Troubles du comportement sévères : dans quels cas l’UHR est-elle obligatoire ? 

Troubles du comportement sévères dans quels cas l’UHR est-elle obligatoire
EHPAD Alzheimer

Quand un parent âgé développe des troubles du comportement sévères, les familles se retrouvent souvent face à une question déroutante : à quel moment la prise en charge classique ne suffit plus ? Entre l’inquiétude pour sa sécurité, le refus de prise en charge de l’EHPAD et les discours parfois contradictoires, il est difficile de faire la part entre ce qui est « obligatoire » et ce qui est médicalement nécessaire. Cet article vous aide à comprendre, simplement, quand l’admission en UHR[1] devient incontournable, quels sont vos droits, et comment les équipes évaluent réellement la situation.

UHR[1] obligatoire : que dit réellement la réglementation ?

L’admission en UHR[1] (Unité d’hébergement renforcée) n’est jamais obligatoire au sens juridique. Aucune loi n’impose aux familles ou aux EHPAD d’y transférer un résident. Pourtant, dans certaines situations, elle devient indispensable médicalement et sécuritairement, tant pour la personne malade que pour les autres résidents.

Les textes prévoient que l’ARS (Agence régionale de santé) veille à l’organisation territoriale des UHR[1]. Le médecin coordonnateur[3], quant à lui, évalue la situation clinique, les troubles psycho-comportementaux et la dangerosité potentielle. Ensemble, équipes soignantes et direction doivent juger si l’EHPAD classique peut absorber la charge de soins.

La notion de sécurité du résident et des personnes qui l’entourent est centrale : si les troubles dépassent la capacité de surveillance et d’encadrement d'une unité traditionnelle, la loi autorise explicitement un refus d’admission ou une orientation vers une UHR[1]. Ce n’est donc pas une obligation légale, mais parfois la seule option envisageable.

senior en EHPAD avec des troubles du comportement et prévoyant l'entrée en UHR

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Les troubles du comportement qui justifient presque toujours une admission en UHR[1] 

Les familles se demandent souvent quelles manifestations précises rendent l’UHR[1] « quasi obligatoire ». Quelques situations reviennent constamment dans les évaluations, car elles exposent à un risque immédiat ou à une impossibilité de maintien en unité classique.

Agitation extrême et agressivité physique non maîtrisable

Lorsque les gestes deviennent violents, les soignants ne peuvent plus garantir la sécurité. Cela inclut les coups sans raison, les jets d’objets, les pincements ou les comportements explosifs soudains. Cette agressivité n’est pas volontaire : elle peut venir d’un syndrome psycho-comportemental lié à Alzheimer ou d’un délire.

Pour l’EHPAD, c’est un risque majeur de blessures du personnel et de menace pour les autres résidents. En outre, cela empêche d’assurer les soins d’hygiène en sécurité. Dans ce cas, une UHR[1], conçue pour un encadrement renforcé, devient la réponse adaptée.

Déambulation incessante avec un risque de fugue élevé

Certains résidents passent la journée à se promener dans les couloirs, tentent d’ouvrir toutes les portes ou sortent de l’établissement. Les tentatives répétées de fuite représentent un risque juridique important pour l’EHPAD : chaque établissement a l’obligation de protéger les résidents vulnérables. Si la personne franchit la porte, se perd, ou se met en danger, la responsabilité de la structure est engagée.

Quand la déambulation devient incessante et ingérable, l’UHR[1], le plus souvent semi-fermée ou à contrôle renforcé, est quasiment indispensable.

Cris, hurlements et agitation nocturne sévère

Les nuits peuvent devenir extrêmement compliquées : hurlements, appels permanents, passages de chambre en chambre, réveils brutaux. En unité classique, cela perturbe tout l’étage, épuise le personnel et met la personne en danger, notamment de chutes.

Ces troubles relèvent souvent du syndrome d’agitation vespérale, fréquent dans Alzheimer avancé. L’UHR[1] offre un environnement et une équipe disponibles 24h/24 pour apaiser, accueillir et canaliser ces épisodes.

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Troubles psychiatriques associés : hallucinations, paranoïa agressive

Les hallucinations sévères, les délires de persécution (le résident pense que quelqu’un veut le voler ou le tuer) et les comportements paranoïdes peuvent entraîner des réactions dangereuses. La combinaison Alzheimer et troubles psychiatriques est particulièrement délicate : elle nécessite une surveillance rapprochée et une prise en charge spécifique.

Le personnel des UHR[1] est formé pour gérer ces situations sans escalade de violence ou de panique.

Comportements auto-agressifs ou très désorganisés

Certaines personnes se blessent elles-mêmes, tentent d’enlever leurs perfusions, refusent les soins de manière dangereuse ou encore démontent des objets. Ces comportements créent un risque de mise en danger immédiate.

