« Madame, c’est nous qui décidons » : ce qu’un aidant doit savoir pour faire respecter ses droits face aux médecins

« Madame, c’est nous qui décidons » ce qu’un aidant doit savoir pour faire respecter ses droits face aux médecins
Droits et Aides

Avez-vous déjà eu l’impression d’être transparent dans une consultation ? Ou d’avoir été écarté d’une décision qui concerne pourtant la personne que vous aidez au quotidien ? Quand on est aidant, faire respecter ses droits face aux médecins peut parfois devenir un défi. Invisibilisé, relégué au second plan, vous pouvez vite avoir l’impression de ne pas être à votre place. Pourtant, vous êtes un maillon essentiel de l’accompagnement ! On vous donne des clés pour vous faire entendre sans tension, comprendre ce que la loi vous permet et défendre votre place dans le parcours de soin.

Aidant : faire respecter ses droits sans s’opposer au corps médical

Votre rôle est complémentaire à celui des soignants. Il ne s’agit pas d’imposer, mais d’exister dans l’échange.

Comment se faire entendre par les médecins sans provoquer de tension ?

S’adresser à un médecin peut sembler impressionnant, surtout quand on est épuisé, stressé ou qu’on doute de sa légitimité. Pourtant, en tant qu’aidant, votre point de vue est précieux. Vous êtes souvent le premier à remarquer des signes subtils : fatigue, inconfort, ou changement de comportement. Votre rôle n’est pas de prendre la place du médecin, mais de devenir un partenaire du soin.

Avant une consultation, préparez les points clés à aborder, notez vos observations et classez vos priorités. Cela vous aidera à structurer vos propos et à ne rien oublier. Lors de l’échange, présentez votre lien avec la personne aidée pour clarifier votre position et exprimez-vous de façon factuelle. Essayez aussi de poser des questions ouvertes, qui appellent à l’échange. Reformulez ce que vous avez compris, cela montre votre écoute et limite les malentendus.

Et si le dialogue devient compliqué, restez calme. Inutile de hausser le ton ou de vous braquer. Proposez, suggérez, questionnez… Cela ouvre la discussion. Dire « Serait-il possible d’envisager… ? » est bien plus efficace que d’affirmer « Ce n’est pas normal, vous devez… ». L’objectif n’est pas d’avoir raison, mais de construire ensemble une réponse adaptée.

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Que faire quand on se sent exclu des échanges médicaux ?

Le médecin ne peut pas tout vous dire librement. Il est tenu au secret médical, sauf si la personne aidée l’autorise à partager certaines informations.

La première chose à faire est donc d’en parler avec votre proche. S’il accepte que vous soyez inclus dans les échanges, invitez-le à le dire au médecin. Ce simple geste suffit souvent à ouvrir le dialogue. S’il refuse, respectez sa décision, même si cela vous met dans une position délicate.

De votre côté, vous pouvez toujours partager vos observations ou poser des questions générales pour mieux comprendre la situation. Si besoin, proposez un temps d’échange dédié. Pas forcément lors de la consultation principale, mais peut-être avec une infirmière, un psychologue, ou un travailleur social.

Si la situation reste tendue, exprimez votre inconfort, dites que cela vous empêche de bien jouer votre rôle d’aidant. Rappelez que vous n’êtes pas là pour contester les décisions, mais pour comprendre et accompagner au mieux. Ce positionnement apaise souvent les tensions.

femme aidante discutant avec son parent âgé de ses soins

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Ce que prévoit la loi sur le rôle de l’aidant

L’aidant n’est pas décisionnaire, mais sa parole peut compter.

A-t-on un droit de regard sur les décisions médicales ?

Tant que la personne aidée est en état d’exprimer sa volonté, c’est elle qui décide. C’est elle qui donne son accord ou pas à un traitement, à un examen, à une hospitalisation. Le médecin est là pour l’informer et l’accompagner dans ses choix, mais il ne peut pas vous transmettre d’informations sans son accord.

