Est-ce toujours une fracture quand la hanche fait mal après une chute ?

Est-ce toujours une fracture quand la hanche fait mal après une chute
Maisons de retraite

Vous venez de chuter et votre hanche vous fait souffrir ? Cette situation, particulièrement fréquente chez les personnes âgées, suscite immédiatement l'inquiétude d'une possible fracture. Pourtant, toutes les douleurs post-chute ne signalent pas nécessairement une fracture osseuse. Entre blessures musculaires, atteintes nerveuses ou exacerbation d'une arthrose[1] préexistante, les causes peuvent être multiples et requièrent une attention médicale adaptée. La hanche, cette articulation essentielle qui nous permet de nous déplacer quotidiennement, devient particulièrement vulnérable avec l'âge. Comprendre ce qui se cache derrière une douleur post-traumatique peut faire toute la différence dans la prise en charge et le rétablissement.

Les différentes causes de douleur à la hanche après une chute

Lorsqu'une douleur à la hanche survient après une chute, plusieurs mécanismes peuvent être en jeu. Si la fracture est souvent redoutée, d'autres lésions moins graves peuvent provoquer des symptômes similaires.

Les fractures : quand l'os cède sous le choc

Les fractures représentent la complication la plus sérieuse d'une chute, particulièrement chez les personnes âgées dont les os sont fragilisés par l'ostéoporose[4].

  • Fracture du col du fémur : Très courante chez les seniors, elle survient au niveau du rétrécissement osseux situé juste sous la tête du fémur. L'ostéoporose[4] en est souvent la cause sous-jacente, fragilisant l'os qui cède alors même lors d'une chute de faible intensité.
  • Fractures intertrochantériennes et sous-trochantériennes : Ces fractures touchent la partie supérieure du fémur, entre ou sous les trochanters (protubérances osseuses). Leur localisation peut compromettre l'apport sanguin à la tête fémorale, compliquant la guérison.
  • Fractures du bassin et du sacrum : Généralement consécutives à des traumatismes plus violents, ces fractures peuvent être particulièrement douloureuses et handicapantes. Elles nécessitent souvent une prise en charge spécifique et une période de récupération prolongée.

fracture de bassin chez le senior

Les atteintes musculaires et tendineuses

Lors d'une chute, les muscles et tendons entourant la hanche peuvent subir diverses lésions, parfois aussi douloureuses qu'une fracture mais généralement moins graves sur le long terme.

  • Élongations musculaires : Étirement excessif des fibres musculaires sans rupture complète, touchant fréquemment les muscles de la cuisse comme le quadriceps ou les ischio-jambiers.
  • Claquages : Rupture partielle ou complète de fibres musculaires, provoquant une douleur vive et un hématome. Le psoas iliaque, muscle profond de la hanche, peut être concerné lors d'une chute avec mouvement brusque.
  • Tendinites : Inflammation des tendons suite au traumatisme, particulièrement au niveau des insertions musculaires autour de l'articulation de la hanche.

Les complications nerveuses

Le choc d'une chute peut affecter les structures nerveuses autour de la hanche :

  • Compression du nerf sciatique : La chute peut provoquer une pression sur ce nerf important, entraînant des douleurs irradiant de la fesse jusqu'au pied.
  • Sciatique traumatique : L'impact peut exacerber une irritation préexistante du nerf sciatique ou déclencher une inflammation aiguë.

L'arthrose[1] de la hanche révélée ou aggravée

Chez de nombreuses personnes, surtout après 60 ans, une arthrose[1] de la hanche peut être présente sans symptômes marqués. Une chute peut :

  • Révéler une arthrose[1] jusque-là silencieuse
  • Aggraver brutalement une dégénérescence articulaire préexistante
  • Accélérer le processus arthrosique par le traumatisme articulaire

Reconnaître les symptômes d’une fracture de la hanche : comment différencier les causes

Les manifestations cliniques peuvent orienter vers une cause plutôt qu'une autre, même si seul un examen médical complet permettra d'établir un diagnostic précis.

Signes évocateurs d'une fracture

  • Douleur intense, souvent insupportable, empêchant tout appui
  • Jambe raccourcie et en rotation externe (particulièrement évocateur d'une fracture du col fémoral)
  • Impossibilité totale de soulever la jambe en position allongée
  • Déformation visible de la hanche dans certains cas
  • Ecchymose importante apparaissant rapidement

LIRE AUSSI : Comment retrouver une marche normale après une fracture du fémur ?