Là encore, la présence renforcée d’une équipe pluridisciplinaire est indispensable pour éviter un accident grave.

Comment est-ce que les équipes évaluent le niveau de gravité ?

Avant de prononcer une orientation en UHR[1], les professionnels réunissent plusieurs sources d’information. Cette évaluation est toujours pluridisciplinaire, et ne repose jamais sur une seule observation.

Les outils d'évaluation utilisés

Les équipes se basent sur des outils reconnus, dont le NPI (Neuropsychiatric Inventory), qui mesure l’intensité et la fréquence des troubles psycho-comportementaux. Ce test permet de concrétiser la situation et de justifier la décision.

Il faut rappeler que la grille AGGIR[5], utilisée pour calculer le GIR, ne mesure pas les troubles du comportement. Une personne peut être GIR 4, mais présenter une agressivité sévère nécessitant une UHR[1][4].

Le médecin traitant, le gériatre ou l’équipe spécialisée Alzheimer (ESA) fournissent également des comptes-rendus détaillés, indispensables pour comprendre l’évolution des symptômes.

Ce que regarde vraiment la direction de l’EHPAD

Au-delà des tests, la direction évalue trois aspects qu’elle doit légalement maîtriser.

Elle examine d’abord la dangerosité : risque pour la personne, pour les autres résidents et pour les soignants. 

Certains troubles du comportement exigent une présence quasi constante, des interventions fréquentes ou des soins en binôme pour garantir la sécurité. Or, chaque EHPAD fonctionne avec un ratio soignants/résidents défini : si les besoins d’un résident dépassent ce que ce ratio permet raisonnablement d’assurer, l’unité classique ne peut plus répondre de manière sécurisée. 

Elle mesure également la compatibilité avec la vie de l’unité : est-ce que les troubles perturbent systématiquement les repas, la nuit, la toilette des autres résidents ?

Quand ces trois éléments dépassent les capacités de l’EHPAD, l’UHR[1] devient la solution la plus raisonnable.

Quand un EHPAD peut-il refuser un résident pour troubles sévères ?

Un EHPAD peut, et parfois doit, refuser un résident lorsque ses troubles dépassent les capacités de prise en charge de l’unité classique. Ce n’est pas de la discrimination : c’est une manière d’éviter toute forme de maltraitance involontaire, qu’elle soit active (blessures, contention inadaptée) ou passive (manque de surveillance, soins insuffisants).

Les refus concernent notamment : 

  • l’agressivité répétée
  • les fugues ;
  • l’agitation nocturne sévère
  • certains troubles psychiatriques
  • une charge de soins incompatible avec le ratio soignants/résidents

Exemple : un résident qui frappe chaque nuit, tente de sortir plusieurs fois par jour ou perturbe fortement la vie de l’unité.

Un EHPAD n’a l’obligation d’accueillir que dans la limite de ses moyens. Quand cette limite est dépassée, orienter vers une structure adaptée telle que l’UHR[1] est la solution la plus sécurisante.

senior avec des troubles du comportement en UHR après un refus par l'EHPAD

Quand l’UHR[1] n’est-elle pas adaptée et quelles sont les alternatives ?

Avant d’envisager une admission en UHR[1], il est essentiel de vérifier si les troubles du comportement nécessitent réellement un encadrement renforcé. De nombreuses situations, même en présence d’Alzheimer, peuvent être mieux prises en charge dans d’autres unités spécialisées, moins lourdes mais plus adaptées, telles que l’UVP ou le PASA.

UVP : pour les personnes désorientées mais calmes

L’Unité de vie protégée (UVP)[6] est pensée pour les personnes qui présentent une désorientation importante, mais sans agressivité ni dangerosité. L’environnement est sécurisé, les portes contrôlées, et le rythme de vie plus structuré, mais sans la surveillance renforcée de l’UHR[1]

C’est souvent la meilleure option pour un résident calme, qui déambule modérément, qui cherche un cadre rassurant et qui souhaite bénéficier d’interactions sociales régulières.

PASA : pour une agitation légère à modérée

Le PASA (Pôle d’activités et de soins adaptés) accueille en journée des résidents présentant une agitation modérée, de l’anxiété, des difficultés d’initiative ou une perte d’autonomie, mais sans comportements dangereux

L’objectif est de proposer des activités apaisantes, de restaurer un sentiment de sécurité et de réduire les micro-tensions qui aggravent les troubles. Pour beaucoup de familles, le PASA suffit à stabiliser les symptômes sans nécessiter un transfert en UHR[1].

