Quand la maladie d’Alzheimer évolue, le senior fait face à des crises d’agitation la nuit, de l’agressivité imprévisible ou encore des fugues répétées, et le quotidien devient souvent trop lourd et trop risqué. Les proches, quant à eux, ont peur de l’accident, culpabilisent de « ne pas y arriver » et font face à une fatigue constante. Alors, comment faire quand la situation dépasse les capacités d’une prise en charge classique ? C’est ici qu’intervient l’UHR en EHPAD[1], un dispositif spécialisé destiné aux personnes présentant des troubles du comportement sévères. Cet article vous explique quand l’envisager, comment se déroule l’accompagnement, et quelles solutions alternatives existent.
Quand la maladie d’Alzheimer s’aggrave : quels sont les signes qui doivent alerter ?
Avant d’envisager une UHR[1], il est important d’identifier les signes concrets d’aggravation.
Déambulation jour/nuit, agressivité, hallucinations, agitation continue
Ces comportements apparaissent souvent par vagues, puis deviennent quasi permanents. La personne marche sans arrêt, ouvre les portes, crie, frappe parfois « pour se défendre », ou dit voir des choses inexistantes.
Ce ne sont pas des caprices : son cerveau est débordé. Quand ces épisodes deviennent quotidiens, l’UHR[1] peut offrir un environnement apaisant et sécurisé.
Mise en danger de soi ou d’autrui
La personne peut sortir seule, allumer la gazinière, tirer violemment quelqu’un pour se protéger d’une hallucination, ou refuser tout soin. Quand le risque d’accident est important et répété, une prise en charge renforcée devient indispensable.
Troubles du sommeil majeurs
Le patient peut rester éveillé toute la nuit, se lever toutes les 15 minutes, crier, taper aux portes. Pour un entourage épuisé, l’UHR[1] peut être une solution permettant de retrouver un rythme de vie normal tout en garantissant la sécurité du proche.

Quels sont les critères d’admission en UHR[1] pour Alzheimer ?
L’admission se base sur des critères médicaux précis. Voici comment les équipes évaluent l’éligibilité.
Le diagnostic : Alzheimer ou maladies apparentées
L’UHR[1] accueille uniquement des personnes présentant Alzheimer ou une maladie apparentée (corps de Lewy, fronto-temporale…). Un diagnostic posé par un neurologue ou un gériatre est indispensable, car il sert de base pour comprendre les troubles et orienter les soins.
Troubles du comportement sévères et répétitifs
Il s’agit notamment d’agressivité persistante, de cris, d’agitation extrême, ou d’oppositions massives aux soins. Ces comportements doivent être intenses, fréquents et avoir un impact majeur sur la vie quotidienne ou sur la sécurité.
Dangerosité et impossibilité de maintien dans l’unité classique
Les critères incluent des fugues, des intrusions dans les chambres des autres, des gestes violents ou de destruction d’objets. L’EHPAD classique n’est alors plus adapté malgré les ajustements possibles. L’UHR[1] permet un encadrement plus serré avec des espaces sécurisés.
Mobilité suffisante (marche ou fauteuil)
Une personne totalement grabataire n’est généralement pas admissible. L’UHR[1] est prévue pour des résidents mobiles, car les troubles du comportement s’expriment surtout en phase de déambulation ou d’agitation.
Décision médicale : rôle du médecin coordonnateur[3]
Le médecin coordonnateur[3] réunit les observations de l’équipe, analyse les risques, et sollicite parfois l’avis d’un psychiatre.
Il peut demander un dossier détaillé : relevé des épisodes, traitements essayés, compte rendu du spécialiste. Une rencontre avec la famille est courante pour comprendre l’histoire du patient et ajuster la prise en charge.
Peut-on placer une personne âgée en UHR[1] sans son consentement ?
Dans certains cas, il est possible de placer une personne Alzheimer contre son gré. Lorsque la personne âgée n’a plus conscience de ses troubles, refuse toute aide et représente un danger pour elle-même ou pour autrui, l’entrée en UHR[1] peut être décidée sans son accord explicite.
Cette décision ne relève jamais de la famille seule. Elle repose sur une évaluation médicale collégiale, menée par le médecin coordonnateur[3], parfois en lien avec un psychiatre ou un gériatre.
Comment se déroule la prise en charge en UHR[1] Alzheimer ?
Une UHR[1] propose un cadre sécurisant et très structuré, pensé pour réduire les comportements perturbateurs.