Manifestations des lésions musculo-tendineuses

  • Douleur s'intensifiant lors de certains mouvements spécifiques
  • Possibilité de marcher, bien que douloureusement
  • Douleur à la palpation des zones musculaires concernées
  • Apparition progressive d'un hématome dans les 24-48h

Caractéristiques des douleurs d'origine nerveuse

  • Douleur irradiante, descendant souvent le long de la jambe
  • Sensations de fourmillements ou d'engourdissement
  • Douleur exacerbée par certaines positions
  • Parfois, faiblesse musculaire associée

Symptômes évocateurs d'arthrose[1]

  • Douleur s'accentuant progressivement dans les jours suivant la chute
  • Raideur matinale caractéristique
  • Craquements articulaires lors des mouvements
  • Limitation de l'amplitude articulaire

Le parcours diagnostique : comment identifier précisément l'origine de la douleur à la hanche

Face à une douleur de hanche post-chute, un processus diagnostique rigoureux s'impose pour déterminer la nature exacte de la lésion et orienter la prise en charge.

L'importance cruciale de l'examen clinique

Le médecin réalisera un examen approfondi comprenant :

  • Un interrogatoire détaillé sur les circonstances de la chute
  • L'évaluation des antécédents médicaux (ostéoporose[4], arthrose[1]...)
  • L'observation de la position spontanée de la jambe
  • Des tests de mobilité passive et active de la hanche
  • La palpation des zones douloureuses
  • L'évaluation neurologique de la jambe concernée

test de mobilité de la hanche chez le senior

Les examens d'imagerie indispensables

Différentes techniques d'imagerie peuvent être nécessaires :

  • Radiographie standard : Premier examen réalisé, elle visualise les fractures évidentes et l'état articulaire global.
  • Tomodensitométrie (TDM) : Plus précise que la radiographie, elle permet de détecter des fractures fines ou complexes, notamment au niveau du bassin.
  • IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) : Particulièrement utile pour visualiser les lésions des tissus mous (muscles, tendons, ligaments) et certaines fractures non visibles sur les radiographies.
  • Scintigraphie osseuse : Dans certains cas, cet examen peut révéler des microfractures invisibles sur les autres examens.

Le diagnostic différentiel : éliminer les autres causes

Le médecin devra écarter d'autres pathologies pouvant mimer une lésion traumatique :

  • Métastases osseuses fragilisant l'os
  • Pathologies inflammatoires de la hanche
  • Douleurs référées provenant du rachis lombaire
  • Nécrose aseptique de la tête fémorale

Fracture de la hanche ou blessure musculaire : comment être bien soigné ?

La prise en charge dépendra entièrement de la nature de la lésion diagnostiquée, avec des approches radicalement différentes selon qu'il s'agit d'une fracture ou d'une atteinte des tissus mous.

Traitement des fractures de la hanche

Les fractures nécessitent généralement une intervention chirurgicale rapide :

  • Réduction ouverte avec fixation interne : Technique utilisant vis, plaques ou tiges pour stabiliser les fragments osseux.
  • Prothèse partielle de hanche (hémiarthroplastie) : Remplacement de la tête fémorale par une prothèse, notamment en cas de fracture du col fémoral chez la personne âgée.
  • Prothèse totale de hanche : Remplacement complet de l'articulation (tête fémorale et cotyle), particulièrement indiqué si une arthrose[1] préexistante est présente.

La rééducation post-opératoire joue un rôle fondamental dans la récupération :

  • Mobilisation précoce, souvent dès le lendemain de l'intervention
  • Kinésithérapie[5] intensive pour restaurer la mobilité et la force
  • Apprentissage de la marche avec aides techniques adaptées
  • Réadaptation progressive aux activités quotidiennes

Prise en charge des lésions musculaires et tendineuses

Les atteintes des tissus mous bénéficient généralement d'un traitement conservateur :

  • Repos relatif avec décharge partielle selon la gravité
  • Application de glace dans la phase aiguë
  • Antalgiques et anti-inflammatoires
  • Kinésithérapie[5] douce puis progressive
  • Étirements et renforcement musculaire adaptés

Traitement des complications nerveuses

  • Médication spécifique (antalgiques, antiépileptiques à visée antalgique)
  • Kinésithérapie[5] neurodynamique
  • Infiltrations dans certains cas
  • Techniques de neurostimulation pour les douleurs persistantes

Gestion de l'arthrose[1] post-traumatique

  • Traitement symptomatique de la douleur
  • Viscosupplémentation dans certains cas
  • Kinésithérapie[5] adaptée
  • Aides techniques pour soulager l'articulation
  • Discussion d'une prothèse si l'arthrose[1] devient invalidante

Prévenir les chutes et leurs conséquences : une priorité

La prévention reste le meilleur moyen d'éviter les douleurs de hanche post-chute, particulièrement chez les personnes âgées ou à risque.