Cela dit, si la personne que vous accompagnez vous autorise à être présent et informé, vous pouvez participer aux échanges. Vous pouvez donner votre avis, transmettre ce que vous observez, poser des questions. Vous restez dans un rôle de soutien. Vous n’avez pas la main sur la décision finale, mais vous pouvez l’influencer de manière positive.

En cas d’incapacité à s’exprimer (perte de conscience, maladie cognitive avancée, etc.), les médecins doivent rechercher ce que la personne aurait voulu. C’est là qu’interviennent les directives anticipées et la personne de confiance. Si vous êtes désigné comme tel, votre parole sera prise en compte. Elle n’est pas décisive, mais elle oriente les choix de l’équipe médicale. C’est une responsabilité importante et un moyen concret d’être impliqué.

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Jusqu’où va la responsabilité de l’aidant ?

C’est une confusion fréquente : on croit que, parce qu’on accompagne, on est responsable. En réalité, votre responsabilité est avant tout morale, humaine, relationnelle. Vous veillez, vous soutenez, vous observez. Mais vous n’êtes pas soignant, ni représentant légal — sauf si vous avez un mandat spécifique (curatelle[3], tutelle[4], etc.).

Vous ne pouvez pas être tenu responsable d’une erreur de soin, d’un mauvais choix médical, d’un effet secondaire. Si vous administrez un traitement à domicile, suivez simplement les consignes. On ne vous demande pas de juger ni d’ajuster vous-même. Vous faites de votre mieux et c’est déjà beaucoup.

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Dans les établissements, comment défendre les droits de son proche ?

Dans un hôpital ou un EHPAD[1], il est parfois difficile de savoir ce que l’on peut demander. Pourtant, votre rôle reste central.

Que peut-on légitimement demander à l’équipe soignante ?

Si la personne aidée donne son accord (verbal ou écrit), vous pouvez être informé et impliqué. Si elle est incapable de s’exprimer, l’équipe peut vous transmettre ce qui est nécessaire à la continuité des soins.

Vous avez le droit :

  • de poser des questions sur l’état de santé général ;
  • d’obtenir des explications claires, sans jargon médical ;
  • de reformuler pour vérifier votre compréhension ;
  • d’être présent lors des consultations et de prendre des notes.

Ce n’est pas un droit direct, mais c’est souvent respecté, car cela facilite la coordination. En cas de doute, n’hésitez pas à en parler avec l’équipe.

aidante discutant avec un médecin

En cas de désaccord entre l’aidant et l’équipe médicale, quels sont les recours ?

Commencez par identifier clairement le problème. Est-ce une erreur ponctuelle ? Une organisation qui ne fonctionne pas ? Un soin mal supporté ? Essayez d’être précis, factuel, sans exagération. Cela facilite l’échange. Si les soins ne sont pas adaptés, vous êtes en droit de demander une autre évaluation médicale.

Ensuite, parlez-en calmement avec l’équipe. Exposez ce que vous avez observé, les conséquences pour votre proche, ce que vous attendez comme ajustement. Souvent, une simple discussion permet de trouver un terrain d’entente.

Si le problème persiste, vous pouvez en parler au cadre de santé, au responsable du service, ou à la personne référente pour les usagers. Rédiger un courrier clair, sans agressivité, peut aussi aider à faire bouger les lignes.

En cas de blocage, tournez-vous vers des associations d’aidants, un médiateur de santé, ou même le Défenseur des droits si la situation le justifie. Vous n’êtes pas seul, et vous avez le droit de demander justice s’il y a eu un abus ou un manquement grave.

En tant qu’aidant, faire respecter ses droits face aux médecins demande du tact, de la clarté et une certaine confiance en soi. Vous n’êtes pas un expert médical, mais vous êtes un expert du quotidien. Votre parole a du poids, à condition de savoir l’exprimer au bon moment, de la bonne manière. Ne vous effacez pas : vous êtes un partenaire, pas un figurant.

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