Psychiatrie ou hospitalisation : pour les troubles qui ne relèvent pas d’Alzheimer

Lorsque les troubles du comportement sont liés à une pathologie psychiatrique non Alzheimer telle qu’une dépression[7] sévère, des troubles bipolaires ou encore une schizophrénie, l’UHR[1] n’est souvent pas la bonne réponse. 

Ces situations exigent d’abord une évaluation en psychiatrie ou un séjour à l’hôpital, afin d’ajuster les traitements et stabiliser les symptômes avant d’envisager une orientation en EHPAD. L’UHR[1] n’est pas conçue pour gérer les décompensations psychiatriques sévères, y placer la personne serait inadapté autant pour elle que pour l’équipe.

Familles : que faire si l’on vous dit que l’UHR[1] est nécessaire ?

Recevoir cette recommandation peut être déstabilisant. Pour avancer sereinement, il est important de vérifier, de comprendre et de bien préparer la transition.

Comment vérifier si l’entrée en UHR[1] est vraiment indispensable ?

Commencez par demander les critères pris en compte dans la prise de décision : 

  • quels comportements précis ? 
  • à quelle fréquence ? 
  • avec quelles conséquences ? 

Demandez une évaluation écrite (NPI, comptes-rendus médicaux) et n’hésitez pas à solliciter un 2ᵉ avis, notamment d’un gériatre extérieur ou d’une ESA.

Comment préparer la transition de l’EHPAD classique à l’UHR[1] ?

Une admission en UHR[1] demande souvent quelques démarches administratives : 

  • un dossier médical complet ; 
  • les ordonnances du patient ; 
  • les comptes-rendus du médecin traitant, du médecin coordonnateur[3] ou de l’hôpital ; 
  • une copie de la tutelle[8]/curatelle[9] si applicable. 

Les délais peuvent être courts ou longs selon les régions, donc mieux vaut anticiper.

Parlez aussi à l’équipe des habitudes du résident en ce qui concerne ses horaires de lever et de coucher, ses peurs, ses musiques préférées, les éléments déclencheurs des crises. Ces détails facilitent énormément la prise en charge.

Peut-on refuser l’UHR[1] ? Quels sont les risques ?

Les familles peuvent légalement refuser. Mais ce refus peut entraîner des risques sérieux tels que le maintien dans une unité inadaptée, un refus de garder le résident au sein de l’EHPAD, des hospitalisations d’urgence répétées, voire un accident.

Refuser n’est pas interdit, mais ne doit pas se faire sans mesurer toutes les conséquences.

Quelles sont les situations concrètes qui conduisent réellement à une admission en UHR[1]

Rien ne vaut des exemples concrets pour comprendre la ligne logique des équipes.

Cas n°1 : le résident est violent

Monsieur B. frappe les soignants lors de la toilette, jette les assiettes et pousse les autres résidents. L’unité classique n’arrive plus à assurer la sécurité. L’UHR[1] permet une surveillance continue et des soins dédiés.

Cas n°2 : le résident fait des fugues à répétition

Madame L. ouvre toutes les portes, déambule dehors dès qu’une issue n’est pas verrouillée. Une nuit, elle est retrouvée à 2 km de l’EHPAD. L’établissement, juridiquement responsable, demande une admission en UHR[1].

Cas n°3 : le résident fait des crises nocturnes quotidiennes

Monsieur P. crie chaque nuit, réveille tout l’étage, entre dans les chambres voisines. Les chutes se multiplient. L’unité classique ne peut plus suivre : la bascule vers une UHR[1] s’impose.

Cas n°4 : l’UVP n’est plus adaptée

Madame R., en UVP, devient progressivement agitée, soupçonne tout le monde, refuse les soins, se montre agressive. L’UVP, moins médicalisée, atteint ses limites : l’UHR[1] devient la continuité logique.

FAQ 

L’UHR[1] peut-elle être imposée ?

Non, jamais légalement, mais elle peut être médicalement indispensable et recommandée par l’équipe.

Un EHPAD peut-il expulser un résident violent ?

Oui, en cas de danger grave pour les autres ou d'impossibilité d’assurer la sécurité.

Les familles sont-elles obligées d’accepter ?

Non, mais un refus peut conduire à un refus d’admission en EHPAD classique ou des hospitalisations répétées.

Combien de temps dure un séjour en UHR[1] ?

Un séjour en UHR[1] peut durer de quelques semaines à plusieurs mois, selon l’évolution des troubles.

L’UHR[1] est-elle une unité fermée ?

Pas automatiquement, mais l’accès est contrôlé pour éviter les fugues.

Une personne avec un Alzheimer avancé doit-elle être placée automatiquement en UHR[1] ?

Non, seuls les troubles sévères ou dangereux justifient l'entrée en UHR[1].

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