Aménagement du domicile et habitudes de vie

  • Sécurisation de l'espace de vie : Élimination des obstacles, fixation des tapis, installation de barres d'appui dans la salle de bain.
  • Éclairage adapté : Passages bien éclairés, veilleuses nocturnes pour les déplacements nocturnes.
  • Chaussures appropriées : Semelles antidérapantes, bon maintien du pied, hauteur de talon adaptée.
  • Utilisation d'aides à la marche : Canne, déambulateur si nécessaire, correctement ajustés à la morphologie.

Renforcement osseux et musculaire

  • Activité physique régulière : Marche, natation, tai-chi, gymnastique douce adaptée aux capacités individuelles.
  • Alimentation équilibrée : Apport suffisant en calcium et protéines, exposition raisonnée au soleil pour la vitamine D.
  • Supplémentation : Calcium et vitamine D sous contrôle médical, particulièrement en cas d'ostéoporose[4] diagnostiquée.
  • Médicaments anti-ostéoporotiques : Traitement préventif des fractures chez les personnes à haut risque.

Ateliers spécialisés et dispositifs de protection

  • Programmes d'équilibre : Ateliers collectifs visant à améliorer la proprioception et les réflexes posturaux.
  • Protecteurs de hanche : Dispositifs amortisseurs intégrés dans des sous-vêtements spéciaux, particulièrement utiles pour les personnes très à risque.
  • Téléassistance : Systèmes d'alerte permettant de signaler rapidement une chute pour une prise en charge précoce.

Les conséquences à long terme d’une fracture de la hanche : pourquoi une prise en charge rapide est essentielle

Les répercussions d'une lésion de la hanche, particulièrement d'une fracture, peuvent être considérables sur l'autonomie et la qualité de vie.

Impact sur l'autonomie et la qualité de vie

  • Perte d'indépendance fonctionnelle, parfois définitive
  • Nécessité d'aides humaines ou techniques au quotidien
  • Modification de l'habitat, voire changement de lieu de vie
  • Répercussions psychologiques : anxiété, dépression[6], peur de rechuter
  • Isolement social par diminution des déplacements

Complications médicales potentielles

Une immobilisation prolongée, particulièrement chez la personne âgée, peut entraîner :

  • Complications thromboemboliques : Phlébites, embolies pulmonaires favorisées par l'alitement.
  • Escarres : Lésions cutanées par pression, particulièrement au niveau du sacrum et des talons.
  • Infections : Urinaires, pulmonaires ou au niveau du site opératoire.
  • Décompensation de pathologies chroniques : Insuffisance cardiaque, respiratoire, diabète...
  • Syndrome de glissement : Détérioration rapide de l'état général avec désintérêt et apathie.

L'importance de la réadaptation précoce

La reprise rapide d'activité, même limitée, constitue un élément pronostique majeur :

  • Mobilisation dès que médicalement possible, même au lit
  • Verticalisation progressive pour limiter la déminéralisation osseuse
  • Réapprentissage des transferts et de la marche
  • Adaptation progressive de l'environnement pour faciliter le retour à domicile
  • Suivi médical prolongé pour ajuster la rééducation aux progrès réalisés

La douleur à la hanche après une chute ne signale pas systématiquement une fracture, même si cette complication reste fréquente et redoutée. Entre lésions musculaires, atteintes nerveuses et exacerbation d'arthrose[1], le diagnostic précis nécessite une évaluation médicale complète. La prise en charge, qu'elle soit chirurgicale ou conservatrice, doit être rapide pour limiter les complications et préserver l'autonomie. Au-delà du traitement, la prévention des chutes représente un enjeu majeur de santé publique, particulièrement pour nos aînés dont l'indépendance et la qualité de vie peuvent basculer en quelques secondes lors d'une chute apparemment anodine.

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