Hébergement 24/7 : encadrement renforcé
Les résidents sont accueillis jour et nuit par une équipe nombreuse, capable d’intervenir rapidement en cas d’agitation. Le ratio professionnel/résident est plus élevé que dans une unité classique, ce qui garantit un suivi rapproché des comportements et des besoins.
Une équipe ultra-spécialisée Alzheimer
L’UHR[1] rassemble des aides-soignants formés aux troubles psycho-comportementaux, des infirmiers, un psychologue, un psychomotricien, parfois un psychiatre. Cette pluridisciplinarité permet de comprendre les comportements, d’anticiper les crises et d’adapter les soins en continu.
Interventions thérapeutiques
Stimulation sensorielle, musicothérapie, ateliers d’apaisement, balnéothérapie, techniques de redirection… Les interventions sont pensées pour calmer les tensions, réduire l’anxiété et restaurer des moments de bien-être dans la journée.
Environnement sécurisé et rythme adapté
Les espaces sont fermés mais chaleureux : circulation fluide, mobilier sécurisant, éclairages doux. Le rythme quotidien est modulé en fonction de chaque résident (lever tardif, pause prolongée, activité individualisée) pour éviter les situations de surcharge.
Durée du séjour et réévaluation
Une UHR[1] n’est pas conçue comme une unité de court séjour. Dans la réalité, les sorties sont rares et beaucoup de résidents y restent jusqu’à la fin de vie[4]. Néanmoins, l’équipe réévalue régulièrement l’état du patient pour déterminer s’il peut retourner en unité classique ou s’il nécessite une orientation vers une structure plus médicalisée.

Financement du séjour en UHR[1]
Le tarif en maison de retraite UHR[1] ne signifie pas automatiquement un coût plus élevé que celui d’un EHPAD classique. Selon la situation de la personne et de sa famille, plusieurs aides financières peuvent être mobilisées pour alléger la facture globale :
- l’APA participe au financement de la dépendance selon le niveau de perte d’autonomie (GIR[5]) ;
- l’ASH est accordée sous conditions de ressources lorsque la personne ne peut plus assumer le coût de la maison de retraite ;
- les aides au logement (APL ou ALS), versées selon l’établissement et la situation financière du résident ;
- les réductions, notamment pour les dépenses liées à l’hébergement, qui peuvent s’élever à 25 % du total payé, dans la limite de 2 500 €.
Quelles sont les alternatives quand l’UHR[1] n’est pas possible ou indisponible ?
Les places en UHR[1] sont limitées. Heureusement, d’autres solutions existent selon l’intensité des troubles neurodégénératifs.
UVP (Unité de vie[6] protégée) : quand les troubles sont modérés
L’UVP s’adresse aux personnes ayant des troubles du comportement modérés, comme la déambulation, la désorientation ou l’anxiété, mais sans dangerosité majeure. L’environnement est sécurisé et l’accompagnement est plus structuré qu’en EHPAD classique, sans être aussi intensif qu’en UHR[1].
C’est souvent une solution intermédiaire, lorsque la maladie progresse, mais reste encore partiellement stabilisable.
PASA : accueil de jour pour troubles légers
Le PASA concerne les personnes présentant des troubles légers à modérés, principalement de l’agitation, de l’apathie ou de l’anxiété. Il ne s’agit pas d’un hébergement, mais d’une prise en charge en journée, avec des activités thérapeutiques.
Le résident retourne dans son unité habituelle le soir. Le PASA vise surtout à prévenir l’aggravation et à maintenir les capacités restantes.
UCC / hospitalisation cognitive pour stabiliser une crise
Les Unités cognitivo-comportementales (UCC) en hôpital gériatrique accueillent temporairement les patients en situation de crise aiguë : agitation massive, hallucinations sévères, refus de soins extrêmes. L’objectif est de stabiliser la crise, d’ajuster les traitements, et de réorienter vers la structure adaptée.
USLD[7] pour Alzheimer très avancé
L’Unité de soins de longue durée s’adresse aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade très avancé, lorsque la dépendance physique devient majeure. Il ne s’agit plus seulement de troubles de la mémoire ou du comportement, mais d’une perte quasi-totale d’autonomie.
Dans ce type d’unité, la prise en charge est avant tout médicale. Le personnel soignant est présent en nombre important, avec une surveillance continue, des soins infirmiers lourds et un suivi médical étroit. Le ratio de soins y est plus élevé qu’en EHPAD ou en UHR[1], car les besoins sont constants.
