le temps, alors même que les preuves objectives du contraire sont là. Chez les personnes âgées, en particulier celles atteintes de la maladie d’Alzheimer[1] ou d’autres formes de démence, cela peut être le signe d’un trouble cognitif[2] bien précis. Cet article vous aide à mieux comprendre ce qui se cache derrière cette négation systématique et à savoir comment réagir face à un proche qui ne reconnaît plus ses propres troubles.

Est-ce qu’un refus persistant de reconnaître ses erreurs chez une personne âgée indique un trouble neurologique ?

Lorsqu’un proche nie des faits pourtant avérés, cela peut troubler, voire frustrer. Pourtant, ce comportement n’est pas forcément volontaire. 

Un comportement fréquent dans les troubles neurodégénératifs

Une personne âgée qui nie systématiquement les faits peut souffrir d’anosognosie. Il s’agit d’un trouble particulièrement fréquent dans la maladie d’Alzheimer[1], mais aussi dans d’autres pathologies comme : 

Contrairement à un mensonge ou à une tentative de cacher la vérité, l’anosognosie n’est pas volontaire. La personne atteinte est convaincue qu’elle va bien, même si les faits prouvent le contraire. Elle peut même être surprise que vous vous inquiétiez.

Ce trouble vient d’une atteinte du cerveau, dans les zones qui permettent normalement de prendre conscience de ses difficultés. Résultat : la personne ne se rend pas compte de ses pertes de mémoire, de ses erreurs ou de ses problèmes à s’orienter.

femme senior atteinte d'Alzheimer

Nier systématiquement les faits peut être le signe d’autres pathologies

D’autres causes, parfois psychologiques ou relationnelles, peuvent expliquer le comportement d’un senior qui refuse systématiquement de reconnaître ses erreurs :

  • le déni psychologique est un mécanisme de défense inconscient pour se protéger d’une réalité trop difficile à accepter, par exemple une perte d’autonomie, le diagnostic d’une maladie grave ou encore l’annonce d’un deuil ;
  • un trouble psychiatrique tel que la dépression[5] sévère ou les troubles de la personnalité ;
  • d’autres facteurs comme la peur de perdre la face, une opposition à l’autorité, des conflits familiaux peuvent aussi motiver une négation persistante, sans lien neurologique.

Ce n’est pas tant le fait de nier qui alerte, mais la fréquence et l’absence totale de remise en question. En cas de doute, un avis médical est indispensable pour poser un diagnostic différentiel et éviter de passer à côté d’une pathologie traitable.

Quels sont les autres symptômes fréquents qui peuvent être le signe que votre proche souffre de démence ?

La négation des faits n’est qu’un élément parmi d’autres du tableau clinique des démences. 

Les premiers signes souvent discrets

Une personne âgée qui souffre de troubles neurologiques va généralement commencer par : 

  • oublier fréquemment ses rendez-vous, les prénoms de ses proches ou des objets du quotidien ; 
  • répéter les mêmes questions ; 
  • perdre ses repères dans le temps ou l’espace ;
  • avoir du mal à suivre une conversation ou à effectuer des tâches habituelles.

Les troubles du comportement et de l’humeur

À ces premiers symptômes s’ajoutent : 

  • de l’irritabilité, de l’anxiété ou de l’apathie ;
  • des changements de personnalité ;
  • des comportements inappropriés ou impulsifs ;
  • une suspicion excessive, par exemple de vol imaginaire ou d’accusation envers les proches.

Une évolution progressive des symptômes

Les démences sont des maladies évolutives, avec une aggravation progressive des symptômes. La perte d’autonomie, l’isolement social et la dépendance[6] deviennent alors des enjeux majeurs pour les proches aidants.

Comment réagir face à un proche qui nie systématiquement les faits ?

Tenter de « prouver par A + B » qu’un fait est réel ne fait souvent qu’aggraver la situation. Le malade ne comprend pas ce que vous lui reprochez, ce qui peut générer colère, frustration ou fuite.

Dans une telle situation, il est préférable de :

  • privilégier les approches douces : « Ce n’est pas grave, on va le faire ensemble. » ;
  • proposer des repères concrets tels que des post-its, des routines visuelles ou encore des alarmes, sans insister sur les erreurs ; 
  • utiliser les repères temporels et spatiaux, par exemple : « Aujourd’hui, on est mardi, et il fait beau. Tu as pris ton petit-déjeuner, etc. » ; 
  • valider les émotions, plutôt que les faits : « Je comprends que tu sois sûr de toi. Ce n’est pas important, l’essentiel c’est que tu sois bien. »

Vous pouvez également demander conseil à votre médecin traitant ou faire appel à des plateformes d’accompagnement des aidants pour trouver du soutien moral, juridique et financier.

consultation médicale pour détecter les troubles cognitifs

Quelle prise en charge en EHPAD[2] pour un malade qui nie ses troubles ?

Lorsque le maintien à domicile[7] devient difficile, l’entrée en EHPAD[2] peut être envisagée. Mais comment assurer une prise en charge adaptée quand la personne ne reconnaît pas sa maladie ?

Les EHPAD sont à même de gérer les patients atteints de démence[2]. Ils disposent généralement d’équipes formées aux troubles neurodégénératifs, qui savent gérer l’anosognosie sans confrontation. L’accompagnement repose sur la sécurité, la bienveillance et la routine, afin d’apaiser les angoisses et réduire les comportements de résistance.

Certains établissements disposent d’unités de vie Alzheimer[1], réservées aux résidents atteints de troubles cognitifs sévères, notamment lorsqu’il y a des risques de fugue ou de mise en danger.

En conclusion, le fait qu’un proche nie systématiquement les faits réels n’est pas un détail anodin. C’est souvent un symptôme révélateur d’un trouble neurodégénératif, en particulier de la maladie d’Alzheimer[1]. Reconnaître ce symptôme, c’est aussi comprendre que le malade n’est plus en capacité d’avoir le même rapport à la réalité que nous. Et c’est une étape essentielle pour adapter son accompagnement avec respect, humanité et bienveillance.

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