Solutions à domicile (équipes spécialisées Alzheimer)
Les équipes spécialisées Alzheimer (ESA) interviennent directement au domicile de la personne malade, sur prescription médicale, pour une durée limitée, mais ciblée.
Composées de professionnels formés à Alzheimer, les ESA travaillent sur plusieurs axes : maintien de l’autonomie, adaptation de l’environnement, réduction de l’angoisse, et meilleure gestion des troubles du comportement. Elles accompagnent aussi les aidants, en leur donnant des repères concrets pour le quotidien.
Cette solution est particulièrement utile lorsque le maintien à domicile[8] est encore possible, mais fragilisé par l’aggravation des troubles.
Comment demander l’entrée en UHR[1] ? Démarches et conseils
Les familles ont un rôle essentiel dans la constitution du dossier. Voici comment mettre toutes les chances de votre côté.
Checklist de ce que la famille doit préparer avant de demander une entrée en UHR[1]
Pour que le dossier soit compris et évalué correctement par l’équipe médicale, il est essentiel de documenter concrètement les troubles du comportement. Une description vague (« il est agité », « elle devient agressive ») ne suffit pas toujours. Voici une checklist des questions à se poser concernant le malade :
- quels types de comportements : agitation, cris, agressivité, fugues, hallucinations, refus de soins ?
- à quels moments de la journée : nuit, fin de journée, en continu ?
- depuis quand ces troubles sont-ils apparus ou aggravés ?
- combien de temps dure chaque épisode ?
- y a-t-il eu des mises en danger : chutes, fugues, gestes violents, incendie évité, automutilation ?
- d’autres personnes ont-elles été menacées ou blessées ?
- les aidants sont-ils en situation d’épuisement : nuits blanches, stress permanent ?
- est-il encore possible d’assurer les soins : hygiène, repas, médicaments ?
- vidéos très courtes (quelques secondes) montrant un épisode réel, sans mise en scène ;
- témoignages écrits des aidants ou du personnel ;
- y a-t-il eu des adaptations de l’environnement : sécurisation, changement de chambre ?
- y a-t-il eu des interventions à domicile de l’ESA ou d’autres professionnels de santé ?
- ajustements médicamenteux et leurs effets ;
- séjours en UCC ou hospitalisations antérieures.
Comment présenter le dossier : éléments convaincants ?
Montrez que les troubles sont réguliers et dangereux, malgré les adaptations mises en place. Joignez les comptes rendus médicaux, les bilans comportementaux, et la liste des stratégies déjà testées (adaptation de l’environnement, traitements, accompagnement à domicile…).
Que faire en cas de refus ?
Si votre demande est refusée, demandez une explication précise :
- votre proche ne rentre pas dans les critères d’admission ;
- votre proche manque de mobilité ;
- il n’y a pas de place disponible.
Orientez-vous vers une UCC pour stabilisation ou vers une UVP en attendant. Il est possible de représenter un dossier quelques semaines plus tard si les troubles s’aggravent.
FAQ
L’UHR[1] est-elle obligatoire pour Alzheimer sévère ?
Non. L’UHR[1] n’est indiquée que lorsque les troubles du comportement sont sévères, répétés et dangereux.
Quelles différences entre UHR[1], UVP et PASA ?
Ces trois dispositifs sont souvent confondus, alors qu’ils répondent à des niveaux très différents d’aggravation de la maladie d’Alzheimer :
- UHR[1] : troubles sévères + danger ;
- UVP : troubles modérés nécessitant sécurité ;
- PASA : prise en charge en journée pour troubles légers/modérés.
Peut-on sortir d’une UHR[1] si l’état s’améliore ?
Oui. Le séjour est réévalué régulièrement et peut être temporaire.
Y a-t-il un coût supplémentaire en UHR[1] ?
Le tarif hébergement reste celui de l’EHPAD. Le tarif dépendance évolue selon le GIR[5] du résident, le plus souvent GIR[5] 1 ou GIR[5] 2 en UHR[1], ce qui correspond au tarif le plus élevé (environ 20 € par jour). Les soins sont pris en charge par l’Assurance maladie.
Combien de temps dure l’admission ?
La durée de présence en UHR[1] est variable : de quelques semaines à plusieurs mois selon l’évolution.
Pourquoi certains dossiers sont refusés ?
Les raisons principales : un manque de critères médicaux, une absence de danger, des troubles trop légers ou au contraire trop liés à un état médical aigu nécessitant une hospitalisation.






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